Parlons MotoGP : Voici pourquoi il ne faut pas s’emballer sur le dossier Raul Fernandez

Est-il temps de (ré)ouvrir le dossier Raul Fernandez ? Après le Grand Prix de Catalogne, j’ai vu de nombreux fans parler d’une « révélation », que l’Espagnol devenait ainsi un « pilote à surveiller ». Pourtant, je ne suis pas de cet avis. Alors c’est parti pour un nouvel épisode de Parlons MotoGP où je vais essayer de vous convaincre.

 

Une explosion tardive

 

Déjà, commençons par appréhender les résultats de Fernandez à Montmelo. Parti troisième sur la grille – au terme d’une très belle séance, Raul a été assez brillant lors du Sprint, qu’il mena un temps avant de chuter. Puis, lors du Grand Prix, une course plus difficile l’attendit, qui le vit rétrograder en sixième place, soit son deuxième meilleur résultat en MotoGP. Il repart de Barcelone avec 10 points, donc. Est-ce si impressionnant que cela ? Selon moi, pas tout à fait.

 

Une vitesse inédite ?

 

Il y a quelque chose que beaucoup semblent oublier. Raul Fernandez était le seul à disposer d’une Aprilia RS-GP23, soit le millésime de l’an passé. En 2023, ce modèle avait largement écrasé la manche catalane, avec un doublé lors de la Practice, une deuxième, troisième et quatrième place en qualifications, un 1-3 lors du Sprint, un meilleur temps lors du warm-up, et finalement, un doublé lors du Grand Prix mené par Aleix Espargaro devant Maverick Vinales.

 

 

Étonnamment, l’Aprilia de la saison passée semblait dessinée pour ce circuit. D’ailleurs, jamais elle n’atteignit de nouveau ce niveau de performance par la suite. Cela était sans doute lié au peu de grip qu’avait le tracé, ce qui était encore un sujet brûlant cette année. Ainsi, il ne me paraît pas si choquant qu’avec une version améliorée du package RS-GP23 (car même si la base reste la même, certaines pièces changent), Raul Fernandez fasse une belle séance de qualification. Hormis Aleix Espargaro, toujours très fort sur ce tracé et d’autant plus motivé par son annonce de retraite, les deux autres pilotes Aprilia ont connu un week-end difficile sur les RS-GP24.

Autre élément : la vitesse sur un tour a toujours été le point fort de Raul Fernandez. En 2020, il a scoré six pole positions lors de sa meilleure saison en Moto3, tout en ne terminant « qu’à » la quatrième place du général. C’était plus que le premier, le deuxième, le troisième, le cinquième… jusqu’au huitième… réunis ! En Moto2, même tarif lors de son unique exercice en catégorie intermédiaire. Quand le champion du monde Remy Gardner s’est élancé de la meilleure position trois fois, Raul, lui, avait fait de même à sept reprises.

Si l’on met tout bout à bout, sur un circuit qu’il apprécie plutôt – c’est ici qu’il avait marqué son premier point en MotoGP, alors ça ne rend pas le cocktail si stupéfiant que ça, en tout cas rien qui puisse nous permettre de crier au génie.

 

 

Un bilan assez mitigé

 

Ensuite, passons à ce qu’il a réellement fait durant cette manche. Encore une fois, rien de transcendant. Son Sprint était réussi, d’accord, mais il a quand même chuté en étant en tête, ce qui n’est jamais un accomplissement des plus glorieux – même s’il vaut mieux tomber depuis la première place que de la 12e, nous sommes d’accord. Cela a largement été retenu contre Brad Binder et Pecco Bagnaia qui ont fait de même, alors je ne vois pas pourquoi on traiterait différemment Raul Fernandez.

Sa course dominicale, elle fut plutôt anecdotique. Il a perdu des places, n’a jamais pu les rattraper et finit sixième, d’ailleurs battu par Fabio Di Giannantonio. Attention, c’est un beau résultat, mais encore une fois, rien d’exceptionnel au niveau MotoGP. Depuis l’introduction de l’ECU unique en 2016, le nombre de pilotes qui peuvent, une fois ou deux dans la saison, jouer les avant-postes (ce que n’a pas fait Raul Fernandez d’ailleurs), a explosé. En 2023, 15 pilotes différents sont montés sur le podium d’un Grand Prix. Nous sommes déjà à huit pour l’exercice 2024, après seulement six épreuves. Partant de ce principe, je ne peux pas être choqué quand un pilote termine sixième, ce qui a déjà été fait par 13 pilotes sur 22 en ce début de saison !

 

Qu’est ce que ça change ?

 

Je voudrais aussi rappeler que l’année passée, il avait pris la cinquième place à Valence, et à ce moment-là, encore une fois, beaucoup pensaient que sa carrière en MotoGP était enfin lancée. Mais qu’a-t-il fait depuis ? Penchons nous quelques instants sur cette nouvelle année. D’accord, sa moyenne de points a augmenté (de 2,55 points par course à 4,66 ppc), mais en l’état, c’est difficile de se convaincre de réels progrès fulgurants.

Il a déjà abandonné à deux reprises, compte deux top 10, deux entrées dans les points lors des Sprints, figure 14e du classement général, un point devant un Jack Miller en déroute. Il est toujours derrière son coéquipier Miguel Oliveira, qui, malgré un matériel peut-être un peu meilleur je le reconnais, réalise, à mon sens, un début de saison décevant au possible. Et personne ne parle d’Oliveira. Effectivement, il a un peu progressé mais rien qui justifie un engouement énorme.

 

 

Qu’en attendre ?

 

Voici maintenant ma petite section pronostics. Bien sûr, cet article, comme les autres, est totalement subjectif. De ce fait, mon avis s’avérera peut-être faux, mais c’est aussi le jeu et je serai le premier à le reconnaître. Même, j’espère me tromper, car je ne vois pas Raul Fernandez faire beaucoup mieux que ça. Il en est déjà à sa troisième saison en MotoGP, et n’a encore rien prouvé. Ce top 6 réalisé dans des conditions spéciales, couplé avec cette bonne vitesse en qualifications ne me feront pas changer d’avis. Je pense que la suite de sa saison s’annonce difficile, et que le passage promis à la RS-GP24 sera à double tranchant. Soit il s’adaptera tout de suite à sa nouvelle monture et espérera un nouveau guidon en 2025, ou alors, il devra reprendre du temps pour la comprendre et terminera dans les tréfonds du classement.

Au vu de ce qu’il a montré en MotoGP jusqu’à maintenant, je pencherais plus sur la deuxième option, malheureusement. On a vu, à de multiples reprises, que la moto d’une année n est parfois plus difficile à appréhender au début qu’une n-1. Le cas était assez criant avec Ducati sur le début 2023 par exemple. Et quand je compare les prouesses des pilotes Aprilia en Catalogne par rapport à celles de l’an dernier, je pense qu’il ne souffrait pas d’une si grande différence sur ce tracé en particulier.

Que pensez-vous de la question ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport