Parlons MotoGP : Quelqu’un a t-il vu Fabio Quartararo ?

Même s’il n’était pas content après le Grand Prix du Portugal, Fabio Quartararo a réalisé, objectivement, une course correcte ; mais personne ne l’a vu. D’accord, l’écart avec le premier est tel qu’il rend difficile l’explosion de joie, mais compte tenu du contexte, son week-end était loin d’être désastreux. Pourtant, qui s’en est aperçu ? Pas grand monde, en raison d’un problème assez agaçant depuis le début de saison.

 

Il en a assez

 

Le problème de Fabio Quartararo est simple. Ses positions à l’arrivée sont meilleures, mais il est plus loin des hommes de tête. C’est frustrant, sans aucun doute, mais c’est toujours mieux que d’être distancé sur les deux plans. Avec une bonne performance lors du Practice, « El Diablo » est directement passé en Q2. Ici, pas de miracle ; une 9e place en qualifications à six dixièmes du meilleur temps réalisé par Enea Bastianini. Neuvième, soit sa position sur le Sprint, contre une septième place en course. Comme il l’a très justement souligné, il prend tout de même environ une seconde au tour par Jorge Martin. Mais sa réaction, que vous avez sans doute vu passer, est symptomatique.

 

 

Un pilote impliqué dans un projet se serait réjoui d’une telle position, de points grattés – peu importe la manière. Son langage corporel, toujours révélateur, est clair. Il n’a déjà plus la tête à Yamaha. J’ai toujours été sceptique à chaque fois que l’on me rabâche l’importance de l’écart avec les premiers, ou l’évolution du temps de course d’une année sur l’autre. Le but, c’est d’être bien classé pour prendre des points. Cela n’importe que peu, de surcroît en plein cœur d’une période de reconstruction comme celle que traverse Yamaha depuis quelques saisons.

Ce que cela traduit est limpide : Quartararo ne veut plus seulement progresser. Il veut revenir parmi les meilleurs. Rapidement. Il donne l’impression, depuis quelques années, de gâcher son prime, soit sa meilleure période en carrière. Mais avouez que prendre pour référence Jorge Martin sous son meilleur jour, sur l’une des meilleures machines de tous les temps, est quelque peu fallacieux. Je pense qu’il appuie là où ça fait mal pour se justifier d’un potentiel transfert, et ce à travers le filtre de son ambition. Mais sa septième place était loin d’être un mauvais résultat.

 

 

Comment le saurait-on ?

 

Cet article n’est pas uniquement dédié à Fabio Quartararo, que je voulais quand même saluer après sa belle deuxième manche. Sa septième place, ou dixième si l’on prend en compte les faits de course majeurs ayant impacté Pecco Bagnaia, Marc Marquez et Maverick Vinales dans les derniers instants, avait l’air d’être encore plus belle que ce que nous en savons.

Déjà, Alex Rins, loin d’être ridicule face à lui au Qatar, n’a jamais su trouver du rythme malgré une place en Q2 acquise dès le vendredi. Le dimanche, il finit à des lieues du Français, après avoir trouvé le chemin des graviers le samedi sans comprendre pourquoi. Ensuite, Quartararo échoue à seulement sept dixièmes de Marco Bezzecchi, certes en difficulté avec sa machine, mais doté d’un immense talent qui n’a pas disparu en si peu de temps. Il devance, entre autres, Aleix Espargaro – qui lui s’est réellement troué au Portugal, Miguel Oliveira, transcendé par les siens – et heureux de son résultat, ainsi que Fabio Di Giannantonio.

 

 

Notons qu’au Qatar, il avait déjà terminé premier de la « coupe du Japon » à la 11e place mais cette fois talonné par Johann Zarco. L’écart avec la tête n’était pas si important, mais on sait que Lusail est l’un des circuits sur lesquels il est difficile de s’échapper. Souvent, c’est sous ces latitudes que la distance physique entre le premier et le dernier est la moins importante. Et puis, encore une fois, je ne pense pas qu’un comparo avec les Ducati de pointe soit un argument très pertinent. Et pourtant, malgré ce regroupement de grosses têtes, nous sommes passés à côté de sa 7e place. Pas que Fabio soit plus important qu’un autre, mais tout de même, il semblait y avoir de l’agitation dans ce groupe.

La raison est simple. Hormis quelques plans de quelques secondes, jamais la réalisation internationale ne s’est concentrée sur autre chose que les quatre premières positions et Pedro Acosta. De toute la course. Et ceci m’avait déjà alerté au Qatar ; je voulais attendre le Portugal pour en tirer de plus amples conclusions. C’est comme si le reste n’existait pas, comme s’il n’y avait rien d’autre que le génie de quelques hommes à diffuser. L’année passée, déjà, j’avais parlé de ce problème dans une série d’articles que je vous invite à lire en cliquant ici.

Une poursuite, avec l’évolution des écarts, une tentative de dépassement, un freinage raté ; autant d’actions qui méritent d’être visionnées, aussi pour comprendre la dynamique d’une course dans son ensemble. Au lieu de cela, on nous propose un festival de points de vue élaborés, mais qui, finalement, ne reflètent pas la réalité de notre sport. Pedro Acosta, en raison de son talent, bénéficie d’un grand temps d’antenne… même lorsqu’il ne fait pas grand-chose.

Car on a tendance à l’oublier, mais ce Grand Prix du Portugal n’était pas le plus fou. Si l’on enlève l’accrochage Bagnaia/Marquez et la chute de Maverick Vinales en fin de course, la deuxième manche du championnat 2024 était loin d’être passionnante, de ce qu’on nous en avons vu. Il y avait de nombreux temps morts qui auraient permis de montrer d’autres éléments. Pedro Acosta a réalisé de très beaux dépassements, et j’étais le premier à le féliciter – cet article n’est pas contre lui, il ne choisit pas de se filmer. Mais hormis cela, n’y avait-il rien d’autre à nous montrer derrière ?

Suis-je le seul à avoir remarqué cette tendance naissante, plus marquée que les autres années ? Dites-le moi en commentaires !

 

 

Photo de couverture : Yamaha MotoGP