Álex Márquez dispose d’un an pour prouver sa
valeur au monde entier. Peut-il le faire ?
Alors que la saison 2023 approche à grands pas, nous vous
présentons dix sujets à surveiller tout au long de l’année. Cela
peut concerner des pilotes, des équipes ou d’autres thématiques,
avec, à chaque fois, un avis relativement tranché : Ici, on
se mouille. Bien sûr, vous êtes invités à dire ce que vous
en pensez en commentaires.
Hier, nous sommes revenus sur le cas de son frère Marc ; une
analyse que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette phrase en
surbrillance.
Álex Márquez le sait mieux que personne, il doit
rentrer fort, sur un gros rythme, pour montrer qu’il peut être
considéré comme l’un des dix meilleurs pilotes de la grille a
minima.
Très confiant après les essais de Portimão, il sait
qu’il possède une arme redoutable, capable de jouer le podium voire
la victoire. Mais pourquoi cette année est-elle si
importante ?
Parce que le bilan de sa carrière en dépend.
Jusqu’à maintenant, son passage en MotoGP est décevant, soyons
francs. 14e du général en tant que rookie, puis
16e en 2021 et 17e en 2022 :
du point de vue de la dynamique et des mathématiques, il est en
régression constante. S’il ne réussit pas à faire fonctionner la
Desmosedici GP22 en 2023, alors il y a peu de
chances qu’il trouve un guidon de secours au vu des talents qui
arrivent du Moto2, mais aussi de la place qu’il prend sur la
grille.
Car oui, Álex Márquez est un miraculé. Finalement,
quand on y réfléchit, ce guidon Gresini Racing est
une aubaine absolue. Joan Mir aurait parfaitement pu y prétendre,
tout comme Álex Rins. En tout cas, rien qu’il eût fait sur ces
trois dernières années n’aurait pu justifier telle signature ;
c’est à dire dans une équipe qui s’imposa à quatre reprises en
2022.
C’est, à coup sûr, le grand gagnant du mercato hivernal, bien plus
que Enea Bastianini. Une sorte de seconde chance,
en quelque sorte, après une première partie de carrière en deçà des
attentes. Maintenant qu’il a une moto dont la performance est
connue, impossible pour lui de se rater. Davide Tardozzi lui même
veut le voir se battre pour des podiums, ce qui place le niveau
d’attentes autour du petit frère Márquez. S’il réussit, alors il
aura la possibilité de continuer pour peut-être décrocher un
meilleur guidon encore. S’il rate, il y a de grandes chances pour
qu’il quitte la catégorie reine. 42 départs pour changer un destin.
Après mûre réflexion, il est, de loin, celui qui joue le
plus gros en MotoGP sur la campagne qui se profile.
Maintenant que le décor est posé, peut-il seulement y
arriver ? Selon nous, oui.
Premièrement, nous tenons à rappeler qu’au fil des articles de
cette rubrique, nous avons toujours cru en Álex
Márquez, parfois à tort, il faut bien l’avouer. Mais nous
n’arrivons pas à occulter deux éléments essentiels. Tout d’abord,
il est double champion du monde en Moto3/Moto2, une prouesse que
seuls Dani Pedrosa, Manuel
Poggiali et son frère ont réussi à faire au XXIe siècle
(ou équivalent deux-temps). Rapporté à 70 ans d’histoire, ce n’est
réellement pas si fréquent. Ceci implique qu’il sait comment
gagner, qu’il dispose, quelque part en lui, de cette mentalité qui
convient quand il s’agit de marquer les esprits. C’est pour cela
que nous pensons que ces échecs de 2021 et 2022 (nous reviendrons
sur 2020 dans quelques instants) ne sont pas si importants pour
2023.
Ensuite, la dynamique, cruciale, est désormais totalement
différente. Nous sommes persuadés qu’il a le mental pour passer
outre ces saisons douloureuses, et qu’il sait, en grand champion,
se créer un environnement vertueux ex nihilo. D’ailleurs,
son titre Moto3 de 2014 est une preuve de cette résilience
caractéristique. Nous n’avons aucun doute sur le fait qu’au
contraire de certains pilotes, son passé ne le gênera en rien et
qu’il saura aller de l’avant.
Deuxièmement, il faut relativiser ses résultats récents.
Oui, en 2022 notamment,
Álex Márquez n’y était plus. Son langage corporel, ses
résultats et ses déclarations trahissaient sa relation toxique avec
la Honda RC213V (sans doute la pire MotoGP de la firme depuis la
création de la catégorie en 2002). Il faut garder en tête qu’il n’a
connu « qu’une seule machine », celle-ci. Il est tout à
fait normal qu’un pilote peine à trouver de la motivation et n’ait
pas envie de tomber juste pour accrocher une 12e place.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, de nombreuses légendes
se sont retrouvées dans cette situation, en Grands Prix
motos comme en Formule 1.
Mais quand on regarde de plus près sa première année, 2020 –
aux côtés de Stefan Bradl – alors il était loin
d’être ridicule. A posteriori, prenons-nous un
risque en disant qu’il s’agit de la meilleure campagne d’un pilote
Honda Repsol autre que Marc Márquez depuis le départ de Dani
Pedrosa ? Il ne faut pas oublier qu’il découvrait une moto
taillée pour son frangin, très difficile à faire fonctionner et en
plus, sans pouvoir bénéficier des précieux conseils de Marc en
raison de sa blessure. Gardons en tête Aragón, avec sa 2e position
au terme d’une course splendide, marquée par une vitesse de passage
foudroyante dans le dernier virage. Oui, Álex Márquez est
définitivement capable de prouesses.
En conclusion, nous ne voyons pas pourquoi il ne réussirait
pas ce pari. Il a toutes les cartes en main pour devenir
l’outsider de cette saison 2023. Initialement, nous réservions ce
titre potentiel à Brad Binder, mais
KTM nous a surpris lors des essais hivernaux, et
pas dans le bon sens. Il suffit, comme en 2022, que les Desmosedici
GP23 mettent un peu de temps à prendre leurs marques pour que Álex
Márquez fasse une percée sensationnelle, d’autant que les sprints
ne lui font pas peur. À surveiller de très près dès
Portimão, l’un de ses tracés favoris.
Êtes-vous aussi optimises que nous quant au cas Álex
Márquez ? Les paris sont ouverts : Dites-nous en
commentaires où vous le voyez figurer en
novembre !
Photo de couverture : Michelin Motorsport