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Augusto Fernández

Cet été, les discussions vont bon train concernant l’avenir de Pedro Acosta, star montante du Moto2 et champion du monde Moto3 2021. De toute évidence, lui veut rester au sein du giron KTM actuellement représenté par deux équipes en MotoGP : la formation d’usine, et GASGAS Factory Tech3 Racing. Quatre places, avec, quatre bons pilotes même si Pol Espargaró, dans sa 32e année, est définitivement plus proche de la fin de sa carrière que de ses grandes heures. Mais alors, Augusto Fernández doit-il se sentir en danger ? Pour nous, non, et qu’il perde son guidon ne serait absolument pas mérité. Analyse.

Augusto Fernández, à ne pas confondre avec Raúl

Tout d’abord, présentons pourquoi nous sommes en droit de s’inquiéter pour Augusto. À travers son histoire, KTM comme Red Bull, le sponsor titre, ont montré des facilités à se séparer de pilotes prometteurs très rapidement quand les résultats ne suivaient pas. La firme autrichienne n’hésite pas à renouveler ses effectifs très souvent, et participe activement au rapide rajeunissement de la grille. Nous avons déjà écrit à ce sujet, notamment dans l’article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

Cette politique conduisit à l’éviction de Remy Gardner et Raúl Fernández l’an passé, dans des conditions difficiles. Les deux, respectivement champions et vice-champions du monde Moto2 2021 avaient un très fort potentiel au vu de leurs saisons en catégorie intermédiaire, mais cela n’empêcha pas KTM de s’en séparer. Ce fut le cas d’Arnaud Vincent, champion 125cc 2002 puis viré par la firme de Mattighofen dans le courant de l’année 2003.

 

Augusto Fernández

Augusto fait du super travail. Photo : Michelin Motorsport

 

Déjà, l’exemple de Vincent a presque 20 ans, et ensuite, ni Remy Gardner ni Raúl Fernández n’étaient aussi bons qu’Augusto Fernández, c’est le premier point. Oui, on peut discuter des méthodes, mais force est de constater que KTM est une entreprise qui veut gagner ; la paire de la saison 2022 chez Tech3 n’était pas performante. Ainsi, on ne peut pas parler de scandale concernant Raúl et Remy, car, de fait, il n’étaient pas au niveau, et ce pour différentes raisons que nous avons déjà expliquées.

Ainsi, on peut difficilement reprocher à l’employeur de se séparer de deux éléments aussi talentueux soient-ils car trop peu performants – aucun des deux n’a réellement confirmé en 2023, à suivre. Le cas d’Augusto Fernández est tout à fait différent, car lui est très bon au vu de son matériel. Étrangement, on a l’impression qu’on l’associe trop facilement à ses prédécesseurs, comme si le scandale devrait être de même amplitude s’il venait à quitter le mondial de force en fin de saison.

En réalité, la magnitude d’une telle décision devrait être bien plus importante, car ses résultats, son comportement et sa régularité sont tout à fait exemplaires.

Pourquoi il faut le garder précieusement

Augusto Fernández est déjà un grand. Son titre mondial Moto2 2022 acquis au profit d’une erreur d’Ai Ogura – de fait – ne brillait peut-être pas autant que celui de Remy Gardner un an plus tôt, mais cela ne devrait pas altérer la vision de l’observateur quant à son talent énorme. Depuis 2019, Augusto fait déjà partie des meilleurs, capables de véritables exploits.

 

Augusto Fernández

En bonne compagnie. Photo : Michelin Motorsport

 

En MotoGP, il n’est peut-être pas le plus rapide, le plus explosif pour un rookie, mais il est absolument irréprochable. C’est cela qui interpelle à l’étude de son cas ; comme s’il suivait un manuel intitulé « comment être un parfait rookie ? », Augusto Fernández éblouit de par sa discipline et sa régularité dans la performance, sans en faire trop, empreint d’une justesse à toute épreuve. Lui et Franco Morbidelli sont actuellement les deux seuls pilotes à avoir marqué des points lors de toutes les courses principales, sans jamais chuter quand ça comptait.

Certes, il n’est « que » 14e au classement général mais Tech3 ne peut pas vraiment jouer plus haut. D’ailleurs, il n’a pas pu bénéficier des conseils et de l’appui de son coéquipier expérimenté, Pol Espargaró étant blessé depuis le premier Grand Prix de la saison. Tout seul, Augusto poursuit son chemin sans jamais s’éloigner du top 10. Aujourd’hui, il pointe devant Fabio Di Giannantonio au classement alors que lui bénéficie d’un très bon guidon, au sein d’une équipe quatre fois victorieuse l’an passé.

Pour vraiment s’assurer d’un avenir à moyen-terme, au moins, Augusto Fernández devra prendre plus de risques et tenter de se montrer plus souvent devant, exactement comme il l’a fait au Mans en terminant à la quatrième place. Il est vrai qu’il a profité de quelques chutes lors des Grands Prix suivants, mais l’histoire nous montre que son esprit conservateur doit aussi être valorisé, à condition de ne pas rester aux mêmes positions aussi solides soient-elles. Avant lui, plusieurs ont souffert de ce manque d’exposition crucial pour subsister au plus haut niveau, comme Bradley Smith par exemple. Le manque de pointe de vitesse ou de performances marquantes empêche les équipes de s’imaginer le plafond d’un pilote, paramètre absolument déterminant dans le cadre d’une signature.

Mais en attendant, KTM et GASGAS disposent ici d’un pilote qui mérite amplement un guidon pour 2024 au vu de ses résultats, froidement et objectivement, ce qui n’était pas le cas de Remy Gardner et Raúl Fernández malgré ce que les détracteurs de la firme autrichienne laissent entendre. Au-delà de tout bilan comptable, Augusto Fernández a montré qu’on pouvait compter sur lui.

Nous prions pour que les dieux du MotoGP nous entendent, et surtout, pourquoi pas, qu’Augusto réalise une ou deux percées dans le peloton au cours de cette fin de saison, afin de définitivement entériner sa place au plus haut niveau pour les prochaines années.

Qu’en pensez-vous ? Dites-le nous en commentaires !

 

Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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