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MotoGP retraite

À Barcelone, Aleix Espargaro et Stefan Bradl n’étaient pas les seuls pilotes MotoGP à partir en retraite : Takaaki Nakagami quitte aussi le mondial, et avec lui, toute une période difficile pour les Japonais en MotoGP. Retour sur la carrière d’un oublié, qui, malheureusement, n’aura pas réussi le défi que lui imposait le destin.

 

Pour le Japon

 

J’ai toujours beaucoup aimé les pilotes japonais. Chez eux, on sent beaucoup de respect, d’engagement, de passion, pour leur contrée mais aussi pour le sport. Ils ont d’ailleurs marqué l’histoire de la discipline et continuent de le faire, comme l’a prouvé, finalement, ce titre Moto2 d’Ai Ogura que personne n’attendait à ce niveau. Takaaki Nakagami est de la génération maudite, celle du creux ; il a incarné la déchéance du Japon en championnat du monde, que ce soit au niveau des pilotes ou des constructeurs.

Arrivé à plein temps à l’aube de la saison 2008, Taka’ peine à faire sa place. Il quitte la 125cc pour retourner sur l’archipel en 2010 et 2011, avant de revenir en Moto2, une classe au-dessus. Nous sommes dans une ère difficile pour les natifs de son pays. Après Hiroshi Aoyama (champion en 250cc mais discret en MotoGP), peu se démarquent. Nakagami fait partie de ceux-ci, et c’est dans ce contexte qu’il se révèle en 2013, dans une catégorie qui pleure encore Shoya Tomizawa.

 

MotoGP retraite

Takaaki Nakagami en 2016. Il était bon en Moto2, sans être exceptionnel non plus.

 

D’ailleurs, je suis obligé de revenir sur le Grand Prix de Saint-Marin 2013. Nakagami était assez chaud, même sans victoire. Il ne se présente pas à Misano en favori mais termine quand même deuxième, non sans avoir bataillé face à l’impitoyable Pol Espargaro. Dans le tour de décélération, il va se prosterner à l’endroit où avait péri le regretté Tomizawa, trois ans plus tôt. Cet hommage, quoi qu’anecdotique – après tout, il n’avait pas gagné – reste l’une des images qui m’a le plus marqué depuis que je suis ce sport, et assurément le fait le plus grandiose de la carrière de Takaaki.

En 2014, Nakagami se fait soutenir par Idemitsu, toujours en Moto2, dans une structure spécialement affrétée par Honda pour promouvoir les talents asiatiques. Il connaît deux années d’adaptation difficile, mais s’impose à deux reprises en deux ans lors des saisons 2016 et 2017, juste avant de passer en MotoGP, là encore grâce à Idemitsu. Pour ce faire, Honda donne une deuxième moto à son équipe satellite LCR, juste pour avoir un représentant japonais au plus haut niveau. Nakagami, vu à l’époque comme un éternel pilote de Moto2, quitte la classe intermédiaire avec deux victoires, douze autres podiums et cinq poles. Pas mal, mais de là à justifier un passage en MotoGP, il y a un monde.

 

La stagnation

 

Au début, on y croyait. On imaginait un pilote régulier, solide en toutes circonstances, capable d’exploits bien sentis. Un Japonais, quoi. Mais course après course, la sauce ne prend pas. Sa meilleure année reste cette saison 2020, où il était, il est vrai, un outsider qu’il ne fallait pas négliger. D’ailleurs, il scora sa seule pole position au plus haut niveau à Aragon cette année-là, mais ne put la convertir en podium.

 

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Pour ceux qui ne savent pas, Idemitsu Kosan est une entreprise pétrolière et minière japonaise. Photo : Michelin Motorsport

 

En même temps, Honda entamait une descente aux enfers sans précédent – qui n’est toujours pas terminée, d’ailleurs. Nakagami, à qui on a donc, comme tous les autres, affublé une tâche de développeur, était à la fois acteur et spectateur de cette déchéance nationale. De 2021 à 2024, Takaaki existait, rien de plus. Uniquement maintenu ici par son sponsor, Nakagami n’a pas été à la hauteur de l’histoire de Honda, car, comme tous les autres, il ne put empêcher cette dégringolade. Ses classements successifs parlent pour lui : 15e en 2021, puis 18e en 2022 et 2023, et 19e en 2024, avec un total de points de plus en plus faible.

Un peu comme pour Bradl, il serait injuste de lui attribuer la pleine responsabilité pour ce qui est arrivé et arrive encore chez Honda, mais ce qui est sûr, c’est que ni lui ni l’allemand n’ont contre-carré cette sombre dynamique. Ce n’est certainement pas de sa faute, mais bien celle de la firme ailée, qui n’aurait jamais dû confier une telle mission à deux pilotes de ce calibre.

Nakagami a toujours été honnête et discret. On lui offre la possibilité de rester en MotoGP, il ne va pas s’en priver. Et pour sa défense, je dois reconnaître qu’il m’a surpris en 2024. Assez régulier dans la performance, il a longtemps tenu la dragée haute à Johann Zarco, en plus de dominer assez largement les deux pilotes Honda Repsol, Joan Mir et Luca Marini. J’aurai l’occasion d’en reparler ultérieurement.

 

Le futur

 

Nakagami, d’ailleurs vainqueur des 8 Heures de Suzuka en 2010, va rester avec Honda mais du côté du Japon. De ce qu’il a laissé entendre, il est peu probable qu’il effectue des piges ici et là, mais ne sous-estimons pas la passion d’un pilote qui a dédié sa vie à la course. L’envie peut vite revenir…

En attendant, dites-moi ce que vous avez pensé de cet article et de la carrière de Takaaki Nakagami en général !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Sayonara ! Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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