Après deux Grands Prix sans débrief, nous revenons en
force. Et pour rattraper le temps perdu, ce n’est pas un,
ni deux, mais trois volets – à paraître ces jours suivants
à 20 h 30 – qui feront le point sur les dynamiques et
enjeux à mi-saison.
Cette fois, nous traiterons deux points par partie afin de pouvoir
revenir en profondeur sur ces axes. C’est
parti !
I) Bagnaia reste l’un des meilleurs
« performers » du plateau.
Avec tout ce qu’il s’est passé durant ce Grand Prix des Pays-Bas,
commencer par Bagnaia semble étrange, comme s’il
n’était pas le sujet du moment. Pourtant, le vainqueur, c’est bien
lui. Cette victoire étouffée par des faits de courses aussi fous
les uns que les autres parachève un bon début de saison pour
l’Italien.
Certes, ce n’est pas l’entame rêvée, pour lui qui était le
principal candidat au titre avant la manche d’ouverture au Qatar.
Mais il n’en reste pas moins l’un des principaux dangers, pour les
victoires à défaut du titre.
Comparé à 2021 et son trou d’air post-Mugello (en
raison d’une erreur commise sous la pression), Bagnaia
2022 ne rend jamais les armes et arrive toujours à rebondir après
un échec, que ça soit de sa faute (Le Mans), celle
du manque de performance (Losail, Mandalika),
celle d’un autre (Barcelone) ou même un fait
inexplicable (Sachsenring). Cette résilience est
nouvelle et figure désormais à l’arsenal d’un Bagnaia déjà bien
armé, que l’on rappellera courant juillet, dans une série qui
listera les points forts et faibles des différents agitateurs du
championnat.
À Assen, il réalise une pole solide en exploitant une stratégie
singulière en qualifications. Bagnaia est toujours l’un des
premiers à partir en Q2, et ne reste jamais longtemps dans le box
pour bénéficier de tours clairs, parfois sur trois sorties.
Quatrième pole de la saison, et ce sur des profils de circuits
variés.
Sa course est maîtrisée de bout en bout, sans prendre trop de
risques, mais nul doute que Pecco avait du rythme sous le pied,
D’autant plus que la Ducati semblait fonctionner parfaitement,
notamment sur les 10 premiers tours. Et voilà ; juste comme
ça, discrètement, Bagnaia réalise l’un de ses meilleurs
week-ends en carrière en prenant pole et victoire en
menant tous les tours. Nous devons tirer notre chapeau à cette
performance quelque peu passée sous les radars.
II) Quartararo, une chute lourde de conséquence
?
Ne paniquez pas, nous parlerons d’Aleix Espargaró
demain, dans la suite de cette saga. Pour le moment,
concentrons-nous sur Fabio et sa contre-performance. Ce
« dimanche noir » est intéressant à
analyser car de nombreux enseignements sont à en tirer.
Tout d’abord, la chute. Bien que le principal intéressé qualifie
son acte « d’erreur de
débutant », le dépassement dans le virage n°5
(Strubben) est pertinent : Il faut le faire assez rapidement
dans la course pour ne pas se faire distancer, et continuer de
maîtriser un Aleix bouillant le plus longtemps possible.
Le virage, un gauche extrêmement serré, a causé la chute de
nombreux pilotes durant le weekend. Mais l’aisance de
Quartararo en courbe est vérifiée ; il dispose de
cette capacité à garder beaucoup de vitesse au point de corde.
D’ailleurs, Augusto Fernández, vainqueur en Moto2
(dont nous reparlerons dans la troisième partie) s’est largement
démarqué de cette façon et a gratté de nombreuses positions ici
même.
Pour finir, Espargaró relève légèrement et ne gène pas la manœuvre.
Certes, l’excès d’engagement, le freinage retardé et le
positionnement à l’entrée trop intérieur causent une erreur, de
fait. Mais Fabio est un peu dur avec lui même en ajoutant la
mention « débutant », car s’il passe, c’est un
dépassement très intelligent. En effet, cela pourrait gêner
suffisamment son adversaire pour casser sa traction juste avant le
bout droit, où le français n’a pas l’avantage.
Mais ce n’est pas le cas. Chute, passage par les
stands, puis nouvelle chute. Est-ce grave ? Non, les saisons
sans résultats blancs sont rarissimes. Dès la fin de la course,
Fabio vient s’excuser et ne semble pas tant affecté, en bon
champion qu’il est. Depuis 2021, il dispose d’une confiance
et d’un mental à toute épreuve, ce qu’il a prouvé en début
de saison et ce qu’il prouvera de nouveau à la rentrée. Son langage
corporel est celui des grands. Impossible d’imaginer un craquage
total en deuxième partie de saison au vu de son attitude.
Pour cette action, Fabio devra effectuer un Long Lap à Silverstone,
une décision que lui et son entourage n’ont pas apprécié.
C’est tout pour aujourd’hui ! Rendez-vous demain à
la même heure pour la suite de cette analyse ! N’hésitez pas à nous
dire ce que vous en pensez en commentaires, tous seront lus et
débattus.
Photo de couverture : Michelin Motorsport