Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Maverick Viñales qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Deux faces d’une même pièce
Pour sa deuxième saison au sein de la structure officielle KTM,
Miguel Oliveira termine 10e du classement général. Un meilleur
résultat que l’an passé, tant sur le plan comptable que celui de la
dynamique sportive. En réalité, sa saison peut être lue
sous deux angles différents que nous allons détailler.
On pourrait légitimement penser qu’il s’agit d’une saison mitigée.
En effet, Oliveira, pur talent et détenteur d’un des meilleurs
« QI course » sur le plateau, devrait jouer
devant. Par le passé, il a montré qu’il avait de quoi prétendre au
top 5, ce qui tranche avec son résultat en 2022. Deux victoires,
certes, mais une irrégularité toujours aussi embêtante. Oon pouvait
croire que ce point faible était inhérent à la philosophie KTM,
mais Brad Binder a montré l’exact inverse dans le
même temps.
Car oui, la comparaison avec son coéquipier fait – très – mal.
Grosso modo, le Sud-Africain a été meilleur en tout point.
Plus vite, plus incisif, plus proactif, de meilleurs rythmes, ne
parlons même pas de sa régularité exemplaire… il n’y a pas match.
Binder termine 39 points devant, avec une moyenne
de points par course terminée significativement supérieure
(8,2 ppc contre 6,2 ppc). De
plus, il n’a pas montré d’amélioration concernant son plus gros
défaut, la vitesse sur un tour. Ainsi, nous pouvons comprendre que
sa saison déçoive quelque peu, les arguments sont là pour
appuyer cette thèse.
II) Rendement supérieur
Sauf que notre avis final diffère. Selon nous, Miguel a réalisé une
bonne saison même si, dans l’absolu, c’est discutable. Nous parlons
d’un pilote qui a remporté deux courses, rendez-vous compte de
l’exploit. Voici une piste d’explication.
En football, il existe une statistique qui reflète le rendement
offensif d’une équipe, nommée « expected
goals », ou « buts
attendus » en français. En se basant sur des centaines de
milliers de tirs tentés, un algorithme détermine la dangerosité
d’une action donnée, et à quel point la balle devait finir au fond
des filets.
Nous n’avons ni le temps, ni les capacités nécessaires pour faire
de même avec les « victoires attendues »
en MotoGP. Mais si l’on imagine un instant qu’un hypothétique
modèle de ce genre s’appliquait à notre sport, Miguel
Oliveira serait le leader incontesté des actions a priori peu
dangereuses transformées. Son rendement est hors du commun
à l’échelle de l’histoire des sports motos. Il est bon sous
la pluie ; il y a deux courses sous la pluie, il gagne deux
fois. Cela s’applique également au reste de sa carrière,
la victoire sur le fil au Grand Prix de Styrie
2020 en est le parfait exemple. De l’autre côté du
spectre, nous retrouverions Johann Zarco avec ses
huit pole sans aucune victoire.
Chaque fois que le Portugais a une occasion spéciale, aussi
maigre soit-elle (il s’élançait depuis la 11e
place en Thaïlande), il répond présent. Et de quelle
manière :
Mandalika et
Buriram, deux démonstrations. Sans même s’étendre sur
ses succès, sur lesquels nous sommes déjà revenus en longueur, il
faut noter une sérieuse amélioration de sa régularité dans la
performance en deuxième partie de saison. Ce point faible lui
coûtait beaucoup par le passé mais il semble avoir trouvé plus de
stabilité sur la fin. Un signe encourageant pour
2023.
Conclusion :
Il est impossible de dire qu’un pilote deux fois vainqueur
sur KTM fait une saison moyenne, même si nous pouvons
entendre le scepticisme et les arguments de quelques observateurs.
La comparaison avec Brad Binder fait mal, il est vrai, mais Miguel
dispose d’un tout autre profil. Il est un tueur précis qui
ne rate jamais sa cible quand il l’a enfin en visu. En
plus de ne rien gâcher, sa progression au fil de sa campagne est
passée sous les radars, même si la signature avec RNF
Aprilia était déjà actée. Jack Miller présente encore
d’autres qualités, mais une chose est sûre : KTM
pourrait bien regretter de ne pas avoir prolongé le
Portugais.
Qu’avez-vous pensé de sa campagne ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport