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Aprilia erreur

C’est officiel depuis un peu plus d’une semaine. Marco Bezzecchi sera pilote Aprilia MotoGP en 2025, mais cela signifie aussi que la firme italienne n’aura plus le droit à l’erreur. Ensemble, revenons sur cette signature qui a bouleversé le mercato.

 

Un pilote comblé

 

Inutile de faire durer le suspense : je pense que c’est un bon coup de Marco Bezzecchi. Au moment de son choix, un imbroglio géant régnait chez Ducati. La promotion surprise de Marc Marquez au sein de l’écurie officielle a rebattu les cartes, ce qui laissait entrevoir de nouvelles possibilités.

Bezzecchi était toujours en odeur de sainteté chez Ducati VR46, équipe avec qui il a sciemment prolongé alors que, selon toute évidence, il avait été approché par Pramac Racing courant 2023. Oui mais voilà : la formation était dans un entre-deux un peu étrange, sur des Ducati apparemment moins performantes que les années précédentes. Sa saison a très mal débuté – c’est assurément l’une de mes plus grosses déceptions.

 

Aprilia erreur

Le duo Martin/Bezzecchi est meilleur que le Espargaro/Vinales d’aujourd’hui, ça ne fait aucun doute. Photo : Michelin Motorpsort

 

Ainsi, dans l’incapacité de prétendre à un meilleur guidon au sein d’un giron Ducati amoché, je trouve que le pari de signer avec Aprilia est osé mais intelligent. Il n’aura plus de soucis de légitimité liée à sa position de satellite, ce qui aurait pu conduire à une situation identique à celle de Jorge Martin. Il sera pilote officiel dans une très bonne équipe, sur une très bonne moto. En plus, au guidon d’une machine qui correspond à son style de pilotage.

Franchement, je ne vois pas d’objection ou de retenues illogiques qui entachent sa signature chez Aprilia. C’était une occasion à saisir, qui peut rapporter gros, pour lui qui est dans la fleur de l’âge.

 

Aprilia, le recrutement parfait

 

C’était un beau coup du « Bez », mais un encore plus beau d’Aprilia. Je valide totalement leur décision, eux qui ne devaient pas manquer de choix. Aux côtés de Jorge Martin – arrivé un peu miraculeusement, il fallait un pilote régulier dans la performance, en mesure de rapporter des gros points tout le temps, mais aussi capable d’aller s’imposer. Le profil exact de Bezzecchi. Il fait un parfait n°2 sur ce plan. De plus, il est italien et descendra de la Ducati, comme Martin ; il apportera ainsi un son de cloche légèrement différent. En comparant les retours sur la GP23 et la GP24, Aprilia pourrait, par exemple, jauger des points de développement majeurs sur lesquels Ducati appuie année après année.

 

 

Alors, certes, Rivola et ses hommes espéreront retrouver le « Bez » de 2023, et non celui de 2024. Car depuis tout à l’heure, je me base sur les qualités intrinsèques de l’Italien, mais j’en oublie son début d’exercice à côté de la plaque. C’est comme si ce n’était plus le même. Attention à ce facteur, car être pilote d’usine implique aussi de pouvoir insuffler la victoire au sein des troupes, inspirer la confiance, être en capacité d’incarner un projet. J’ai longtemps reproché à Maverick Vinales de ne pas en être capable – ce que je continue de penser, mais Bezzecchi montre sur les dernières courses qu’il n’est pas aussi à l’aise avec une moto qui lui correspond moins.

Un pilote officiel doit composer avec les dernières améliorations et les faire fonctionner. S’il n’est pas en mesure de s’y faire ou qu’il ne peut pas rouler vite sur une moto qui ne lui sied pas parfaitement, cela pourrait poser problème. L’adaptation est une qualité plus importante en tant que pilote d’usine qu’en tant que satellite. Et c’est vrai qu’il y a de quoi se poser des questions, même si au fond de moi, je pense que le talent ne se perd pas en si peu de temps. Bezzecchi est jeune, il pourra rebondir.

 

Interdit de se rater

 

Maintenant, Aprilia n’a plus le droit à l’erreur. Afin de pouvoir dominer un quatuor KTM – en attendant de rattraper Ducati –, il faudra absolument travailler sur les défauts majeurs de la RS-GP, et plus généralement, de l’organisation Aprilia. La fenêtre de tir sera mince, il ne faudra manquer aucune occasion si et seulement si Martin et Bezzecchi visent le top.

 

Aprilia erreur

Marco Bezzecchi peut se remettre dans le droit chemin, même si je persiste à dire que sa saison 2023 était bien payée. Photo : Michelin Motorsport

 

Déjà, aucune autre marque n’est en proie à de tels problèmes de fiabilité. Ce qu’il s’est passé avec Maverick Vinales au Portugal – défaillance dans le dernier tour alors qu’il était deuxième – ne doit plus jamais se reproduire, exactement comme chez Ducati. C’est monnaie courante depuis longtemps, et on ne compte plus les avaries techniques (Jerez 2023, Inde 2023, Thaïlande 2023) comme humaines (Motegi 2022, Inde 2023) sur ces dernières années.

Deuxième point, développer une moto polyvalente. La Ducati Desmosedici est la meilleure parce qu’elle est bonne partout. La base est excellente. Sur les phases d’accélération, de freinage, dans les virages lents et rapides… elle est supérieure en tous points. Sauf sur certains circuits, où l’Aprilia la domine pour on-ne-sait quelle raison. C’était la Catalogne l’an dernier, c’est les États-Unis cette saison. C’est bien, mais à côté de ça, elle est à l’ouest sur bon nombre de tracés ; je pense à Misano, où c’était criant en 2023. Pour jouer gros, de tels écarts de performance ne peuvent être tolérés. C’est plus important de travailler là-dessus, à mon sens, que sur une machine plus rapide par exemple.

Troisième et dernier point, les départs. Je trouve ça fou que ce problème ne soit pas résolu depuis trois ans au plus haut niveau de la compétition motocycliste. L’année dernière, les mauvais départs des RS-GP ont coûté extrêmement cher. Jerez me vient en tête, où, en quatre envolées, Aleix Espargaro n’a pas réussi un seul holeshot malgré sa pole position . D’après les dires des pilotes et ce que nous en avons vu, ce n’est toujours pas l’idéal malgré quelques progrès. Dans le MotoGP actuel, le départ est la phase la plus importante. Il peut être difficile de se remettre après deux ou trois virages ratés. Demandez à Bastianini, qui, après une entame moyenne rattrapée par un très bon rythme, a fini troisième à sept secondes lors du Grand Prix des Pays-Bas. Il faut une bonne capacité de projection, pouvoir exploser, tout de suite, d’autant que Martin comme Bezzecchi sont deux artistes dans ce domaine. Ainsi, il faut leur donner une machine qui fera la différence ou au moins, qui ne se laisse pas distancer.

 

Conclusion

 

Je trouve que c’est une très bonne signature, qui profitera à chacune des deux parties. Si Aprilia parvient à régler les quelques problèmes listés plus haut, une telle association pourrait faire très mal.

Qu’avez-vous pensé du choix d’Aprilia ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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