Le MotoGP évolue en 2023. En effet,
l’introduction des courses sprint va définitivement changer la
donne, et marque l’entrée dans une nouvelle ère, avec 42
départs au programme et 787,5 points à
prendre au maximum. Nous avons consacré une longue analyse aux
courses sprint, que ce soit leur fonctionnement, comme leurs
avantages et inconvénients ;
vous pouvez retrouver ces deux articles en cliquant sur cette
phrase en surbrillance. Aujourd’hui, il est l’heure de
se mouiller : qui va réussir à se démarquer ?
Nous avons sélectionné cinq pilotes, avec une
surprise.
I) Jorge Martín
Que faudra-t-il pour performer sur ce format
court ? De la vitesse, de l’explosivité, un bon sens
du dépassement et de la hargne pour rapidement sortir du peloton.
En gros, nous vous avons décrit le profil de Martín. Nous ne
prenons pas trop de risques avec ce choix, c’est certain. Mais
au-delà de son talent naturel et de sa vitesse foudroyante, nous
pensons réellement que l’Espagnol peut passer un cap en 2023.
Après une saison 2022 mitigée mais empreinte de fulgurances (les
pole de Phillip Island et de
Sepang, entre autres), Jorge
Martín n’a pas été choisi par l’équipe d’usine Ducati pour
remplacer Jack Miller, alors qu’il pouvait
légitimement y prétendre. Pourtant, nous voyons en Martín un
potentiel énorme, d’autant plus que son charisme appuie le côté
« superstar ». C’est certain : il a des
choses à prouver, car il doit passer dans une autre dimension dès
2023 s’il veut prétendre au titre de champion du monde dans le
futur. S’il profite de ses qualités et qu’il arrive à mettre sa
fougue au service de la régularité dans la performance (comme Jorge
Lorenzo en son temps), nul doute qu’il sera le grand gagnant du
format sprint en 2023, et peut-être même du
championnat.
II) Francesco Bagnaia
Une bonne moto aide beaucoup, et pas qu’en course sprint. Si nous
ne pouvons pas prévoir l’avenir, il y a de fortes chances pour que
Pecco soit doté d’une machine au poil l’an prochain. Et
finalement, qu’est ce qui peut l’arrêter s’il arrive, tôt dans la
saison, à mettre le doigt sur les bons réglages ? Pas
grand-chose. Le champion du monde en titre n’a quasiment plus de
défauts, et pire, il n’a fait que progresser sur la campagne 2022.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’y rien que puisse faire
le « Martinator » que Bagnaia n’a pas dans son arsenal.
Logiquement, il devrait performer en courses sprint, d’autant plus
qu’il bénéficie d’une pointe de vitesse ahurissante et d’un sens du
dépassement digne des plus grands pilotes de ce siècle.
III) Fabio Quartararo
Beaucoup semblent l’oublier après cette saison 2022, mais Quarta’
reste un candidat sérieux à la victoire finale, et de facto aux
succès en courses sprint. Certes, la vitesse pure de sa machine
joue contre lui mais ses qualités intrinsèques sont similaires à
celles de Pecco Bagnaia. Si Yamaha parvient à
créer une moto plus performante, « El
Diablo » devrait jouer devant, que ce soit le samedi
après midi ou le dimanche.
IV) Enea Bastianini
Voici notre premier choix osé. En effet, et à
notre grande surprise, beaucoup pensent que Enea Bastianini n’a pas
le profil adéquat pour répondre au challenge des courses sprint.
Nous pensons tout l’inverse. Tout d’abord, il bénéficiera de l’une
des meilleures machines du plateau, c’est une évidence. Surtout,
elle mettra en exergue ses qualités. Le rôle de pilote d’usine est
différent, et cela pourrait bien le ralentir notamment en début de
saison. Mais, si c’est le cas, alors il sera pénalisé le samedi
comme le dimanche. Au final, il y a de fortes chances qu’il sorte
gagnant de ce transfert, il est difficile d’imaginer une non
adaptation à une Desmosedici aussi polyvalente qui, surtout, évolue
vite. Beaucoup d’entre vous ont souligné sa faiblesse
principale : les qualifications. En effet, c’est la
seule arme qu’il lui manquait. Suivant la même réflexion, une
mauvaise position au départ d’une course relativement courte le
pénaliserait. Mais de nombreux facteurs réfutent cette théorie.
Premièrement, il n’était que deuxième en 2022, dans sa deuxième année. Cela signifie qu’il peut très bien passer un cap en qualifications pour sa troisième saison en MotoGP. Et heureusement qu’il affichait au moins un point faible, car s’il avait pris quatre pole en plus de quatre victoires chez Gresini, nous aurions déjà pu le ranger avec les légendes de ce sport. D’autant plus qu’il a eu du succès dans cet exercice par le passé, contrairement à un Miguel Oliveira par exemple. Deuxièmement, les qualifications ne sont plus aussi importantes qu’avant. Nous l’avons démontré dans un article dédié, chiffres à l’appui. Les taux de conversions pole/victoires sont faibles, notamment depuis l’introduction de l’ECU unique en 2016. Logiquement, ces taux devraient augmenter quelque peu en réduisant la distance de course mais pas plus que de raison. Nous voyons souvent des départs en paquet, avec un ou deux pilotes qui s’échappent vite. Être bien placé en qualifications n’assurera pas la victoire en course sprint, et n’aidera pas beaucoup plus que sur un Grand Prix normal. La majorité du temps, tous les groupes sont formés à mi-course.
Troisièmement, et raison la plus importante : Bastianini
n’est pas mauvais sur les débuts de course. Alors, oui,
c’est un excellent finisseur et il n’a pas mené beaucoup de tours
en 2022. Mais contrairement à Johann Zarco, lui
aussi brillant sur cette phase, Enea est tout le temps dans le bon
groupe quand il joue quelque chose. Sa capacité de projection est
très bonne, et devrait lui permettre de rapidement s’extirper du
peloton pour ensuite, rejoindre la tête ; avant d’entamer son
travail de sape classique (Le Mans, Malaisie). Finalement,
n’oublions pas ses dépassements et son QI course, deux éléments
déterminants même sur une plus petite distance. S’il est
bien placé après 6-7 tours, il pourra développer son jeu comme il
le fait sur une distance normale et sans doute s’imposer face à
n’importe qui. Tout le monde ne peut pas en dire
autant.
Pour toutes ces raisons, nous pensons fermement qu’il ne faut pas
exclure Enea Bastianini. Cela vaut pour les sprints, mais
aussi pour la course au titre.
V) Un outsider
Voici notre surprise. Imaginez un instant que les
pilotes ne jouent pas le jeu. C’est à dire que devant le risque que
12 tours à fond représente, beaucoup essayent de jouer la
régularité et la sécurité pour assurer les points. C’est
exactement ce qu’il s’est passé en Formule 1 quand le format a été
introduit. Sur deux-roues, les dépassements sont plus
aisés. Ainsi, nous pourrions voir un ou deux pilotes se démarquer
complètement et devenir des spécialistes à part entière. Il est
difficile de donner un nom avec exactitude, mais pourquoi pas un
Aleix Espargaró ou un Marco
Bezzecchi. En tout cas, des profils explosifs dotés de
machines performantes qui jouent moins gros que les autres, plus
décomplexés.
Bien sûr, nous vous voyons venir. Quid de Marc
Márquez ? Pour le moment, il est trop difficile
d’anticiper avec exactitude son niveau de performance. En effet,
l’Espagnol aurait tout intérêt à ne pas trop pousser sur ces
nouvelles manches, car comme nous l’avons longuement discuté, il
doit changer d’approche pour prétendre au titre face à de nouveaux
monstres. Après, il peut très bien nous faire mentir, bien
sûr ; nous ne lui manquons aucunement de respect. Sur le
papier, il dispose de toutes les qualités pour s’imposer en course
sprint, en course normale, sous la pluie… Márquez est déjà
bon partout et c’est pourquoi l’imaginer dominer seulement ce
format est compliqué.
Qui voyez-vous vainqueur de ce nouveau format ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport