Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Brad Binder qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) La saison rêvée par Ducati
Jack Miller a fait le job : Il n’y a pas meilleur
moyen de résumer sa saison. Avec une victoire, six autres podiums
et une pole position, il conclut une très belle campagne, en 5e
place du championnat. D’un point de vue comptable, elle était moins
bonne que celle de l’an dernier (9,5 points par
course de moyenne contre 10,1 ppc en 2021) mais
pourtant, nous considérons qu’elle était globalement meilleure en
un sens. Explications.
Si cette conclusion est quelque peu contre-intuitive, elle
s’explique assez facilement. Qu’attendait Ducati, au juste, de
« Jackass » ? Précisément ce qu’il
a réalisé en 2022.
La firme de Borgo Panigale devait avoir un parfait pilote
n°2, capable d’épauler Francesco Bagnaia et d’aller
chercher des gros points régulièrement, pas plus, pas moins. Miller
a donc assumé ce rôle sans sourciller.
L’Australien est un cas à part sur la grille
MotoGP. En effet, il est intrinsèquement moins fort que de
nombreux autres larrons, même situés derrière au classement
général. N’y voyez-là aucune offense. En effet, il n’est pas
spécialement le plus rapide sur un tour, est loin d’être le
meilleur en bagarre, peine dans des situations tendues et n’est pas
régulier dans la performance. Pourtant, sa capacité à se révéler
ponctuellement est assez frappante, il faut le reconnaître. C’est
un pilote très complet, qui bénéficie d’autres forces
(l’adaptabilité, en particulier) qui lui permettent de briller sur
deux voire trois Grands Prix. C’est tout ce qu’on lui demande.
Assurément, il est le meilleur « pilote n°2 » en
MotoGP actuellement, loin devant
Maverick Viñales, dans un style un peu similaire.
II) Pas de mauvaise lecture
Cependant, si l’on prête attention à sa propre saison, et sans
prendre en compte le contexte et son coéquipier, tout n’est pas
rose. Il compte de très belles performances, mais celles-ci sont
finalement rares. À part son coup de maître au Japon, le bilan est
maigre. Jack subit plus qu’il ne crée, même quand il est sur la
boîte : Il se fait bouger à Austin, et bénéficie de la chute de
Bagnaia au Mans. Une course solide à Silverstone, mais aidée par la
baisse en régime de Rins à mi-course. À Spielberg, il était bien
placé mais se prend l’un des dépassements de l’année par
Quartararo dans le nouveau pif-paf. À Assen, là
encore, il est victime d’un autre très grand dépassement signé
Aleix Espargaró.
Ensuite, Jack laisse parfois une impression de
gâchis. Lui qui apprécie particulièrement les conditions
difficiles ne s’est pas montré assez incisif sur le tracé de
Mandalika, tout comme en Thaïlande. Certes, il prend la deuxième
place à l’abaissement du drapeau à damier, mais se fait faire la
leçon par Miguel Oliveira. Et bien sûr, cette chute, seul en tête
sur l’asphalte brûlant de Misano, après avoir effectué la pole
position.
Conclusion :
La saison de Miller offre deux lectures. Si
l’on se place depuis le référentiel Ducati, sa saison est
excellente, sans doute meilleure que la précédente. Il a su prendre
les gros points au bon moment, a même amélioré sa régularité dans
la performance en deuxième partie de saison, le tout sans jamais
pouvoir prétendre battre Bagnaia en un contre un. Avec
188 points inscrits, c’est un bon bilan pour les
championnats constructeurs et équipes que son employeur a
remporté.
En revanche, si l’on isole le nouvel officiel KTM et que l’on fait
abstraction de son rôle établi, c’est beaucoup moins
vendeur. Globalement, il exploite bien les qualités de sa
machine (pole à Misano alors qu’il n’a jamais été un spécialiste de
l’exercice), et, ponctuellement, joue devant. Impossible d’oublier
ses nombreuses lacunes, mais au final, une 5e position au général
est un résultat amplement mérité. Nous doutons de sa capacité à
faire de même au guidon de la RC16, dans un rôle
sans doute similaire, mais nous lui souhaitons tout de même le
meilleur. Une chose est sûre :
Ducati aura du mal à le remplacer, et pourrait bien
regretter son choix si l’ambiance tourne au vinaigre dans l’équipe
d’usine.
Qu’avez-vous pensé de sa saison et quel est votre avis sur son
rôle ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport