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Pecco Bagnaia

Vingt-quatre. C’est, en moyenne, le nombre de points que marque Pecco Bagnaia le dimanche quand il ne tombe pas. Même après huit courses, c’est historique, digne de Mick Doohan, Valentino Rossi et Marc Márquez. Sauf surprise, « Go Free » se dirige tout droit vers son deuxième titre de champion du monde MotoGP. En tout cas, c’est notre petit pronostic, largement partagé par les bookmakers. L’Italien est grand favori, mais qui peut le battre, ou plutôt, ralentir sa progression ? Un tour d’horizon s’impose.

Cet article est le premier d’une duologie. Demain, nous nous pencherons sur la domination Ducati afin de bien comprendre le phénomène.

 

Pecco Bagnaia

 

Le plus dangereux adversaire de Bagnaia n’est autre que Bagnaia. En effet, sa moyenne de points est énorme, mais aussi aidée par ses nombreux abandons. Certes, Pecco est toujours devant même quand il tombe (sur le podium provisoire en Argentine, en tête à Austin, et au devant du peloton au Mans), mais un total de trois chutes en huit courses représente un ratio très important, qui jouerait en défaveur de n’importe quel candidat au titre ne disposant pas de sa vitesse foudroyante.

 

Pecco Bagnaia

Who can stop me ? Photo : Michelin Motorsport

 

L’année dernière, il devenait le premier champion du monde avec cinq résultats blancs ; il est bien parti pour battre son propre record. Finalement, malgré une domination réelle en piste, il n’a « que » 35 points d’avance sur son plus proche poursuivant, ce qui reste peu. Il pourrait, avec un certain concours de circonstances, perdre le titre mondial alors qu’il est incontestablement le pilote le plus rapide du monde.

En général, les pilotes les plus rapides de leurs saisons respectives finissent titrés. La régularité est une sorte de mythe, et les champions du monde qui ont joué les épiciers se comptent sur les doigts d’une main. Depuis le début de l’ère MotoGP, seuls Nicky Hayden (2006), Marc Márquez (2013) et Joan Mir (2020) sont passés entre les mailles du filet en s’imposant contre un adversaire plus véloce. Dans l’histoire, l’exemple le plus probant est sans aucun doute l’Américain Kevin Schwantz en 1989, auteur de neuf poles et six victoires, mais quatrième du général face à trois adversaires extrêmement réguliers. Pour que Bagnaia passe à côté en 2023, il faudrait un dénouement comparable à 1989, soit extrêmement improbable… mais pas impossible.

 

Jorge Martín

 

En termes de niveau intrinsèque, le seul qui peut regarder Pecco Bagnaia dans les yeux. Dans un bon jour, Martín peut parfaitement tenir tête à l’italien et il l’a montré en Allemagne. C’est rare que quelqu’un batte Bagnaia en un-contre-un, mais le « Martinator » l’a fait. Du point de vue de la vitesse, du sens du dépassement et du Q.I course, il fait partie des rares à lui tenir la dragée haute. Ainsi, selon une ancienne philosophie sportive, il y a juste à prendre les courses les unes après les autres, et réitérer l’exploit du Sachsenring toutes les deux semaines.

Oui mais voilà. Bagnaia ne connaît que les bons jours quand il ne chute pas. Jorge Martín est toujours plus ou moins dangereux en qualifications, mais il connaît aussi de vrais trous d’air une fois les feux éteints. Comme nous le prédisions avant le début de saison, il n’est pas plus incroyable que Pecco lors des Sprints, et peine parfois à accrocher le bon wagon en course quand son adversaire est toujours devant, quoi qu’il se passe.

 

Le Martinator peut faire des prouesses. Photo : Michelin Motorsport

 

Même s’il s’est calmé, Jorge Martín devrait tomber lui aussi car son style dépend majoritairement des risques qu’il prend. D’ailleurs, il a déjà commis une bourde en 2023 lors du Grand Prix des Amériques, et s’est fait harponner par Marc Márquez au Portugal. Si l’on rajoute à cela le retard de 35 points (soit près d’un weekend de course en moins), la tâche s’annonce plus qu’ardue mais il est définitivement celui qui peut y arriver.

 

Brad Binder

 

Pas de Marco Bezzecchi dans cet article. Cela peut paraître fou, car l’Italien a pris le rôle du trublion, et s’est déjà imposé à deux reprises cette saison ! Passons rapidement son cas en revue avant de s’attarder sur le Sud-Africain.

Tout d’abord, nous ne pensons pas qu’il soit intrinsèquement plus fort qu’Enea Bastianini l’an passé. Gardez ce détail en tête, car il sera utile dans quelques instants. Sa machine ne devrait plus évoluer, même si des éléments aérodynamiques récents peuvent s’y greffer. La Ducati de Bagnaia, elle, va considérablement progresser, comme ce fut le cas l’an dernier à partir de la reprise estivale.

Cette saison, Marco Bezzecchi n’a encore jamais tenu Bagnaia en échec le dimanche, sur le sec. Les Sprints sont un autre exercice, et nous avons déjà expliqué pourquoi Pecco ne se donnait pas autant le samedi dans un précédent article. Enea Bastianini, lui, arrivait à franchement devancer Bagnaia avec une machine plus vieille d’un an. Ainsi, par corrélation, nous pensons qu’il sera bien plus difficile pour Bezzecchi de rivaliser avec son grand copain sur la deuxième partie de saison, bien plus que ça ne l’était pour « Bestia » l’an passé qui, à un moment, ne pouvait plus rien faire contre lui (Sepang).

 

Pecco Bagnaia

Flamboyant, mais court à l’échelle d’une saison. Photo : Michelin Motorsport

 

En revanche, Brad Binder bénéficie aussi d’une machine d’usine. Nous avons déjà longuement parlé de lui en ce début de saison, vous pouvez en retrouver une partie en cliquant ici. Brad possède deux avantages que Bagnaia n’a pas, ce qui est notable à tout le moins.

Premièrement, il roule avec une KTM. Les Autrichiennes ne sont pas aussi performantes que les Italiennes, certes, mais elles bénéficient d’améliorations fréquentes, quasiment tous les weekends. Ainsi, il y a une vraie perspective de progression, contrairement à Mooney VR46 Racing Team.

Deuxièmement, Brad Binder détient la clé de la constance. Il l’a prouvé en 2022 :; il peut tenir une moitié de saison, voire une saison avec des moyennes élevées. Autrement dit, quand il termine, il termine souvent devant comme Bagnaia, en tombant moins.

Ces deux arguments peuvent aussi être démontés. D’abord, l’écart entre la Desmosedici GP23 et la RC16 est important, sans doute trop pour être rattrapé en quatre mois. Ensuite, Brad Binder a troqué sa régularité pour de la vitesse cette saison, ce qui joue en sa faveur, c’est sûr, mais lui enlève un avantage qu’il avait par rapport à Bagnaia.

Voici, selon nous, tous les dangers auxquels le champion du monde en titre doit faire attention même si nous ne sommes pas très inquiets pour l’Italien, comme vous avez pu le deviner. Nous n’avons pas évoqué le cas Marc Márquez, qui peut vaincre le temps d’une course. Malheureusement, pour un titre, il est déjà trop tard.

Qu’en pensez-vous ? Aviez-vous d’autres facteurs en tête ? Dites-le nous en commentaires ! Rendez-vous demain pour la deuxième partie, qui traitera uniquement de la domination des Ducati, liée à celle de Pecco.

La deuxième partie est parue ! Cliquez ici pour la retrouver.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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