Depuis le Grand Prix d’Aragón, le cas Márquez est un
sujet brûlant. Tantôt génial, tantôt par terre, le génie
espagnol ne laisse personne indifférent. D’ailleurs, beaucoup le
considèrent comme l’un des trois meilleurs sur la grille, lui qui
évolue avec la moto la moins performante du plateau. Pourtant, il
doit changer d’approche. Analyse.
I) Pourquoi faire ?
Marc est une légende, ça n’est pas un débat. Il
fait assurément partie de l’élite, et le but de cet article n’est
pas de lui donner un conseil ; lui seul sait ce qui est bon
pour lui. Il s’agit simplement d’un constat basé sur l’analyse des
statistiques et du verdict que rend la piste.
Avant même le début des hostilités sur le Ricardo Tormo, l’octuple
champion du monde annonçait la couleur : « Je
prendrai des risques dans ma course à domicile »
déclara-t-il. Mais… pourquoi ? Dans quel but ?
C’est là toute la question, et nous n’avons pas la réponse. Alors
certes, en grand champion, il voulait sans doute bien figurer en
Espagne et peut-être offrir un succès à la firme ailée cette
année.
Mais Márquez n’a plus rien à prouver ! Il a
déjà triomphé à 12 reprises sur son sol, et aura, en 2023, trois
occasions de réitérer. Il n’y avait strictement aucun enjeu à
Valence, si ce n’est celui de se blesser et de passer un – nouvel –
horrible hiver. Le dimanche, il fit exactement ce qu’il
avait prévu malgré une RC213V récalcitrante.
En grande difficulté sur sa machine, il chercha à compenser, à
forcer son pilotage et ses freinages malgré un physique toujours
diminué. Et bien sûr, il chuta. Il n’y avait aucune raison d’en
faire autant, et ce n’est pas comme s’il était en bataille pour la
victoire. En effet, lorsqu’il trébucha, le triomphe était déjà
promis à Rins. Une approche « tout ou rien », selon ses
propres termes, qui ne relève pas de la sagesse dont un grand
champion comme lui devrait faire preuve.
II) Ce n’est pas nécessaire
Nous l’avions loué après la Thaïlande, stipulant que le
« nouveau » Márquez était terrifiant
d’efficacité. En effet, Marc doit changer son approche
car il n’est plus nécessaire de pousser autant pour être champion
du monde, son objectif premier.
Si nous étudions les courses qu’il a terminé sur cette fin de
saison, soit quatre manches, Márquez a tourné à
13,25 points de moyenne. Il faut tenir compte du
challenge physique que représentait Sepang, et que sa machine est
probablement la moins bonne qu’il ait pilotée depuis 2013. Ainsi,
si nous comptons environ deux à trois chutes sur une saison mais
des résultats plus constants, il n’est pas difficile de l’imaginer
en 14,5-15,5 points par course
(ppc). Pour rappel, il avait inscrit, de 2013 à
2019, 17,74 points à chaque course en moyenne.
Maintenant, étudions les champions récents. En 2020, Joan Mir ne
marquait que 12,21 ppc, tandis que Quartararo
poussait jusqu’à 15,44 ppc. Cette année, Bagnaia
en marqua 13,25. Ainsi, Marc Márquez est bien plus
terrifiant en jouant la sécurité, en posant son jeu et en
développant ses courses plutôt qu’en tentant le « tout
ou rien », une philosophie qui lui a déjà coûté le
titre en 2015 (l’exemple de Barcelone était criant).
En se donnant à 110 %, des victoires lui sont promises. C’est un pilote rapide, peu importe la performance de sa monture et son état de forme. Mais il est temps, au vu des évènements récents et des enseignements de l’histoire, de penser autrement. Nombreuses sont les légendes, qui, quand elles n’arrivent plus à tenir la vitesse qu’elles possédaient plus jeunes, ralentissent la cadence pour développer leurs courses plus intelligemment. Le pire, c’est que l’officiel Honda avouait, au soir du Grand Prix de Thaïlande, qu’un tel changement était nécessaire : « de mon point de vue, je dois faire des courses comme celle-ci maintenant ».
Même si c’est probablement dur à accepter, Márquez
serait le grand gagnant d’une telle évolution. En plus
d’être dangereux au classement général, cela prolongerait
certainement sa carrière, qui, par trois fois, fut menacée. Les
courses sprint, qui vont doubler le nombre de départs l’an
prochain, accentueront davantage le phénomène.
Alors certes, il est impératif qu’Honda se montre sous son meilleur
jour. L’état d’esprit de la marque est discutable au vu des
déclarations des pilotes. Mais pour continuer à faire rêver, Marc
ne doit plus retomber dans ses travers. Si les deux s’accordent en
2023, nous pourrions bien assister à une résurrection et à un
neuvième titre pilote.
Pensez-vous que la philosophie appliquée à Valence est toujours
aussi pertinente, après de si graves blessures ?
Dites-le-nous en commentaires, tous seront lus et
débattus !
Photo de couverture : Michelin Motorsport