La Ducati Desmosedici est très performante, nous ne vous
apprenons rien. Pour autant, est-ce que Fabio
Quartararo était réellement seul contre huit ? C’est
la question à laquelle nous essayons de répondre depuis hier. Afin
d’appréhender les tenants et les aboutissants de cette analyse,
nous vous recommandons fortement la lecture de la première partie,
parue hier à la même heure.
Vous pouvez la retrouver ici-même en cliquant sur ce
lien.
Si l’on a déjà exclu Fabio Di Giannantonio de
cette discussion, pas assez rapide pour aider Bagnaia, analysons
les sept autres larrons. Quand l’on étudie au cas par cas,
« l’aide » n’est pas plus flagrante. Marco
Bezzecchi n’a pas doublé Bagnaia en Australie, il est
vrai. Mais globalement, il n’était pas plus vite que le futur
champion du monde lors de la course, qui pouvait rivaliser avec
Rins en termes de vélocité. La seule aide avérée est celle de
Johann Zarco en Thaïlande. Oui, en n’attaquant pas
l’officiel Ducati sur le mouillé, Bagnaia a profité d’un avantage
net de trois points au championnat.
C’est peut-être difficile à croire, mais Bagnaia a perdu plus de
points qu’il n’en a gagné « grâce » aux autres. Tout d’abord,
Luca Marini. Très régulier mais peu incisif et
rapide, le pilote VR46 n’était pas en mesure d’aider qui que ce
soit. Il l’a même dépassé à Valence, lorsque Bagnaia était
en perdition et en lutte pour la couronne ! Idem pour
Jack Miller, qui, malgré son statut de coéquipier, n’a
pas ralenti lors des dernières manches alors que les stratèges de
Borgo Panigale auraient pu lui demander si nécessaire (notamment en
Thaïlande).
III) Les vraies menaces
Et pour les deux derniers, c’est tout l’inverse. Jorge
Martín a publiquement déclaré ne pas s’occuper de la
situation au championnat, et ce à plusieurs reprises durant la
saison. Dans les faits, il n’aida aucunement
Bagnaia. Son esprit revanchard et ambitieux n’aurait pas
craché sur une victoire à Sepang au nez et à la barbe de
Bastianini.
« Bestia », parlons-en. C’est l’homme qui
freina le plus Bagnaia dans la course au titre, tout simplement. Au
Mans, il batailla durement et s’imposa après un pressing
magnifique, quand Bagnaia craquait. À Misano, il tenta le tout pour
le tout jusqu’au bout, et échoua à 34 millièmes de la
victoire. Même scénario à Sepang, où il ignora purement et
simplement les instructions (!) jusqu’à menacer son vis-à-vis dans
l’ultime tour. Pire encore ! Lors du Grand Prix d’Aragón, il priva
Pecco de cinq précieux points en réalisant une manœuvre somptueuse
dans le dernier virage. Cerise sur le gâteau, lui aussi le
dépassa à Valence.
Si l’on fait le bilan chez les rouges, Bagnaia a gagné
trois à six unités grâce aux consignes, et en a perdu cinq à dix à
cause d’autres pilotes Ducati, sur une remontée de 91
points. Attention, ne vous y méprenez pas : par
principe, nous sommes contre ce genre d’ordres, surtout quand ils
sont donnés à des pilotes qui n’évoluent pas dans la même équipe.
Néanmoins, d’un point de vue objectif, Ducati a parfaitement
maîtrisé la situation et cela aurait pu être bien plus moche s’ils
s’étaient inspirés de la Formule 1.
Certes, tous les pilotes usant des forces de la Desmosedici avaient
pour recommandation de ne pas tenter le diable sur le leader du
championnat. Mais n’est-ce pas là du bon sens, surtout quand autant
de talents se partagent huit machines ? Croyez-vous que la
situation est différente chez Yamaha, ou chez n’importe quel autre
constructeur ayant joué un titre dans l’histoire ? D’ailleurs,
Cal Crutchlow fut informé que
Quartararo le talonnait par deux fois, tout comme
Morbidelli à Sepang.
Conclusion :
Non, Bagnaia n’a pas bénéficié de consignes de courses
abusives qui auraient pu remettre en question l’intégrité du
championnat. Ducati, en qualité de constructeur, a
développé une machine pour gagner, comment leur reprocher. Pecco
est un grand champion du monde, lui qui rappela, à raison, n’avoir
besoin de personne pour s’imposer. Fabio Quartararo n’était
pas seul « contre huit », mais plutôt, seul tout court, sans une
machine à la hauteur de son talent et sans coéquipiers
performants.
Que pensez-vous de la question ? Dites-le-nous en
commentaires, tous seront lus et débattus !
Photo de couverture : Michelin Motorsport