Marc Marquez était de retour aux affaires à Aragon, un circuit qui n’a fait que souligner sa légende trois jours durant ; et qui l’a récompensé avec une victoire. Il n’a laissé aucune chance à ses concurrents, pas même à un très bon Jorge Martin. Toutes sortes de réactions n’ont pas tardé à fuser, mais tous les pilotes étaient unanimes : Marquez était non seulement le plus fort, mais aussi le plus grand.
Adaptation ou génie ?
Inutile de revenir en détail sur ses deux courses, tant il n’y a rien à en dire. La performance s’explique d’elle-même. Les difficultés qu’entraînaient les dépassements ne l’ont pas ennuyé, car il ne s’est jamais fait rattraper et n’a cessé d’accroître son avance au fil des tours. Pouvait-il rêver de victoire plus tranquille, et ce 1042 jours après la dernière ? Marc Marquez a construit un succès sur des bases friables, à savoir, cette faible adhérence. Le resurfaçage du circuit d’Aragon a perturbé tous les pilotes, sauf lui.
On entend, parfois, que « l’adaptation est la marque des plus grands ». Je ne suis pas totalement d’accord, car certains des meilleurs pilotes de l’histoire avaient beaucoup de mal à s’adapter aux paramètres aléatoires. Je pense à Jorge Lorenzo, par exemple, qui n’était jamais aussi fort que sur des circuits éprouvés, avec de bons pneus, un bon asphalte, et une bonne machine. Ce qui est sûr, c’est que quand les conditions sont délicates, quand on découvre un tracé ou autre, Marc Marquez joue devant.
Attention à l’abus de langage. Je ne pense pas qu’il s’adapte mieux que les autres, non, mais qu’il a un plus grand talent naturel. Mettez Marc Marquez sur une motocross, un supermotard, une machine d’ice track ou que sais-je, et vous verrez qu’il sera rapide. Il « saura s’adapter » car c’est un génie, voilà tout. Cet argument rejoint mon avis sur sa prolongation au sein de l’équipe d’usine Ducati. C’est un excellent choix car il sera rapide, vous le savez déjà. Vous savez déjà qu’il va réussir, gagner des courses, peu importe son état de forme. Il n’est pas comme les autres.
Un dernier exemple pour illustrer ce point : ses aptitudes sous la pluie. Je pense que Marc Marquez est l’un des cinq meilleurs pilotes MotoGP de l’histoire sur le mouillé. Pour autant, je ne le considère pas comme un spécialiste. Je ne dirais pas qu’il s’adapte mieux que les autres quand les pneus rainurés sont de sortie. Miguel Oliveira est un vrai spécialiste de la pluie, car il s’illustre quand c’est détrempé. Il y a une réelle différence entre ses prouesses sur le mouillé et celles sur le sec, bien que ces dernières soient trop souvent sous-estimées. Lui s’adapte, c’est à dire qu’il modifie son comportement pour performer davantage. Marc Marquez est véloce partout, tout le temps. Ses victoires sur le sec ne sont pas plus réfléchies ni développées que celles sur le mouillé. Il va vite, un point c’est tout.
Lui-même parle d’adaptation, mais simplement car il est trop humble pour se déclarer comme l’un des plus grands génies du sport motocycliste, si ce n’est le plus grand.
THE OLD MAGIC LIVES AGAIN 🔥
From the deepest, darkest depths to stand in the light once more 🥇@marcmarquez93 is back! ✅#AragonGP 🏁 pic.twitter.com/TkZ7hbgzUJ
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) September 1, 2024
Une victoire si surprenante ?
J’ai été assez étonné, je dois l’avouer, de voir autant de gens s’émouvoir de son premier succès chez Ducati Gresini. D’abord, car la course a été assez plate, par le fait. Les grandes batailles provoquent toujours plus de réactions. Je comprends tout à fait que le fanatisme de certains ne s’expliquent pas, et ce n’est pas grave ; ce phénomène existe depuis des temps immémoriaux. Mais je parle ici aux plus censés, êtes-vous d’accord avec moi ?
Marc Marquez n’a jamais cessé d’être fort. Nous parlons ici d’un pilote qui était en pole, trois fois sur le podium d’un Sprint, et une fois sur un Grand Prix, le tout au guidon d’une Honda l’année dernière, une machine qui truste actuellement les dernières positions. Tout le monde se doutait qu’il allait gagner en 2024, et les plus excités évoquaient même le titre mondial ! Il remporte sa première course à la maison, sur un circuit qui lui a toujours réussi – et sur lequel il a un virage à son nom, au bout de la 12e manche d’un championnat qui en compte 20. Je trouve que ça n’a rien de proprement surprenant.
Personnellement, je m’attendais qu’il s’impose bien plus tôt, quoi que ça n’est pas passé loin à Jerez. Cela n’enlève rien à sa performance, bien sûr, et je l’ai largement congratulé dans les paragraphes précédents. Mais c’est pour cette même raison que je ne pense pas que ça « débloque quelque chose » en lui. Il sait déjà comment gagner, il le savait bien avant de franchir la ligne à Aragon. C’est juste que certaines manches lui avait parfois échappé et qu’il était simplement à son vrai niveau, aidé par des conditions qui lui étaient favorables. Je veux juste rappeler qu’il était le favori des bookmakers pour être champion du monde 2024 et je m’étais fait insulter lorsque j’avais réfuté cette idée dans mon analyse de pré-saison.
En somme, cette victoire était retentissante parce que ça reste Marc Marquez et que sa base fan est démentielle, mais elle n’est certainement pas plus belle, ni surprenante que celle de Maverick Vinales à Austin ou celle d’Enea Bastianini à Silverstone.
Qu’avez-vous pensé de cette victoire de Marc Marquez ? Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : MotoGP