Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour de Marco Bezzecchi, un joyeux drille que personne ne pouvait voir venir. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Brad Binder, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Mais d’où sort ce mec ?
Il n’y a quasiment que du positif à dire sur Marco Bezzecchi. Il fut sensationnel, transcendant, fou, véloce, incroyable ; les superlatifs manquent pour le décrire. Revenons sur sa saison en plusieurs points distincts, en commençant d’abord par le positif avant de nous pencher sur ce qui a un peu pêché, car tout n’a pas été rose.
D’abord, d’où vient-il ? Personne ne pouvait prédire une telle explosion après sa saison rookie 2022 (achevée en 14e position), mais aussi, après ses jeunes années en petites catégories. Le Bez’ avait toujours été fort, mais dans l’ombre d’adversaires encore plus puissants. Cette saison, ironiquement, c’est encore le cas, mais à une toute autre échelle.
Avant l’entame, je prédisais une domination de Bezzecchi sur son coéquipier Luca Marini en raison de son approche différente, plus portée sur l’attaque et donc, plus en accord avec le nouveau format. Mais quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un pilote absolument fantastique, dès l’Argentine. Au final, il prend trois victoires aussi folles les unes que les autres, quatre autres podiums, un succès en Sprint, trois poles, quatre meilleurs tours en course pour 329 unités, soit 45,5 % des points disponibles contre 22,2 % l’an passé. Époustouflant.
Un style commun mais des triomphes rares
Comme tous les élèves de la VR46, son style sur la moto est plutôt neutre, propre, même s’il incarne davantage la folie qu’un Luca Marini ou qu’un Pecco Bagnaia par exemple. Quand il décide de se la coller, il est irrattrapable. En Argentine, j’en parlais, sous la pluie : Il fit une démonstration pour prendre sa première victoire en se jouant des éléments. Au Mans, il n’attendit personne pour s’échapper et finir à plus de quatre secondes de Jorge Martin. Et puis, sans doute le plus saisissant ; l’Inde, avec cette chevauchée solitaire conclue par un franchissement du damier huit secondes devant son plus proche poursuivant, sur le sec ! Je n’ai pas le souvenir d’un tel écart dans ces conditions. Alors, bien sûr, il s’agissait d’un nouveau circuit donc le temps d’apprentissage peut varier, il n’est pas certain que nous aurons la même configuration l’an prochain. Mais tout de même.
Il était le « pilote spectacle » de la saison 2023, à n’en pas douter. L’outsider que l’on attendait pas, le type qui pouvait faire douter les meilleurs du monde jusqu’à les rejoindre du haut de cette 3e position au classement général. Savoir gagner est une chose, mais savoir s’imposer de cette manière témoigne d’un grand sens de la course, d’un talent rare, et d’une certaine forme de culot dont beaucoup devraient s’inspirer.
Un caractère bien affirmé
Je voulais mentionner ce point, car je pense qu’il revêt d’une importance capitale. Marco Bezzecchi n’est pas comme les autres, dans le bon sens du terme. Hormis cette fraternité qu’il partage avec plusieurs pilotes, il est un trublion sans le côté agitateur, ni redondant. Il est franc, et sa silhouette est identifiable à des kilomètres. Forcément, sa touffe fait penser à Marco Simoncelli et il y a des similitudes entre les deux, notamment cette expression de soi très italienne dans l’esprit.
Qu’on aime sa bouille ou pas, qu’on apprécie son image ou non, je ne peux que féliciter la naissance d’un nouveau personnage sur la grille, un élément qui manque de nos jours.
Pas au niveau de son acolyte
Au vu des paragraphes ci-dessus, on pourrait croire qu’il a fait la saison parfaite. En réalité, je pense que ce n’est pas le cas, et ce pour plusieurs raisons. Mais gardez en tête qu’à son jeune âge (25 ans), ça n’est en rien répréhensible.
Déjà, il n’a jamais été au niveau de Pecco Bagnaia quand cela comptait. Il n’y a qu’une course où le pilote VR46 mit échec et mat le champion du monde ; le Sprint à Assen. Il n’y avait rien à dire. Mais le dimanche, son pote lui fit la leçon. Et c’est un peu le résumé de sa saison, malheureusement. En Argentine, lorsqu’il remporta la course, comme au Mans, Pecco Bagnaia n’était pas de la partie. Sur le mythique tracé de Silverstone, il chuta en voulant suivre l’officiel Ducati, et c’est sans doute ici qu’il a perdu le titre.
Ce n’est pas qu’une question de Pecco, mais plus généralement, je pense qu’il a sur-performé sur la première moitié de saison. Ceci lui permit de rafler la troisième place du général, mais je ne pense pas qu’il soit plus fort que Brad Binder, par exemple. D’ailleurs, il ne s’est jamais immiscé dans une des grandes joutes de cette campagne. Au Sachsenring, à Jerez, ou encore, en Thaïlande, il n’était pas de la partie, comme en retrait.
J’en viens donc à sa régularité dans la performance, souvent défaillante. Il compte quelques résultats assez inexplicables, comme cette 8e place au Mugello, entre autres finish hors du top 10. Quand on se frotte à des monstres, ça ne pardonne pas.
Concernant sa saison, je suis obligé de mentionner sa blessure entre le Grand Prix du Japon et l’Indonésie. C’est plutôt inquiétant, car Luca Marini a eu la même au même moment et ce dernier est largement mieux revenu. Après sa victoire en Inde, Bezzecchi ne compte plus aucun podium ni pole position. La dynamique n’est pas excellente.
Conclusion
Marco Bezzecchi a été exceptionnel. Oui, il est encore loin du titre, très loin même. Selon moi, un fossé sépare les deux premiers du général et le reste. Mais force est de constater qu’il a parfaitement assumé son rôle d’outsider surprise ; trois victoires sur une campagne ne sont jamais anecdotiques en MotoGP. Je lui tire mon chapeau, d’autant plus qu’il n’a pas eu beaucoup de chance – percuté à Jerez, à Spielberg, à Valence et surtout, lors du Sprint en Inde qu’il aurait sans doute gagné. Il n’aurait pu aller chercher mieux au général, mais c’est à mentionner.
Concernant la note, je lui attribue un bon 18/20. Hormis cette petite chute de performance sur la fin, sans doute liée à un retour de blessure, il n’y a pas grand-chose à redire.
Quelle note lui attribueriez-vous ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport