En début de saison, Maverick Vinales semblait enfin à son plein potentiel au guidon de l’Aprilia RS-GP24, mais de toute évidence, la marque peine en MotoGP et n’a pas fini de souffrir. La firme de Noale n’y est plus depuis quelques temps. Les résultats inquiétants s’accumulent depuis deux Grands Prix, et personne ne semble rien pouvoir y faire. Pire, un problème singulier refait son apparition et pourrait bien gâcher la fin de cet exercice 2024. Une analyse s’impose.
La descente aux enfers
Aprilia a connu deux Grands Prix très difficiles, coup sur coup. Récemment, rarement avait-on vu un constructeur perdre autant de vitesse en si peu de temps. Après sa faste période en début d’année, Vinales n’était déjà plus aussi performant. Aleix Espargaro, à quelques mois de la retraite, ne peut plus rivaliser avec les meilleurs. Mais là, les deux courses les plus récentes ne rentrent même pas dans cette dynamique de stagnation.
Alors que les deux parvenaient à se maintenir dans le top 10 fréquemment, les hommes en noir ont enregistré un week-end cataclysmique à Aragon. Vinales, dernier à 37 secondes lors du Sprint, luttait simplement pour ne pas tomber. À Misano, c’était guère mieux, avec un zéro pointé des deux espagnols.
Certains pilotes se plaignent de leurs pneus. Peut-être du travail à faire sur ce point ? Aragon était tout de même très étrange. Photo : Michelin Motorsport
Les résultats, c’est une chose. Après tout, il ne s’est passé qu’une semaine entre les deux Grands Prix. Pourtant, sur cette très courte période, Aprilia semble avoir complètement perdu sa direction. Les pilotes n’ont pas la réponse. Le très expérimenté Aleix Espargaro, qui sera pourtant aux manettes du développement de la Honda RC213V l’année prochaine, ne comprend pas plus que ses ingénieurs. Le constat n’est pas beaucoup plus joyeux chez Trackhouse Racing, l’écurie satellite. Si Miguel Oliveira est le seul à performer un tant soit peu – assez loin de ses standards, Raul Fernandez connaît une passe très délicate, avec deux résultats blancs en deux courses dominicales sans chuter.
La chaleur, l’ennemi d’Aprilia
Une piste a été évoquée ; le pire, c’est qu’elle est connue depuis longtemps. Il s’agit de la chaleur, car la RS-GP évacue mal l’air chaud, qui stagne ainsi dans tous les organes de la moto… y compris au niveau du pilote. Rappelez-vous : l’année dernière, en Thaïlande, Maverick Vinales avait été contraint à l’abandon car il pensait qu’il allait tomber dans les pommes tant il manquait d’air frais ! Cette thèse, qui rend encore plus difficile la mission des pilotes sur une machine qui a du mal à générer de l’adhérence, a été soutenue par Vinales et Oliveira après le Grand Prix de Saint-Marin.
Le problème, c’est qu’il ne faisait pas si chaud que ça à Misano ! Nous allons bientôt nous envoler pour une tournée asiatique de cinq courses, avec trois manches qui peuvent vraiment faire mal aux Italiens si le carénage n’est pas adapté pour atténuer ce problème.
Misano n’avait déjà pas réussi à Aprilia l’année dernière, en raison du grip énorme. Ça pourrait bien ne pas s’améliorer le week-end prochain. Photo : Michelin Motorsport
Aprilia est un grand constructeur, c’est une certitude, mais il faut reconnaître qu’il semble plus lent à réaliser des améliorations que la concurrence. Chaque année, la dynamique s’essouffle et des ennuis connus persistent. Je pense à cet embrayage, qui rend les départs poussifs depuis le début 2023. Et maintenant, ce problème lié à la chaleur au guidon. Comme les autres, Aprilia a testé à Misano, mais ces améliorations seront-elles suffisamment impactantes pour rendre cette fin d’exercice heureuse ?
KTM est repassé devant
Le problème, c’est qu’Aprilia est dans un espèce d’entre-deux. Ils ne peuvent pas aller chercher Ducati, c’est évident. Leur véritable rival est KTM. Le gel des moteurs qui s’annonce impose un calendrier strict à tous les constructeurs sauf Honda et Yamaha. Sans pouvoir se battre pour la victoire immédiatement, Aprilia doit impérativement se maintenir devant la firme autrichienne afin d’éviter une longue période de stagnation. Je vous renvoie à cet article qui vous explique les enjeux de cette mesure prise récemment.
En l’état, KTM a repris l’avantage. Et de quelle manière. Je pensais qu’Aprilia était tranquille après ce début de saison, mais les résultats plutôt moyens des deux pilotes Trackhouse couplés au retour aux affaires de Brad Binder ont totalement changé la dynamique.
Rien de plus parlant que des chiffres. KTM est deuxième du classement constructeurs, et devance Aprilia de dix points. Sur les cinq derniers Grands Prix, Beirer et ses troupes ont marqué 80 points, contre 68 pour Aprilia. Ces chiffres sont plutôt significatifs, vu que les deux constructeurs ont quatre motos dont une qui performe très peu (les deux Fernandez, en gros).
Top Gun n’y est plus du tout. Il n’a même plus de coup d’éclat récemment. Photo : Michelin Motorsport
L’équipe d’usine italienne est toujours devant au classement équipes, mais d’un rien : seulement 39 points. Si Vinales et Espargaro continuent à ce rythme, KTM passera devant très prochainement. En effet, l’écurie officielle a marqué six points en deux épreuves, ce qui n’est jamais arrivé depuis cette terrible fin de saison 2022. Red Bull KTM, en revanche, en a scoré 41.
Si la situation n’est pas très rapidement appréhendée par Aprilia, cette dynamique pourrait se poursuivre sur la fin de saison. Que pensez-vous de la question ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport
