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décision MotoGP

Dans ce nouvel épisode de Parlons MotoGP, nous allons traiter de l’association qui a retourné la planète moto il y a une semaine à peine. L’équipe Pramac, qui fait exclusivement courir des Ducati en MotoGP depuis 2004, vient d’annoncer sa défection à Borgo Panigale. Une décision cataclysmique qui change profondément l’échiquier. L’an prochain, et pour sept saisons, Gino Borsoï et ses hommes prépareront des Yamaha YZR-M1. Qu’en penser ? Qui sont les grands gagnants et perdants de cette affaire ? Une analyse s’impose.

 

Le point de vue de Yamaha – La belle aubaine ?

 

Je tiens à rappeler que je n’ai aucune idée des considérations financières de chacune des parties. Cela n’entravera pas mon jugement. Sur le pur plan de la logique et de l’observation, je pense que Yamaha récupère une très bonne équipe, mais que c’est loin d’être une nouvelle qui peut révolutionner le team.

On a entendu, de la bouche de Lin Jarvis ou de Fabio Quartararo, que la présence d’une équipe satellite aiderait considérablement le projet. Bien sûr, cela permettrait, par exemple, de rapporter des données supplémentaires. Mais quelques précisions s’imposent.

 

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Alex Rins, qui s’était pourtant bien adapté à la Honda, vit les heures les plus sombres de sa carrière… et il vient de se blesser. Photo : Michelin Motorsport

 

Depuis la fin de la décennie 2010, Yamaha a eu plusieurs équipes satellites ; trois différentes pour être exact. Tech3, SRT Petronas et RNF en 2022. Depuis, plus rien. Cela n’a pas empêché la marque de sombrer durant cette période, où la YZR-M1 est devenue l’une des pires machines du plateau seulement sauvée par des exploits individuels de Maverick Vinales et plus récemment, Fabio Quartararo. Ici, Lin Jarvis nous évoque une collaboration identique à celle qu’entretient Ducati, en traitant Pramac Racing comme une deuxième équipe d’usine. Soit. Cela change du début des années 2010, et constituerait un progrès mais dans les faits, ça ne modifie pas profondément le problème. La moto d’usine, actuellement, n’est pas au niveau. Elle l’est encore moins en 2024 qu’elle ne l’était en 2023, c’est dire. Alors, elle progresse, d’accord, mais moins que les autres en comparaison et c’est toujours ce qui doit primer dans ces discussions.

De plus, je ne pense pas que Pramac Racing, malgré une expérience non négligeable en MotoGP, ne détienne la clé du succès, comme par miracle. J’y reviendrai ultérieurement, mais leur succès est davantage dû à la Desmosedici d’une part, et aux pilotes de l’autre, Jorge Martin pour ne pas le citer. Je ne vois pas trop ce que cette formation a de plus que Gresini Racing, qui, depuis 2022, a des résultats très honnête avec une machine de l’année n-1. Qu’a-t-elle de plus que Ducati VR46, qui, en très peu de temps, a réussi à imposer Marco Bezzecchi sur la plus grande scène mondiale, toujours avec des motos datées ? Pramac Racing est un beau nom, mais sans Ducati et Martin, ce n’est plus la même limonade.

 

 

Cet accord de sept ans laisse penser que Yamaha prépare quelque chose d’intéressant en vue de la nouvelle réglementation de 2027. Cela légitimerait le choix de Quartararo aussi. Je réitère mes propos concernant le futur proche ; je ne pense pas qu’une refonte totale de la machine aura lieu à deux ans de changer radicalement de concept. À mon sens, Cela impliquerait des coûts bien trop élevés, et le retard accumulé est juste trop grand. Au vu de la vitesse de développement de Ducati, chaque année passer à stagner équivaut à trois années gâchées. C’est ce que beaucoup ne comprennent pas : il ne faut pas seulement rattraper le rythme des Italiens, mais le dépasser et, sans doute, le multiplier par deux pour arriver à leur niveau de performance. Ça ne se fait pas en si peu de temps. En revanche, après l’introduction des 850cc en 2027, pourquoi pas.

Pour rester concis, je pense que ça ne changera strictement rien avant 2027. Pramac Racing, dépourvu de Jorge Martin et des Ducati, voit son attractivité fondre comme neige au soleil. Peut-être que je me trompe, mais je ne comprends pas trop comment l’ajout de deux Yamaha pourrait totalement rebattre les cartes pour la firme aux diapasons. Honda évolue avec deux machines d’usine préparées par LCR depuis des lustres et rien ne bouge ; pire, la situation se dégrade.

 

Depuis 2022, Jorge Martin incarne la fraîcheur de Pramac. Enlevez lui et Johann Zarco au bilan de l’équipe en MotoGP, et il ne vous restera pas grand chose, surtout en comparaison avec les rouges. Photo : Michelin Motorsport

 

Le point de vue de Ducati – rien ne va plus ?

 

Je vais revenir sur ce qui m’a le plus étonné. En effet, à ma grande surprise, j’ai vu beaucoup de gens affirmer que Ducati était le grand perdant, qu’ils se retrouvaient là sans Pramac, mais sans Martin non plus. Je pense que c’est l’inverse.

La moto est plus importante que le pilote, ou le team. C’est Pramac Racing qui perd Ducati. Certes, le nombre de machines italiennes passera de huit à six, mais ça restera toujours le contingent le plus fourni sur la grille. Eh alors, les deux GP25 seront données à Gresini ou à la VR46, ou une seule au total comme il se dit, peu importe, qu’est ce que cela changera ? Eux aussi sont capables de gagner, tout comme Pramac.

Et Martin ? Lui aussi, dans le fond, est perdant. C’est lui qui voulait la Ducati officielle, et c’est le team d’usine qui a dit non. Ce n’est pas le contraire. À mon humble avis, cela ne changera absolument rien à la hiérarchie. Je trouve même que la firme a été assez honnête pour donner un matériel de cette qualité à une équipe satellite pendant toutes ces années, quitte à laisser un de ses pilotes menacer le championnat d’un employé de l’usine jusqu’à la dernière manche en 2023.

Pour conclure cette partie, je serai bref : les équipes ont besoin de la Ducati. La marque, si elle veut un satellite performante n’a qu’à donner deux GP25 à Gresini. Ou même pas. Quand on a Pecco Bagnaia et Marc Marquez à gérer, avec l’une des meilleures MotoGP de tous les temps, les autres questions deviennent quelque peu subsidiaires.

Je suis curieux d’entendre vos avis concernant cette collaboration. Alors, dites-moi ce que vous en pensez en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

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La Ducati GP24 est un monstre, qui bat les records partout où elle passe, meilleure que toutes les autres dans tous les compartiments, et ce sur tous les circuits. C’est l’arme ultime. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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