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Parlons MotoGP Jorge Martín

Personne ne peut stopper Jorge Martín à part lui-même, l’occasion d’en parler dans Parlons MotoGP. Au Japon, il nous a gratifié d’un nouveau grand chelem ; pole, Sprint et Grand Prix. La dynamique de cette saison a changé, c’est une certitude, mais de nouveaux enseignements sont à tirer après ce week-end à Motegi. Passons-les en revue, car le dénouement du championnat 2023 est peut-être en ceux-ci.

 

Jorge Martín ou l’application de la théorie

 

La spirale positive est un effet bien réel. La domination de Jorge Martín (près de 86 % des points disponibles sur les quatre dernières manches raflés par l’Espagnol, et 95 % sur les trois dernières, le terme est juste) est incontestée. Elle permet d’illustrer parfaitement le concept de dynamique si souvent employé dans cette rubrique. On a l’impression qu’il ne peut rien lui arriver. À Motegi, il fut parfait, il n’y a pas d’autres mots. Pas le plus à l’aise le vendredi, il a retourné la situation dès les qualifications, pour ensuite s’offrir un Sprint sans grande difficulté. Jusque là, on connaissait ses capacités à aller chercher ce genre de victoires, mais celle du dimanche est d’autant plus révélatrice.

Sur le mouillé, c’est comme s’il était invincible. Une image a attiré notre attention, en particulier ; son raté au virage n°3 quand la piste était déjà détrempée. Il prend les freins un poil tard, se sort au niveau du long lap, mais comme si c’était écrit, revient en piste, gagne du terrain et reprend la première place. C’est la confiance qui parle, rien d’autre. Dans ces conditions, il faut être sûr, et la limite est bien plus souvent psychologique que physique ; Cette théorie était familière à Damon Hill, champion du monde de Formule 1 1996.

 

Parlons MotoGP Jorge Martín

Insubmersible. Photo : Michelin Motorsport

 

Tout lui réussit – son dépassement sur Quartararo en Inde s’inscrit dans cette logique – tout va dans son sens, jusqu’au prochain changement de dynamique. Arrivera-t-il avant la fin de saison ? C’est toute la question, car en l’état, personne ne peut lui contester quoi que ce soit, ou presque. Son destin est entre ses mains.

 

L’avantage sur Bagnaia

 

Pecco devait essayer de renverser la situation au Japon en battant franchement son vis-à-vis. Mais ça n’est pas arrivé. Attention ; tous les duels gagnés ne sont pas des occasions de reprendre l’avantage sur une saison (Silverstone 2013, Australie 2013, Motegi 2017, Autriche 2019) mais ils y contribuent. Et encore une fois, exactement comme en Inde, Bagnaia est le « battu ». Deuxième en qualif, troisième en Sprint et deuxième en course, toujours derrière le « Martinator ». Même si je continue à penser que l’Italien est un meilleur pilote MotoGP, force est de constater que sur l’unique plan de la confrontation directe, l’Espagnol a le dessus.

Si l’on exclut le Mugello, où Pecco s’imposa exactement comme Jorge Martín à Motegi, le pilote Pramac Racing n’était pas vraiment dans le coup quand « Go Free » enchaînait les succès comme des perles. Psychologiquement, ce n’est pas la même chose que de perdre des points en étant septième que deuxième, le second scénario est bien plus impactant. Et quand les deux ont croisé le fer, au Sachsenring, c’est Martín qui en sortit vainqueur.

 

 

Ainsi, le « Martinator » a toutes les raisons d’être en confiance. D’abord, il bénéficie du statut de challenger, et non pas de favori. Il n’a absolument rien à perdre, libéré de toute pression. Comme il le disait après Misano, ça n’est pas à lui de ramener le titre pour Ducati. Ensuite, il sait qu’il a les capacités de battre Pecco Bagnaia sur un week-end complet mais aussi le temps d’une course. C’est maigre, certes, mais Bagnaia ne peut pas se targuer de cela.

 

Digression – Pecco Bagnaia n’a rien fait de mal

 

C’est ce qui nous choque le plus dans ce changement de momentum. D’habitude, le déroulé des évènements est toujours en faveur d’un pilote, puis d’un autre quand le premier subit un coup du sort, une action, un duel perdu. Mais celui-ci ne s’est pas fait au détriment de Pecco. À part tomber, il est irréprochable et pourtant, ça ne suffit pas. Comme nous l’avions étudié après le Grand Prix d’Inde, Barcelone était un tournant de la saison, à n’en pas douter. Mais cela n’aurait pas dû enrayer la dynamique de Pecco car il est très bien revenu à Misano, n’a pas été ridicule en Inde et encore moins au Japon. Dans le même temps, Jorge Martín a gagné en importance mais la transition s’est faite de manière extrêmement douce, sans accroc.

 

Parlons MotoGP Jorge Martín

Bagnaia a eu les occasions, mais jamais il ne put passer devant, même à la sortie des stands, bloqué par son pit limiter. Photo : Michelin Motorsport

 

Prenez les saisons passées ; celles qui furent disputées, bien entendu. En 2022, le Fabio Quartararo d’après Assen n’avait plus rien à voir avec le précédent. En 2017, une 10e place en Catalogne suffit à Maverick Viñales pour casser l’excellent momentum qu’il s’était créé, et ainsi de suite. Regardez aussi ce qu’il se passe en Moto3, avec la dégringolade de Daniel Holgado aux points, qui fait suite à sa grosse contre-performance lors des qualifications en Catalogne. C’est d’ordinaire assez net, franc, mais pas cette fois.

Bagnaia chute plus, certes, mais n’est certainement pas plus irrégulier que Jorge Martín. Il n’est pas moins rapide non plus, pas moins explosif. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les deux ont un profil très similaire, que ce soit dans l’approche d’une saison (moyennes de points par course très basses, ils misent sur les coups d’éclats) que dans le pilotage (deux enfants de Jorge Lorenzo). La physionomie de ce championnat est assez difficile à appréhender, et pour l’instant, je n’arrive pas à déceler le moment où Bagnaia « a tout perdu » d’une part, et celui où Jorge Martín « a tout gagné » de l’autre, même si la séance de qualifications à Misano est une première piste. Cela nécessite davantage de recherches, peut-être en se penchant sur d’autres notions relatives à d’autres disciplines. Je voulais tout de même proposer cette piste de réflexion.

Qu’avez-vous pensé du Grand Prix de Jorge Martín à Motegi ? Dites-le nous en commentaires !

 

En route vers le titre ? Mais Ducati l’autorisera-t-il ? Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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