Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour d’Enea Bastianini, qui pouvait être à l’origine d’une grande bataille, qui, finalement, n’eut jamais lieu. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Miguel Oliveira, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Un constat limpide
Inutile de passer par quatre chemins ; pour lui comme pour Miguel Oliveira ou Pol Espargaro, sa saison n’est pas représentative de son talent. Lors du tout premier Sprint de l’année au Portugal, Enea Bastianini fut fauché par la moto de Luca Marini. Il n’y a rien de pire que de commencer dans une nouvelle équipe par une absence, qu’on se le dise. Blessé à l’omoplate droite, il manqua cinq manches consécutives, avec une première tentative de réapparition infructueuse à Jerez. Puis il fit son grand retour en Italie, dans les points dès le Sprint. Ce n’était pas terrible, voire, difficile à certains moments (notamment à Silverstone), mais il avait déjà manqué trop de temps face aux deux fusées Ducati frappées des n°1 et n°89.
Puis, en Catalogne, il commit une nouvelle erreur au départ de la course dominicale ; un vrai strike à la Takaaki Nakagami, mettant hors course nombreux de ses coéquipiers. Quatre nouveaux Grands Prix manqués pour blessure. Bon, il est clair responsable de l’incident, mais contrairement au Japonais, il n’a pas l’habitude de ces méfaits. Une erreur de jugement ponctuelle peut arriver à tout le monde. Puis, ce deuxième comeback toujours en demi-teinte, seulement marqué par une victoire sensationnelle à Sepang, l’un de ses circuits préférés. Ce succès vient de nulle part, mais qu’il fait du bien. Pour le moral, comme on en reparlera dans quelques instants, mais aussi pour la carrière ; les discussions concernant l’embauche de Jorge Martin à sa place allaient bon train.
Effectivement, il a connu de véritables contre-performances indignes de son rang de pilote officiel Ducati, comme en Thaïlande, qualifié dernier (!). Bien qu’il ait confié que son état de santé n’avait rien à voir avec sa méforme, on ne peut pas pousser ses deux longues absences sous le tapis. Ducati, pendant ce temps, a logiquement écouté les retours de Pecco Bagnaia et Jorge Martin, c’est tout à fait logique. Avec une victoire lors d’un Grand Prix, impossible de dire qu’il a fait une mauvaise campagne, surtout compte tenu du contexte.
Quelques points supplémentaires
Je voudrais revenir, rapidement, sur deux points d’analyse.
Premièrement, nous, en tant que spectateurs, avons été volés, et beaucoup semblent l’oublier. Pendant la saison, j’ai vu bien trop de commentaires remettant en question sa place chez Ducati, notamment en comparaison des performances du « Martinator » sur la moto satellite. Mais ces gens ont-ils oublié l’année 2022, où il rayonna – presque – autant que Jorge Martin cette saison ? N’oublions pas qu’il a croisé le fer avec Pecco Bagnaia à de nombreuses reprises, et en est parfois sorti vainqueur comme à Aragon il y a deux ans. Sans parler de ses autres victoires chez Gresini Racing, au Qatar, au Mans, ainsi qu’à Austin. Oui, Enea Bastianini est un pilote calibre « champion du monde », tout autant que Martin, si ce n’est plus – j’ose le dire. Il ne faut pas qu’une saison altérée par les blessures ne laisse croire le contraire. Dommage que l’on ait pas pu assister à un véritable duel Bagnaia/Bastianini, mais 2024 n’est pas si loin.
Deuxièmement, je voudrais féliciter la force mentale du bonhomme. Suite au Grand Prix d’Australie, il affirmait être en capacité de gagner une course avant la fin de saison. Ambitieux, au vu de ses classements jusqu’alors. Et pourtant, il réalisa son objectif en Malaisie, deux manches plus tard. Il faut se rendre compte de la résilience nécessaire pour encaisser les comparaisons avec Martin sans pouvoir répondre sur la piste. Il n’a jamais baissé les bras, et c’est aussi grâce à son attitude que je qualifie sa saison de réussie.
Qu’avez-vous pensé de l’année de « Bestia » ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport