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Ogura Trackhouse

La semaine dernière, nous apprenions la signature d’Ai Ogura chez Trackhouse Racing ; un pari séduisant de l’équipe américaine, assurément. Le Japonais, actuellement deuxième du championnat du monde Moto2, est l’un des tauliers de la catégorie intermédiaire. Il aura pour mission de relancer l’archipel nippon en MotoGP, un pays qui stagne depuis près d’une décennie maintenant. Alors, prenons le temps d’analyser ce transfert.

 

Un belle opportunité

 

Prenons d’abord la situation du point de vue d’Ai Ogura. Pour lui, cela représente une formidable chance, ça ne fait aucun doute. Il y a de moins en moins de rookies en MotoGP. Depuis 2023, seulement deux nouveaux venus ont débarqué, et les deux avaient remporté le titre de champion du monde Moto2. Actuellement deuxième – et blessé, il n’a pas pu se défendre lors du Grand Prix d’Autriche, mais heureusement pour lui, la contre-performance de Sergio Garcia (14e) a pondéré son absence.

Ai Ogura est un bon pilote, même si personnellement, il ne m’a jamais fait lever de mon siège. Il est assez régulier dans la performance, et semble prêt pour le MotoGP. Cela fait maintenant quelques années qu’il est régulièrement cité parmi les futures recrues. On l’a souvent envoyé chez Honda LCR en remplacement de Takaaki Nakagami, du temps où il était en contrat avec l’équipe Honda Team Asia. On aurait – légitimement – pu croire que l’intérêt allait décroître après sa défection de l’écurie japonaise, mais finalement, c’est à ce moment précis que les équipes MotoGP lorgnent de nouveau sur lui.

 

Ogura Trackhouse

Ai Ogura mérite, c’est sûr. Photo : MT Helmets MSi

 

Clairement, c’est un bon coup de sa part car je pense qu’il y a presque trop de talents en Moto2. Passer en MotoGP a rarement été si compliqué, et il ne faut pas renier ces occasions. Est-ce trop tôt ? Non, il en est à sa quatrième saison en Moto2, et a déjà joué le titre en 2022 – nous y reviendrons. Ses cinq victoires et neuf podiums répartis sur trois saisons jouent en sa faveur. De plus, des pilotes expérimentés comme Augusto Fernandez n’ont pas réussi – pour l’instant – malgré leur palmarès plus fourni. Tout va très vite dans cette classe ; regardez Tony Arbolino, qu’on pensait, à un moment, aussi fort que Pedro Acosta et dont le nom revenait souvent dans les rumeurs MotoGP. Aujourd’hui, il est nulle part et l’accession au plus haut niveau paraît plus dure que jamais pour l’Italien.

Comme je l’ai déjà dit, je pense qu’à notre époque, il ne faut pas refuser un guidon en MotoGP quand il se présente car il n’y aura peut-être pas d’autres chances.

 

Trackhouse, un choix étrange

 

Je dois reconnaître que je suis assez surpris du choix de Trackhouse Racing. Non pas parce qu’Ai Ogura est un mauvais pilote, loin de là, mais parce qu’il a tout de même quelques faits qui jouent en sa défaveur, de manière assez conséquente à mon sens.

 

 

D’abord, les blessures. Ai Ogura n’est pas un pilote qui tombe très souvent, mais pourtant, il s’est déjà blessé à plusieurs reprises depuis qu’il est arrivé en mondial lors de la saison 2018. Il lui est arrivé de manquer des GP en 2019, 2021, début 2023 et maintenant, en 2024. Lorsqu’il va passer en MotoGP, il faudra s’attendre à chuter plus souvent, surtout s’il veut trouver de la vitesse. C’est le passage obligé de tous les rookies, parfaitement expliqué par Jorge Lorenzo il y a plus de quinze ans. Au début, pour les plus talentueux, bien sûr, tout se passe bien, les performances sont là. Puis, après, la situation s’enlise un peu, et c’est là que le pilote doit pousser pour aller vite. C’est exactement ce qu’il se passe avec Pedro Acosta cette saison. Attention donc, dans cette seconde phase, à ne pas trop visiter l’infirmerie.

Ensuite, cette saison 2022. Rappelez-vous. Il jouait le titre Moto2 face à Augusto Fernandez, et même s’il était moins fort, il lui posait d’énormes problèmes. En Australie, le Japonais n’a pas profité de l’abandon de son rival pour la couronne, en terminant 11e, mais passait ainsi en tête du classement général avec deux courses à disputer.

Puis vint ce fameux Grand Prix de Malaisie. Alors qu’Augusto Fernandez était englué aux alentours de la sixième place, Ai Ogura se battait pour la gagne, en revenant tranquillement sur Tony Arbolino, premier. Les deux étaient détachés du reste ; il tenait sa première balle de match. Mais en voulant attaquer l’Italien dans le virage le plus lent du circuit, de surcroît, Ai Ogura a chuté, en tête depuis un bref instant. À ce moment-là, il n’existait pas de scénario favorable pour lui, le titre était perdu.

 

Ogura Trackhouse

La nationalité d’Ai Ogura est évidemment intéressante pour une équipe MotoGP, le Japon reste un gros marché. Photo : MT Helmets MSi

 

Faire des erreurs, ça arrive, surtout qu’il était encore très jeune. Mais honnêtement, de mémoire d’homme, je n’avais jamais vu un pilote perdre un championnat de manière aussi flagrante, sur une telle erreur à un tel moment de la saison. Ce n’est quand même pas rien, cette incapacité à tuer un championnat a aussi beaucoup coûté à Alex Rins au fil de sa carrière, par exemple. La gestion de la pression est assurément un paramètre à surveiller.

Dès lors, en combinant ces éléments et cette saison Moto2 2024, je me demande pourquoi Alonso Lopez (qui relève plus du génie à mon sens) n’a pas été sélectionné, ou même, Joe Roberts pour le coté américain qui aurait fait du bien à un autre pays en manque de vitesse. Jake Dixon, dans une moindre mesure, aurait pu être intéressant également car il est idéalement taillé pour le MotoGP, ou pourquoi pas du Aron Canet pour l’expérience, la régularité et l’adaptation.

Ai Ogura est un choix un peu surprenant – à mon sens – mais absolument pas illogique. Le Japonais mérite une telle chance, comme beaucoup de ses camarades en Moto2 d’ailleurs. Je lui souhaite un prompt rétablissement et une bonne fin de saison 2024.

Que pensez-vous de cette signature ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Il pourra aussi se distinguer car les deux pilotes actuels – Miguel Oliveira et Raul Fernandez – sont assez décevants. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : MT Helmets MSi

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