Jack Miller est peut-être en retrait lors de ces
dernières manches, mais il pourrait bien quitter Ducati en
vainqueur. En effet, l’Australien a toutes ses chances sur
la piste de Valence d’autant plus qu’il détient les cartes les plus
importantes dans sa main. Analyse d’une situation (très)
particulière. Cela peut paraître étonnant, mais nous (tout
du moins l’auteur de cet article) voyons bien Jack Miller sur la
plus haute marche du podium dimanche prochain.
Si la Ducati Desmosedici GP22 n’a pas de défauts, elle est
particulièrement à l’aise sur le circuit Ricardo
Tormo. C’est le premier point de cette étude.
Historiquement, la firme de Borgo Panigale y a toujours bien
figuré. Dès la première année d’engagement en Grand Prix, soit
2003, Loris Capirossi était monté sur le podium.
Troy
Bayliss s’y est imposé avec la manière en 2006, tout
comme Stoner en 2008, Dovizioso en
2018 et Bagnaia en 2021.
Ainsi, nous devrions voir, comme partout désormais, des Ducati
performantes et clairement dans le coup. Rien de nouveau sous le
soleil. En revanche, il s’agit d’un tourniquet qui convient
parfaitement à Jack Miller. Il s’y est imposé en
Moto3 lors de la saison 2014, et y compte trois podiums lors des
quatre derniers rendez-vous en Communauté valencienne.
Ensuite, sa forme du moment n’est pas mauvaise, mais a été
entachée par plusieurs faits de course. Depuis sa
majestueuse victoire à Motegi, il compte un autre podium en
Thaïlande. Fauché par Álex Márquez à
Phillip Island tôt dans la course, il n’a pas eu l’occasion de
révéler tout son potentiel lors de son Grand Prix national. En
Malaisie, il fit preuve d’un grand sens de la course pour se frayer
un chemin dans le peloton, lui qui partait 14e après une Q1 ratée.
Malgré un départ moyen, il réussit à remonter à la sixième
position.
Les chiffres nous en disent plus sur son état de forme. Durant la
première partie de saison, il tourne à 11,4 points par
course lorsqu’il franchit la ligne d’arrivée, soit la
cinquième position en moyenne. Depuis Silverstone
et la reprise estivale, il enchaîne les bonnes performances et
ramasse 16,8 points par course quand il ne chute
pas, équivalent à la troisième place. Que retenir de cette
dynamique ? Son
momentum est encore bon, et c’est bien quelques
évènements uniques qui ternissent sa fin de saison. Pas
d’erreur fondamentales ou de grosse perte de vitesse à
signaler ; c’est plus qu’un simple détail.
Pour finir, et bien que du beau temps soit annoncé, au moment où
ces lignes sont écrites, « Jackass »
pourrait profiter d’un caprice de dame Nature, lui qui excelle sur
le mouillé. Valence nous a habitué à des changements brusques de
météo, et il n’est pas rare de voir des courses folles aux
scénarios imprévisibles. Il y a fort à parier que Jack ne dirait
pas non à une telle situation.
Il n’y a donc aucune raison que Miller ne joue pas la gagne, ou au
moins le podium. L’Australien a du rythme, une vitesse correcte
(meilleur tour en course lors du Grand Prix en 2020), est à l’aise
sur ce tracé, et aura à cœur, pour sa dernière avec Ducati, de
régaler les fans et de montrer à sa direction qu’ils n’ont
(peut-être)
pas fait le bon choix.
Ainsi, il est libéré de toute pression, bien que le
titre de Bagnaia
soit encore en jeu. Pour autant, Miller ne devrait pas
recevoir d’ordres, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il y
a très peu de chances pour que Pecco et Miller se disputent la
victoire. En effet, si « Go Free » part devant et
nous fait une démonstration dont il a le secret, Jack ne pourra
sans doute pas suivre le rythme à la régulière, et donc pas de
chances d’accrochage. L’inverse est aussi vrai. Miller a des
grandes chances de gagner en solitaire s’il est dans son jour.
D’ailleurs, ses trois succès en Grands Prix ont été acquis
de cette façon.
Bien entendu, il ne faudra pas tenter le diable sur le leader du
championnat, mais ça, Jack le sait déjà : Cela relève plus du bon
sens que de la consigne d’équipe. Ensuite, s’il joue le podium avec
Bagnaia derrière, Ducati aurait grand tort de
demander un changement de position. Cela entacherait l’image de
marque alors que ce n’est simplement pas nécessaire, Fabio
Quartararo devant ou pas. Pour rappel, Bagnaia doit
terminer en 14e position pour être titré peu importe le résultat de
« El Diablo ».
Pour toutes les raisons que nous venons de détailler, un Miller
totalement libéré compte assurément parmi les favoris. Pensez-vous
qu’il est en mesure de s’imposer et de jouer les
trouble-fête ? Dites-le-nous dans les
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport