Ça y est ! C’est l’heure de la fameuse tournée outre-mer, la vraie, la deuxième, et avec elle, le début d’une nouvelle saison MotoGP. Comme l’a indiqué Miguel Oliveira, ces sept courses qui vont s’enchaîner représentent un gros challenge et peuvent parfaitement être appréhendées comme le commencement d’un nouvel exercice. Analyse des principaux enjeux liés à ce marathon asiatique.
« Nouvelle saison MotoGP », nouvelle météo
Il faut bien comprendre que cette tournée asiatique est juste énorme. C’est la première fois qu’elle rassemble sept Grands Prix, disputés consécutivement. Cela est aidé par l’introduction de l’Inde (du moins, on l’espère), mais aussi, au rattachement du Qatar en tant qu’avant dernier rendez-vous du championnat, alors que c’était la traditionnelle manche d’ouverture les autres années.
All set for the first-ever #IndianGP 🇮🇳! 🙌
A historic weekend awaits at Buddh International Circuit! ✊#MotoGP pic.twitter.com/GZGDKmadlI
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) September 17, 2023
Bien sûr, la météo va être au cœur des discussions. Nous aimons particulièrement ces Grands Prix exotiques, aux couleurs uniques. Mais les pilotes, eux, pourraient composer avec la pluie, la chaleur, l’humidité, et même, le froid en Australie. C’est l’occasion pour des hommes forts dans ces conditions de se révéler ; nous pensons, bien sûr, à Miguel Oliveira, notre rainmaster, vainqueur de deux de ces Grands Prix l’année dernière. Mais aussi, à Brad Binder, qui doit revenir parmi l’élite pour espérer gratter une place dans le trio de tête à la fin de l’année. Cela vaut également pour Jack Miller et Johann Zarco, qui, avec l’introduction des Sprints, pourraient avoir une chance de s’imposer au moins une fois en quatorze départs si certains se déroulaient sur une piste détrempée. Beaucoup ont quelque chose à jouer, et la météo pourrait avoir un rôle clé dans l’établissement la hiérarchie de cette fin de saison.
Les Sprints pourraient épuiser les pilotes sur le plan physique, c’est à n’en pas douter. D’abord, les courses vont s’enchaîner, plus qu’en Europe encore, et les chutes sont toujours impressionnantes sur ces circuits. En effet, ils sont souvent dessinés par le même homme : Hermann Tilke. Lui favorise les angles, les cassures et les gros freinages. D’ailleurs, nous avions dédié un article complet à ses créations. Ou alors, ils suivent la « mode Tilke ». Ainsi, c’est aussi pourquoi nous voyons des highsides très violents en Asie plus qu’ailleurs, dont deux des plus choquants de tous les temps ; Jorge Lorenzo en Thaïlande en 2018, et Marc Márquez à Mandalika l’an passé. Sur la grille, beaucoup sont déjà atteints alors il faudra redoubler de prudence. Mais il n’y a pas que l’aspect physique qui rentre en jeu.
Un challenge mental
C’est le deuxième point, et sans aucun doute, le plus important. Qu’il pleuve, c’est une chose, mais c’est surtout mentalement que cette épopée est difficile. Beaucoup partent sans leurs proches, et l’on pouvait voir combien cela pesait sur le moral l’an dernier, en particulier à travers le témoignage de Pecco Bagnaia. Outre ce paramètre, il faut évoquer les décalages horaires, et la découverte d’une nouvelle piste en Inde (avec tous les tracas qui suivent, notamment les histoires de visas en début de semaine). Hormis le circuit de Buddh, d’autres pistes qui composent cette tournée sont relativement récentes (Thaïlande, Indonésie) et cela ajoute une pression supplémentaire.
Parfois, l’adaptation prime sur la vitesse. De la même manière, l’appréhension d’un drapeau rouge, ou d’une course flag-to-flag peut mettre les nerfs à rude épreuve. C’est la sortie de la fameuse zone de confort qui est intéressante à gérer, d’autant que le positionnement de cette tournée dans le calendrier en fait une étape absolument critique.
Des titres mondiaux à jouer
En Moto3, rien n’est fait. En Moto2, Pedro Acosta a pris une option sur la victoire finale mais rien n’est moins sûr, lui qui n’a disputé qu’une seule course sur le mouillé dans toute sa carrière en mondial (Argentine 2023) ! En MotoGP, Pecco Bagnaia arrive en favori, mais l’année passée, Jorge Martín s’était révélé sur ces quelques Grands Prix, en prenant la pole en Australie ainsi qu’en Malaisie. Certes, l’Italien n’avait montré aucun signe de faiblesse face à la pression, alors qu’il devait reprendre des points à Fabio Quartararo. Au contraire, même, il avait fait preuve de maestria quand il le fallait, avec une performance mémorable à Sepang.
Mais il ne faut pas omettre le poids de la tournée outre-mer dans la dynamique. Autant de changements en si peu de temps peuvent faire perdre le momentum à un pilote. Pecco Bagnaia semble intouchable, en état de grâce (miraculé à Barcelone, et stupéfiant à Misano), comme si rien ne pouvait lui arriver. Mais en 2015, la saison tournait à l’avantage de Valentino Rossi avant d’arriver en Asie. Finalement, Lorenzo fut titré après les débâcles de Phillip Island et de Sepang. Deux ans avant, Marc Márquez se dirigeait vers un titre assuré mais Jorge Lorenzo manqua de le remonter aux points grâce à des efforts surhumains, couplées à des erreurs du pilote Honda Repsol. C’est un fait ; sur des pistes aussi différentes, la dynamique peut changer de camp. C’est aussi pour cette raison que l’on est si impatient d’en connaître l’issue !
Et vous, qu’attendez-vous de ce « nouveau championnat » ? Avez-vous un pilote en tête qui peut créer la surprise ? Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport