C’est historique : Honda réalise l’une de ses pires
années en Grands Prix motos. Actuellement dernière du
championnat constructeur, la firme ailée n’y arrive plus sans Marc
Márquez. LCR, team satellite de longue date, est
logiquement entraîné dans cette spirale infernale.
Dirigée par Lucio Cecchinello depuis 1996, LCR
Team est l’une des figures du championnat du monde MotoGP. Des
pilotes de renom y ont fait leurs armes pendant plus de 20 ans, à
l’image de
Casey Stoner et
Stefan Bradl. Depuis 2018, la formation enregistrée à
Monaco dispose de deux machines par an, dont une directement
appuyée par l’usine Honda avec Takaaki Nakagami au
guidon. Les résultats étaient loin d’être mauvais, car si
« Taka » peinait, Cal Crutchlow pouvait
jouer aux avant-postes.
Mais depuis 2021, c’est la descente aux enfers. Cal est remplacé
par le prometteur Álex
Márquez en provenance de Honda
Repsol. En principe, cette relégation devait être
bénéfique pour le frère de Marc. En jouant avec des machines de
l’année en cours, il pouvait espérer se faire la main avec la
pression en moins, pour un jour remonter. Malheureusement, ce ne
fut pas le cas. La saison passée fut anecdotique pour la paire
LCR ; aucun podium en vue, et seuls les hommes de
Tech3 peuvent en dire autant. Nakagami, autrefois
incisif, ne prend aucune pole position ou meilleur tour en course,
à l’image de son coéquipier.
C’est triste à dire, mais 2022 ne démarre pas plus
fort. LCR est antépénultième du classement des équipes, et
a même perdu
27 points par rapport au total de 2021 après
11 courses. Dans une saison où 13 pilotes sont
déjà montés sur la boîte, Álex et Takaaki ne parviennent pas à se
hisser au-delà de la 7e place. De plus, inutile de revenir sur
l’incident de Barcelone, triste lowlight de la saison de
Nakagami.
Pour l’instant, le japonais a toujours l’avantage sur son
coéquipier et le précède de 15 points au classement. Quand ils ont
vu l’arrivée, Taka a terminé devant Álex à sept reprises, contre
deux pour l’Espagnol. En qualifications, c’est encore pire.
Nakagami colle un 8-2 à un Márquez qui figure
souvent parmi les derniers. Notons tout de même son effort à
Barcelone, où il s’élançait de la dernière place en n’ayant pas pu
effectuer un tour en qualifs’, pour finir 10e. Comment s’annonce le
futur dans tout ça ? La réponse varie en fonction du pilote,
mais il ne faudra pas espérer de miracle pour cette fin de saison.
Pour voir de belles performances, il faudrait qu’Honda revoie sa
copie lourdement, et que la paire LCR retrouve cette hargne qui les
caractérisait.
Takaaki est assez âgé (30 ans, ce qui le rend
vieux au sein de la MotoGP moderne où les jeunes loups pullulent),
et il semblerait que sa place soit ailleurs. Ai
Ogura, excellent en Moto2 au sein de la structure
Honda Team Asia, paraît assez armé pour le
remplacer dès l’an prochain. Rien de fait pour l’instant, mais
c’est la solution la plus logique.
En revanche, Márquez s’est vu offrir un guidon Ducati chez
Gresini, sans doute en lieu et place
d’Enea Bastianini. Il s’agit d’une très bonne
opportunité pour l’Espagnol, sans doute l’une des meilleures sur la
grille. D’après de nombreuses sources dont Carlo Pernat, il a été
mentalement détruit par Honda. Pouvons-nous vraiment lui en
vouloir ? Álex reste un double champion du monde, et
a tout à prouver. Rien de mieux que la plus petite équipe MotoGP –
en théorie – pour se refaire un nom. Le style de Márquez pourrait
convenir à la Desmosedici, une machine performante quoi qu’il
arrive : savoir que l’on va évoluer sur du matériel compétitif
donne une confiance non négligeable et permet d’approcher l’année
en toute sérénité.
Le mariage est inattendu mais donne envie d’y
croire. Nous pensons réellement qu’il peut revenir et
jouer des places plus intéressantes, avec une mentalité
revancharde. C’est, au sens de l’auteur de cet article, une bien
meilleure association que Rins/LCR malgré le
talent de l’officiel Suzuki, toujours sur le papier. Cependant,
nous prévoyions un possible retour aux affaires de Danilo Petrucci
chez Tech3 fin 2020 et nous sommes trompés : la mayonnaise n’a
pas pris. Ces situations sont souvent « quitte ou
double », et parfois, ça casse. Espérons le meilleur
pour Álex Márquez !
Bien entendu, cet article ne reflète que la pensée de son
auteur. N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez
de ce transfert en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport