Pedro Acosta fait un peu moins parler de lui ces derniers temps ; une chose est sûre, il ne battra pas un prestigieux record destiné à rester dans les mains de Marc Marquez. En effet, sans le discréditer le moins du monde, il est factuellement moins surprenant depuis quelques courses, alors qu’on l’attendait – peut-être illégitimement – plus fréquemment aux avant-postes. Est-ce la vérité ou un simple ressenti ? Analyse.
Plus discret
Après son énorme performance au Grand Prix du Qatar 2024, tout le monde était unanime. Pedro Acosta venait de confirmer trois années d’intenses spéculations et d’assumer son statut de talent générationnel. Puis, est venue cette exceptionnelle troisième place au Portugal, immédiatement suivie par un autre podium à Austin. Là, ça s’est compliqué.
En Sprint, il est toujours parvenu à se dépasser, empochant encore trois top 3 sur le format court en Espagne, en Catalogne ainsi qu’en Italie. Mais les chances de battre le record du plus jeune vainqueur en MotoGP, détenu par Marc Marquez depuis 2013 (20 ans et 63 jours) s’amenuisaient à vue d’œil, d’autant plus que cela aurait dû se produire un dimanche pour être valide.
Clairement, il n’est plus aussi performant que sur le début d’année. Les chiffres ne trompent pas. Si l’on exclut les deux abandons qu’il a subi lors des courses dominicales, il commence à chuter plus souvent, et parfois à des moments critiques comme à Assen, dans le dernier tour. Cela me rappelle la manière dont Jorge Lorenzo décrivait ses débuts : tout semblait marcher les premiers temps pour « Por Fuera », et après, sans qu’il ne comprenne parfaitement pourquoi, il tombait davantage, avait moins de facilité à jouer avec les cadors.
À l’heure où ces lignes sont écrites, Pedro Acosta n’est pas rentré dans les points d’un Sprint depuis le Mugello. Visuellement, il ose moins de dépassements audacieux, paraît moins facile, moins explosif que sur les premières manches. Cela a peut-être un rapport direct avec la réalisation internationale qui insistait alors sur lui – parfois trop, qui, désormais, se concentre davantage sur les folles remontées de Marc Marquez ainsi que les exploits de Pecco Bagnaia et Jorge Martin.
Il faut surveiller ce phénomène de près, car maintenant que l’on sait qu’il sera pilote officiel KTM l’année prochaine, son rôle chez GasGas Tech3 prend plus d’ampleur encore. Après le Grand Prix d’Allemagne – qu’il considérait d’ailleurs comme « mauvais », il nous apprenait qu’il allait visiter, ce mois de juillet, l’usine KTM à Mattighofen afin d’en savoir plus sur le personnel, les machines, et la direction à prendre. C’est en cela que son implication et son rôle tendent vers le pilote officiel alors qu’il a encore plus d’une demi-saison à disputer au sein de la formation d’Hervé Poncharal.
Est-ce si terrible que ça ?
Est-ce que c’est grave, docteur ? Pas du tout. D’accord, certains cracks sont parvenus à s’imposer dans leur première année en MotoGP lors des saisons passées. Comment ne pas penser à Jorge Martin en 2021, ou encore, Brad Binder un an plus tôt. Mais à l’étude des statistiques avancées et des résultats, il n’est pas loin du tout et reste très solide sur la moto.
Il est en pleine phase d’apprentissage à son jeune âge. Cela ne l’empêche pas de battre régulièrement les officiels KTM, comprenez Brad Binder, porte-étendard de la firme autrichienne. De toute évidence, la RC16 n’est pas au niveau de la Ducati Desmosedici, et elle est même bien plus loin de l’Italienne qu’elle ne l’était en 2023.
Même si Binder a retrouvé sa régularité incroyable de 2022 – qu’il avait troquée contre un style bien plus explosif en 2023, il pointe toujours derrière Pedro Acosta au classement général, alors que ce dernier compte deux abandons contre aucun pour le Sud-Africain. Quand les deux ont vu le drapeau à damier, Acosta a battu Binder à quatre reprises le dimanche contre trois pour l’officiel KTM.
En qualifications, c’est encore pire. Binder perd 6-3 dans son duel direct contre Acosta le samedi matin. Ceci se confirme aussi l’après-midi, où le champion Moto2 en titre est apparu sept fois dans les points, contre quatre pour Brad. La différence est là, existe, bien plus encore que ce que ne laissent comprendre les deux petits points qui les séparent au général. Et même si la dynamique actuelle va plutôt dans le sens du Sud-Africain – ou plutôt, contre Acosta en réalité, il a quand même fait mieux lors du Grand Prix d’Allemagne.
Inutile de parler de Jack Miller et d’Augusto Fernandez, qui stagnent actuellement en 16e et 17e position du classement général, à des années-lumière des deux hommes de pointe.
Conclusion
Pedro Acosta est loin de faire un mauvais début de saison. Il n’est peut-être pas à la hauteur des attentes sans doute trop élevées, mais tout de même, il reste le meilleur rookie depuis Jorge Martin, a minima. Cette phase d’apprentissage est tout à fait normale ; les prévisions de tous les observateurs sortaient encore plus de la norme que lui. Et ce n’est pas grave non plus, car son palmarès justifiait, en quelque sorte, de telles espérances. La différence avec Brad Binder jusqu’à maintenant me pousse à dire qu’il a réalisé un très bon début d’exercice.
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Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Tech3