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Martin casse-tête

Depuis quelque temps, le paddock n’arrive pas à se concerter sur le cas de Jorge Martin, un véritable casse-tête qui demande beaucoup de réflexion pour être résolu. Voici le résumé de la situation : Massimo Riviola, directeur du service course Aprilia, milite pour que son pilote bénéficie d’un test privé avant son retour, afin d’être sûr que les blessures de cet hiver ne le gênent en rien. Seul problème, ce n’est pas prévu par le règlement, et un tel changement ne peut s’opérer que si tous les autres constructeurs sont d’accord… sauf que Ducati refuse ! Alors, que faut-il faire ?

 

Des arguments qui font sens

 

Vous me connaissez, j’aime les avis tranchés. Je n’ai rien contre la Normandie, mais la nuance, bien qu’essentielle et applicable à toutes les circonstances de la vie, m’ennuie. Les « oui » et les « non » font l’histoire, les « peut-être » tombent aux oubliettes. Sur la question de Jorge Martin, je suis tout aussi catégorique que sur le reste : oui, il devrait bénéficier d’un test privé au préalable si Aprilia le demande. Je vais tenter de vous convaincre si ce n’est pas déjà fait, mais toujours en argumentant.

 

Martin casse-tête

À force, nous n’aurons plus de photos fraîches de Jorge Martin sur Aprilia ! Photo : Michelin Motorsport

 

Premier point : les arguments avancés par Massimo Rivola sont tout à fait recevables. Pour faire court, son argumentaire s’axe autour de trois points majeurs. Premièrement, que ce n’est pas de sa faute si d’autres pilotes n’ont pas bénéficié d’un tel traitement de faveur par le passé : leurs directeurs d’équipe respectifs n’avaient qu’à avoir la bonne idée eux aussi. Deuxièmement, que cela profiterait à la santé de Jorge Martin, qui pourrait découvrir une moto qu’il connaît à peine à son rythme, sans devoir se frotter aux autres affamés du plateau. Troisièmement, qu’Aprilia serait quitte d’apprêter une RS-GP pour tout un week-end avec Jorge Martin en tant que titulaire, avec le risque qu’il ne puisse pas courir – laissant ainsi une seule Aprilia d’usine en piste.

Ces trois arguments sont tout à fait valides et, je trouve, ne font pas offense à l’histoire MotoGP comme certains pilotes ont pu l’avancer. D’autres n’ont pas eu cette chance (comme Rossi en 2010 ou Marc Marquez en 2020), mais, si l’on applique cette logique à tout le reste, le progrès ne peut pas se faire. La souffrance d’une génération ne légitime pas la souffrance de la suivante.

 

Ducati est dans son droit, mais c’est dommage

 

La majorité des interrogés regrettent que Rivola invoque cette règle au moment où il en a besoin. D’ailleurs, si elle n’est pas mise en place cette année avec Martin, elle le sera sûrement l’an prochain. C’est vrai et c’est un beau contre-argument. J’entends tout à fait que Ducati refuse, car, après tout, Aprilia bénéficierait d’un avantage non négligeable ; le timing est des plus opportuns.

Ducati est dans son droit, mais je trouve cette décision regrettable. Certes, le MotoGP comme la Formule 1 sont infestés de requins, prêts à tout pour grappiller le moindre avantage. Mais Ducati, de tous les constructeurs, est celui qui est le plus en avance sur le reste. La firme italienne n’a pas encore quitté le podium en 2025, et en est à son cinquième titre constructeur consécutif. L’argument invoqué par Davide Tardozzi concerne Enea Bastianini et rejoint l’un des points précédemment détaillés. Parce que Bastianini a souffert en 2023, alors Martin doit souffrir également ?

 

Martin casse-tête

Avec Martin, Aprilia serait sans doute devant Honda au classement constructeur. Photo : Michelin Motorsport

 

Nous connaissons tous la relation entre Ducati et Jorge Martin, au moins sur le plan sportif. D’accord, une fois rétabli, le « Martinator » pourrait peut-être briser l’hégémonie de la firme de Borgo Panigale. Mais je suis étonné qu’un homme aussi passionné que Tardozzi ne valorise pas le combat le plus fair possible. N’a-t-on jamais vu des gestes amicaux symboliques dans l’histoire du sport, même entre deux entités rivales ? Le Bayern de Munich n’a-t-il pas aidé financièrement le Borussia Dortmund afin que ce dernier évite la faillite en 2003 ? L’histoire du sport n’est-elle pas faite de décisions profondément humaines, parfois spontanées ?

Et puis, dernier argument en ce sens : actuellement, KTM et Honda souffriraient beaucoup plus d’un bon retour de Martin que Ducati, car son absence est l’unique raison pour laquelle Aprilia n’est pas deuxième au classement constructeur. Et pourtant, ils sont favorables à ces essais.

 

Conclusion

 

Le spectacle est un peu étrange sans le Champion du monde en titre pour défendre sa couronne. Je pense sincèrement qu’il serait dans l’intérêt de tous, même de Ducati (qui a pourtant fait sacrer le « Martinator ») que de faciliter son retour aux affaires. On peut aussi se poser des questions quant au besoin d’unanimité, là où la majorité a fait ses preuves depuis le Ve siècle av. J.-C. Certains pourraient le regretter s’il vient à se blesser plus gravement encore lors de la première FP1 effectuée à son retour.

Je suis curieux d’avoir votre avis sur la question et sur mon argumentaire, alors, dites-le-moi en commentaires !

 

Et en plus, Martin n’a pas encore pris la mesure de la RS-GP25, vu qu’il s’est blessé au tout début des essais en Malaisie ! Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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