C’est désormais officiel ! Marco Bezzecchi évoluera avec l’équipe Mooney VR46 l’année prochaine, soit la formation qui le fait actuellement courir au plus haut niveau. Même s’il a globalement été décevant à Barcelone, le « Bez » n’en reste pas moins l’un des principaux animateurs du championnat depuis la fin de saison 2022. Ainsi, cette signature est loin d’être anodine. Dans cet article, nous allons analyser les deux parties ; à savoir, la situation du point de vue de Marco Bezzecchi, puis celle de son employeur, avant de conclure.
Un choix culotté pour Marco Bezzecchi
Comme avec Johann Zarco, nous allons exclure la dimension pécuniaire mais cette fois, nous allons expliquer pourquoi ; cela nous a valu pas mal de remarques – justifiées. En règle générale, tous les éléments extra-sportifs cumulés ou non priment sur l’aspect purement sportif dans les choix concernant la carrière des athlètes d’élite. L’argent est un motivateur formidable, et donc, c’est l’argument qui pèse plus lourd que tous les autres. Si une équipe offre deux fois plus, alors il n’y a même pas besoin de se justifier d’un transfert, d’essayer d’y retrouver une logique sportive ; la question est immédiatement réglée. C’est pourquoi nous allons faire mine de « ne pas voir l’éléphant dans la pièce » pour reprendre l’expression britannique. Nous nous baserons uniquement sur l’aspect sportif de la signature.
Pour l’Italien, la décision n’a pas dû être facile à prendre. De toute évidence, il aurait pu légitimement prétendre à une place chez Pramac Racing au vu de ses excellents résultats acquis au début de saison. Il s’agit du deuxième meilleur guidon de la grille, et Bezzecchi aurait été un bon complément de Jorge Martín. Avec un Enea Bastianini en forme, l’usine Ducati a failli avoir quatre des cinq plus grands talents du MotoGP actuel, étant donné que la direction considère Pramac Racing comme une écurie « sœur » pour reprendre les mots de Davide Tardozzi. Mais pourtant, son choix se porta sur « la VR46 ». Une écurie gérée de main de maître, qui l’a fait monter en MotoGP et qui l’a aidé dans son développement personnel.
Il y a un risque ; celui du plafond. Il est toujours plus aisé de rebondir d’une écurie mieux placée dans la hiérarchie en cas de contre-performance sur une saison. Marco Bezzecchi est excellent, et c’est rare de voir un pilote sur la pente ascendante sciemment privilégier une écurie moins forte sur le papier, avec, a priori, une Desmosedici GP23 pour l’an prochain. C’est comme si Enea Bastianini avait refusé l’écurie officielle pour aller chez Pramac si l’on exclut le lien sentimental qui unit Bezzecchi à la VR46. Mais justement, cette proximité fait toute la force de ce renouvellement. C’est une preuve de confiance, et l’on ne peut que louer telle décision à l’heure où la fidélité, en sports, n’est plus qu’un vaste concept.
Si l’on revient à la piste, quelques arguments valident aussi son choix. Premièrement, nous pensons qu’il a sur-performé sur ce début de saison. Nous ne le voyons pas encore au niveau de Jorge Martín malgré ses deux victoires. Parfois, il connaît de vrais trous d’air qui lui coûteront, peut-être, sa position au championnat. Ainsi, le choix VR46, avec sûrement moins de pression, est le plus adapté à ce moment de sa carrière. Ensuite, la Desmosedici GP23 sera une excellente moto. D’autres ont démontré que les Ducati n-1 marchaient très fort, lui y compris cette saison. Pas de quoi s’inquiéter.
"Thanks to Vale, Uccio, Pablo, the VR46 Riders Academy and all those who made this possible. Remaining in the Vale Team is a great motivation as well as a pride". pic.twitter.com/pBSdoIFyI3
— Mooney VR46 Racing Team (@VR46RacingTeam) August 30, 2023
Valentino Rossi s’en frotte les mains
Cette première partie vous semblait peut-être évidente. Tout n’a pas besoin d’être complexe soit dit en passant. En revanche, la signature est bien plus intéressante et subtile quand l’on se place du côté de la VR46. Non seulement Rossi et consort récupèrent l’un des meilleurs pilotes du championnat, mais aussi et surtout, ils privent Pramac Racing d’une pièce maîtresse ; telle est leur plus belle victoire.
Oui, garder Bezzecchi chez soi est une belle œuvre. Il a de la vitesse, peut réaliser des coups d’éclat, voire, gagner dans certaines circonstances. Mais l’ôter aux autres relève du coup de maître. En apposant sa signature sur le papier, Bezzecchi condamne Pramac à dégoter un pilote forcément moins fort que lui pour le remplacer. Même avec deux GP24, il sera difficile pour l’équipe-sœur de rivaliser. Par extension, nous pourrions parfaitement imaginer Mooney VR46 devenir la deuxième force Ducati sur la grille.
C’est un message tellement fort envoyé aux autres teams. Marco Bezzecchi a préféré signer chez eux plutôt que dans une meilleure équipe. Dès cet instant, la VR46 prend davantage de poids au sein du plateau, et n’est plus qu’une équipe de transition comme peut l’être Gresini ou Tech3. Son statut change grâce au renouvellement de Marco. C’est un coup de génie et c’est pourquoi nous imaginons qu’Uccio Salucci et ses hommes ont tout fait pour le garder.
En début de saison, nous écrivions justement sur ce thème peu évident au simple visionnage des Grands Prix, dans une analyse que nous vous invitons à lire en cliquant ici.
Conclusion
Marco Bezzecchi choisit la famille, une décision louable. Rien n’indique qu’il pâtira d’une telle signature, elle est adaptée à ce stade de sa carrière. En revanche, parvenir à garder un tel joyau est un tour de force qui appauvrit l’équipe concurrente, à savoir, Pramac Racing. Du point de vue de la qualité du duo comme du poids de chacune des équipes dans le paddock, Mooney VR46 en sortira gagnante. Bravo à elle.
Et vous, que pensez-vous de ce choix finalement assez osé ? Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport