Notre discipline est l’œuvre de pilotes. Elle existe grâce au talent de légendes, de preneurs de risques, mais aussi, de constructeurs, entre autres acteurs de la piste. Cependant, en MotoGP, un homme exclu du côté sportif bénéficie d’un grand rôle depuis le mois d’avril 2023. Peu connu des fans, les « huiles en chemise » sont tout aussi importantes pour l’écosystème, si ce n’est plus. Aujourd’hui, penchons-nous sur celui qui est, de mon point de vue, la pièce la plus importante de l’échiquier, au moins autant que le patron Carmelo Ezpeleta : Dan Rossomondo.
Qui ça ?
Vous avez peut-être déjà vu passer son nom dans nos colonnes. Daniel « Dan » Rossomondo est le CCO (Chief Commercial Officier) de Dorna Sports. On pourrait traduire ceci par « directeur commercial », mais cela reste plus vague dans la langue de Shakespeare. Il s’agit d’un Américain, diplômé d’une branche de la prestigieuse Université de Georgetown, l’une des meilleures du pays. Il a remplacé Manel Arroyo, un ami proche de Carmelo Ezpeleta qui travaillait de pair avec Dorna depuis 1988. Ceci dit, ce dernier est toujours très haut placé dans l’organigramme en tant que « conseiller stratégique » du CEO, le boss. Un terme encore plus vague, mais là n’est pas la question.
Dan Rossomondo a un CV long comme le bras. Il rentre en tant que directeur du département média à la NBA (National Basketball Association, la ligue professionnelle de basketball aux États-Unis) de 2004 à 2007, puis part sans grand fait d’armes. Il signe ensuite avec la Warner en tant que vice-président du département « partenariats », toujours dans la communication. Jusqu’ici, il monte les échelons sans trop faire de vagues.
Puis, sa carrière prend un autre tournant lorsqu’il retourne en NBA en 2009. De cette année jusqu’en février 2023, il occupe plus ou moins tous les postes d’importance en rapport avec la communication et le développement de la marque « NBA ». De 2017 à 2021, il était celui, qui, par exemple, gérait les entrées d’argent pour la NBA, la WBNA (la NBA féminine), la G League (sorte de deuxième division semi-professionnelle), la NBA 2K League (la ligue d’e-sport sur le jeu NBA 2K), ainsi que Team USA Basketball, l’équipe nationale représentée aux Jeux Olympiques ainsi qu’aux championnats du monde FIBA. Rien que ça.
Du coup, Rossomondo a fait le grand saut en passant du côté du MotoGP en avril, et ceci fut officialisé lors du Grand Prix des Amériques 2023. C’est le premier point à retenir de cette analyse ; Dan est un monstre, l’un des meilleurs du monde à son poste. Il n’y a pas de crainte à avoir quant à la qualité et à l’implication du bonhomme dans les plus hautes affaires de notre discipline.
Le tour de force
Maintenant, vous pouvez légitimement vous poser la question : qu’a-t-il fait pour être qualifié de la sorte ? Et pourquoi est-il si important ? N’ayez crainte, la réponse arrive.
D’abord, en NBA, il a tout fait. D’une ligue plus confidentielle, presque lente dans les années 2000, Rossomondo a largement œuvré pour l’explosion de celle-ci à l’international. Il a instauré un véritable « show » NBA, en n’excluant pas non plus les spectateurs dans les stades. Il n’a pas fait cela tout seul, c’est sûr, et d’ailleurs, il a largement bénéficié d’un changement de patron en 2014. Le précédent David Stern était visionnaire, à n’en pas douter, mais Adam Silver, le nouveau « commissaire » de la NBA depuis 11 ans, est un fervent défenseur de l’accessibilité au plus grand nombre, de l’expansion internationale et de la communication à outrance. Avec une sensibilité aux réseaux sociaux, un critère primordial à plus d’un titre.
Même si ce n’est pas uniquement de son fait ; la NBA est passée d’un revenu global de 3,81 milliards de dollars à son arrivée en 2009 à 10,58 milliards à la fin de la saison 2022-2023. C’est énorme. Même si la NBA n’arrive toujours pas à convaincre les USA (le football américain truste toutes les meilleures audiences et génère davantage), c’est un carton sur le reste du globe. La Chine, l’Europe et le Canada, notamment, sont aujourd’hui plus passionnés que jamais aussi grâce aux travaux de Dan Rossomondo.
Tout cela laisse rêveur quand l’on imagine ce qu’il pourrait faire de notre MotoGP, qui, malgré sa place historique de sport mécanique n°2 (éternellement derrière la Formule 1), reste un sport « de niche », où les plus grandes légendes ne sont pas populaires au premier sens du terme, hormis Valentino Rossi, évidemment.
C’est tout pour aujourd’hui ! Après avoir présenté le personnage et posé les bases, nous reviendrons sur ce qu’il a promis de faire en MotoGP demain. Nous établirons aussi un parallèle évident avec la Formule 1, et pourquoi il faut faire attention à ces changements.
Dites-moi ce que vous en pensez en commentaires ! La deuxième partie de cette analyse est parue ! Cliquez ici pour la retrouver !
Photo de couverture : MotoGP