Parlons MotoGP : Pedro Acosta n’est pas Marc Marquez

C’est l’heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui, au tour de Pedro Acosta. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !

Hier, nous sommes revenus sur le cas de Maverick Vinales ; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.

 

Très bon, mais pas surprenant

 

J’ai longtemps attendu ce moment. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai eu la chance de suivre Pedro Acosta depuis ses débuts, et son arrivée dans la cour des grands était, en soi, une raison d’allumer la télé début 2024. Finalement, qu’en est-il après un an ? Eh bien, il a été très impressionnant, sur plusieurs points.

D’abord, ce qui me frappe le plus, c’est sa maturité, son aisance avec les médias et les outils de communication actuels. Acosta est jeune, frais, ose jouer avec la presse, rigole souvent, semble insensible à la pression… ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu de rookie aussi charismatique en catégorie reine. Ensuite, son talent intrinsèque, même si ce n’est pas une surprise. Champion du monde Moto3 2021 en tant que rookie, il a aussi décroché le titre Moto2 en 2023, comme d’autres grands avant lui. En général, ces talents générationnels s’adaptent bien à la catégorie reine (Rossi, Pedrosa, Lorenzo, Marc Marquez…). Au vu de ses résultats, on peut dire que c’est réussi.

 

 

Pedro Acosta achève ce premier exercice en MotoGP à la sixième position, devant Maverick Vinales et à deux points seulement derrière Brad Binder, qui évoluait dans l’équipe d’usine KTM. Les résultats de Jack Miller et ceux d’Augusto Fernandez n’ont fait que me donner raison : ne pas donner le guidon d’usine à Acosta sans attendre était, sans doute, une erreur. C’est le genre de pilote auquel il faut donner les clés du camion, c’est le genre de pilote qu’on ne voit qu’une seule fois par génération.

Chez GasGas Tech3, il s’est plu, et n’a pas tardé à rivaliser avec Brad Binder, un autre prodige. D’ailleurs, je pense qu’il a fait une bien meilleure saison que le Sud-Africain ; ce dernier n’avait jamais connu telle compétition interne, et fut déjà poussé dans ses retranchements par un jeune homme de 20 ans. Sur la deuxième partie de saison, après la régression d’Aprilia, Acosta était le seul pilote à pouvoir rivaliser avec les Ducati, comme l’en attestent ses trois podiums dominicaux acquis d’Aragon à Barcelone, sans même compter son excellent week-end au Japon – qui s’est conclu par deux chutes.

 

Trop souvent par terre ?

 

Impossible de passer à côté de la statistique : avec 28 chutes, il est celui qui est le plus souvent tombé cette saison. Il compte cinq abandons rien que le dimanche et quelques erreurs à des moments cruciaux, comme à Assen, et, bien sûr, à Motegi, lorsqu’il semblait en mesure de jouer la victoire sur les deux courses. Je ne pense pas qu’on puisse lui jeter la pierre. Existe-t-il meilleur moment pour apprendre en chutant qu’une première année dans une équipe satellite ? Non, et c’est comme ça que les grands font. Il cherchait ses limites, et quand la vitesse justifie les moyens, les erreurs ne doivent pas être répréhensibles. Il a fait un très bon rookie, mais simplement, peut-être pas aussi grand que ce que j’en attendais.

 

N’est pas Marc Marquez qui veut

 

Peut-être avais-je des attentes trop élevées le concernant, mais je le voyais s’imposer au moins une fois cette saison. Il est parti depuis la pole, certes, mais n’a jamais ne serait-ce qu’été proche de vaincre Bagnaia, Martin et consort en 2024. Ça n’en fait pas un mauvais pilote, loin de là, mais je ne peux pas dire qu’il fut un rookie exceptionnel. L’année dernière, j’avais dressé un étonnant parallèle avec Marc Marquez, dont la trajectoire de carrière, jusque là, avait été très similaire. Mais un an après, il n’en est rien.

 

 

Marc Marquez, ou même, Lorenzo, Pedrosa, Rossi et tous les autres géants précédemment cités – Acosta étant de la même trempe – ont connu de bien meilleures premières saisons en MotoGP. Autres époques, autres règles me direz-vous. Sauf que même récemment, nous avons connu de meilleurs rookies. Johann Zarco, en 2017, était tout aussi véloce et sans doute plus proche de la tête qu’Acosta en 2024. Idem pour Fabio Quartararo en 2019, qui parvenait à lutter avec la meilleure version de Marc Marquez. Tous deux avaient des motos satellites, dont la performance était assez éloignée de celles que montaient les meilleurs. Brad Binder en 2020 et Jorge Martin en 2021 remportèrent tous deux une course dans leur premier exercice en MotoGP, ce que n’a pas réussi à faire Acosta.

 

Conclusion

 

Pedro Acosta a été très bon, mais pas exceptionnel au premier sens du terme. Plus que de la vitesse, il a montré qu’il était taillé pour l’environnement MotoGP, et prêt à devenir la face de ce sport… en attendant David Alonso. Cette première victoire n’est jamais arrivée, et il ne faut pas oublier l’attente qu’il générait en début de saison lorsqu’il en était assez proche. Beaucoup le voyaient battre le record de précocité de Marc Marquez ; alors, relativisons quelque peu, et attendons sagement qu’il devienne une légende. Bien sûr, il faudra le surveiller l’année prochaine.

Qu’avez-vous pensé de Pedro Acosta en 2024 ? Dites-le nous en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

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C’était le dernier Parlons MotoGP de l’année ! À chaque épisode, vous avez été au rendez-vous. Merci encore de faire vivre cette chronique grâce à vos avis pertinents. Joyeux réveillon à vous ainsi qu’à vos proches, et bien sûr, une petite pensée pour ceux qui sont seuls en ce soir de fête.

 

 

Photo de couverture : KTM Tech3