Johann Zarco, figure française marquante en MotoGP, s’habitue progressivement à sa nouvelle monture. Depuis le début de saison, il évolue avec la Honda RC213V LCR, mais bénéficie aussi des dernières améliorations apportées par la marque ailée. Il faut reconnaître que son transfert l’a rendu assez discret, alors, que penser de son début d’exercice ? Est-il à la hauteur des attentes ? Une analyse s’impose.
Discret
Zarco est un homme occupé. Entre les 8 Heures de Suzuka qu’il va disputer ce week-end et le développement de la pire machine du plateau, il ne chôme pas. Pourtant, c’est l’un des plus discrets depuis le Grand Prix du Qatar. D’ailleurs, personnellement, c’est sans doute le pilote sur lequel j’ai le moins écrit sur la période. Dans les médias, on l’entend beaucoup moins qu’avant, ce qui tranche avec ses prises de position fièrement assumées lorsqu’il officiait chez Pramac Ducati. Mais au fait, que dit-il ? Pour ce faire, j’ai étudié ses dires sur les derniers mois, et voici ce qu’il en ressort.
Globalement, il tient un discours assez linéaire. La moto n’est pas au niveau et doit être améliorée sérieusement pour espérer revenir dans le match. On comprend, à la lecture de ses interviews, qu’il désire des changements profonds. Cependant, il se dit impressionné par le travail réalisé, et plus globalement, du rythme infernal que s’impose le personnel Honda. Tout ceci est sans doute vrai ; la franchise est une qualité qu’on ne peut lui retirer.
Cette froide analyse couplée à des résultats moyens – au premier sens du terme, mais nous en reparlerons – font de lui un pilote très discret, qui n’apparaît quasiment jamais à l’écran.
Des débuts difficiles
L’année dernière, je n’avais pas compris cette signature, car je pensais qu’il en avait encore assez dans le poignet droit pour assumer une saison – au moins – sur une Ducati très performante. Je m’étais d’ailleurs attiré la haine de ses fans en commentaires, mais pour autant, je persiste et signe. Intrinsèquement, et même à 34 ans, il reste un excellent pilote, capable d’aller chercher des podiums. C’est pour cette raison que je m’attendais à de meilleurs débuts. Analysons maintenant ses résultats.
Johann Zarco découvrait la moto, c’est un fait, en ignorant ses quelques piges chez Honda en 2019. Pourtant, son expérience victorieuse chez Ducati, son grand talent de metteur au point ainsi que son appétence pour ce challenge me faisaient dire qu’il allait assez confortablement se hisser au rang de premier pilote Honda. En réalité, il n’en est rien.
Si l’on exclut un Luca Marini en perdition, les deux autres employés de la firme ailée tiennent largement la route face à Zarco, qui, en plus, ne progresse pas réellement au classement général. Il est parfois le meilleur sur Honda, c’est un fait, mais c’est globalement assez serré. Pour information, il a été quatre fois le mieux placé le dimanche, contre deux pour Mir et deux pour Nakagami.
Avec deux abandons, il est actuellement en 19e position pour 12 points. Il a gardé sa régularité dans la performance exemplaire, qu’il mettait déjà à bon escient sur Ducati. D’un autre coté, il n’a jamais eu une seule occasion de briller. De toute évidence, et même s’il envoie du bois, il ne se sacrifie pas comme Mir pour glaner quelques points supplémentaires, et il a sans doute raison. Il n’a jamais fait mieux que 12e – lors du premier GP au Qatar, ainsi qu’en France, et n’est pas sur une bonne dynamique. Ainsi, la question de la progression se pose mais elle touche tous les autres pilotes de la firme ailée. J’ai tout de même l’impression que cette compétition est largement à sa portée.
Joan Mir est devant lui au scratch, et même s’il a un an de plus dans les jambes, rappelons qu’il a manqué une bonne partie de la saison 2023 en raison de ses blessures et qu’il n’accumule que peu d’informations à cause de ses trop nombreuses chutes – déjà quatre en 2024. Il pointe à une unité de Zarco, en 18e place, mais se donne un mal de chien pour y arriver. Il pousse plus, tombe plus, mais il parvient à rester devant le Français en ayant terminé deux courses de moins. C’est assez significatif.
En revanche, Takaaki Nakagami est une « surprise ». Le Japonais, qui traverse les années au plus haut niveau, n’est lui même qu’à un point derrière Zarco. D’accord, il roule la Honda depuis 2018, mais cet argument ne tient pas vraiment : de fait, il a été acteur de la descente aux enfers de son équipe, ou plutôt, il n’a rien pu faire pour l’empêcher, donc il n’est sans doute pas en grande harmonie avec sa machine. C’est lui qui compte le plus d’apparitions dans les points, et ce n’est que la confirmation de sa régularité éprouvée en 2023. Je l’avais dit l’an dernier et je réitère ; Nakagami n’est en rien exceptionnel, d’accord, mais fait son job honorablement.
Conclusion
Je pense que Johann Zarco fait un début de saison honnête, mais pas transcendant non plus. Personnellement, je l’attendais peut-être un peu au-dessus d’une opposition qui semble moins bonne que lui, et il faut surveiller cette dynamique inquiétante qui s’est installée il y a peu, soit ces trois courses terminées hors des points lors des quatre dernières manches, et un meilleur résultat qui date de sa première sortie avec la Honda en 2024.
Forcément, il y a de quoi se gratter le sommet du crâne. Fin juin, dans une interview, il se livrait sur sa longévité, et n’excluait pas de rester avec Honda jusqu’en 2027. N’aurait-il pas pu se battre sur une très performante Ducati GP24, plus véloce encore que son aînée ? N’aurait-il pas eu sa place avec les meilleurs, n’aurait-il pas fait mieux que Franco Morbidelli ou Alex Marquez ? Ces vaines interrogations reflètent ma pensée, mais personne ne peut juger de l’ambition et du regard que les pilotes portent sur eux-mêmes.
Qu’avez-vous pensé de Johann Zarco sur le début d’année ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.