Pecco Bagnaia titre

Pecco Bagnaia, en pleine course au titre mondial MotoGP, vient encore de subir un revers. Une énième chute lors du Grand Prix d’Émilie-Romagne réduit à néant ses efforts d’il y a quinze jours. Posons donc les vraies questions : Pecco a-t-il perdu le n°1 dans le bac à graviers de Misano, son circuit ? Analyse.

 

Une situation très délicate

 

Si vous suivez cette rubrique depuis un moment, vous savez que je ne m’inquiète que rarement pour Pecco Bagnaia. Il a prouvé, depuis la deuxième partie de saison 2022, qu’il est le meilleur pilote « dos au mur ». Personne n’est aussi dangereux que lui avec du retard sur la grille. Il a été capable, rien que l’année dernière, de performances proprement hallucinantes dans des moments critiques. Je vous renvoie à cette victoire lors du Grand Prix d’Indonésie, où il vint à bout de tous ses concurrents en s’élançant de la 13e position.

Pourtant, rarement ais-je été aussi pessimiste à son égard qu’aujourd’hui. Bagnaia, aussi fort soit-il, ne peut pas vaincre les mathématiques. Et elles sont contre lui. Il accuse un retard de 24 unités avec six courses à disputer, c’est assez énorme. Vous me direz, très justement, qu’il avait repris beaucoup plus à Fabio Quartararo en 2022 – plus de 100 points au cumulé entre l’Allemagne et Valence. Sans rien enlever aux efforts de Bagnaia car je maintiens qu’il était le plus fort du monde, le Français était en perdition totale depuis Assen. Ses performances moyennes sur une machine déjà en retrait par rapport à la Desmosedici avaient permis tel exploit.

 

Pecco Bagnaia titre

Genou à terre. Photo : Pecco Bagnaia

 

Quid de 2023 ? Là encore, Bagnaia était en mauvaise posture aux deux tiers de la saison. Mais Jorge Martin n’a pas vraiment inquiété l’Italien sur le pur plan mathématique. Par exemple, il n’a jamais achevé un Grand Prix en étant devant aux points. Et puis, un paramètre important est à prendre en compte : le Jorge Martin de 2024 est bien différent de celui de l’exercice passé.

 

Un adversaire redoutable

 

Sauf surprise, je continuerai à dire que Pecco Bagnaia est le meilleur pilote. En toute subjectivité ; il fait des choses au guidon que ne peut pas faire le « Martinator ». Qu’il gagne ou qu’il perde la couronne, d’ailleurs. Mais il y a une qualité qu’on ne saurait ôter à l’Espagnol, cette régularité dans la performance plus qu’impressionnante.

D’après mon analyse, il avait perdu le titre 2023 non pas à cause de ses chutes, mais à cause de ses courses en demi-teinte terminées au-delà du top 5. Cette année, il n’y en a pas. Martin est toujours devant, quoi qu’il en soit. Si l’on omet son assez grossière erreur du premier Grand Prix disputé à Misano, sa chute à Jerez et sa bourde dans les dernières boucles au Sachsenring, il est toujours dans le coup, en Sprint comme en Grand Prix.

Je pense que pour ce sacre mondial, Bagnaia ne devra pas compter sur les erreurs de son adversaire car elles sont rares. Il est vrai que cette saison est arbitrée par les fautes des deux protagonistes, mais le manque de performance de Martin le dimanche est compensé par ses erreurs au même taux que Bagnaia. Il triomphe moins, mais tombe moins.

 

Pecco Bagnaia titre

Il y a de quoi faire la tête. Photo : Michelin Motorsport

 

Ainsi, il faudra que l’Italien gagne. Et qu’il gagne beaucoup, de préférence. Surtout, à 24 points derrière, toute erreur pourrait lui être fatale, car Jorge Martin a ouvertement déclaré qu’il pensait au titre mondial – c’est assez rare pour être noté –. Il va devoir forcer sa philosophie au maximum, attaquer encore plus, car il n’est pas en position d’attendre une défaillance de l’adversaire, le tout sans chuter. La tâche s’annonce des plus difficiles.

 

Une période favorable à Bagnaia

 

Si la saison était inversée, je pense que Bagnaia n’aurait aucune chance. Mais vu qu’on finit par cette tournée outre-mer, puis Valence, alors il aura des occasions. D’abord, ces circuits sont intrinsèquement surprenants. Beaucoup, à l’instar de Marc Marquez, affirment qu’un nouveau championnat commence alors. Puis, et c’est là mon argument principal, Bagnaia a toujours été nettement supérieur à Jorge Martin sur les tracés qui vont suivre.

L’Inde n’est plus au programme, et c’était le seul sur lequel l’Espagnol avait clairement dominé son vis-à-vis l’année passée. Au Japon, ça sera serré, comme en Thaïlande. Mais dans ces deux pays, « Go Free » peut largement rivaliser avec Jorge. Pour le reste, avantage Bagnaia. En Indonésie, comme précisé plus haut, il avait réalisé l’une de ses meilleures performances en carrière – si ce n’est la meilleure –, mais avait tout de même été aidé par la chute de Martin depuis la tête.

 

 

En Australie, le pilote Pramac s’était complètement écroulé après un mauvais choix de pneu en 2023, alors que l’officiel avait opté pour une stratégie quasi-parfaite. Reste donc la Malaisie, là où l’écart entre les deux est le plus important. En 2022, Martin avait chuté alors que Pecco y livrait une performance ahurissante. Un an plus tard, il s’était pris sept secondes par Bagnaia, certes aidé par des pressions de pneu non conforme.

 

Conclusion

 

Répondons à la question posée par le titre. Personnellement, je pense qu’un seul pilote est capable, actuellement, de gagner cinq Grands Prix d’affilée ; Pecco Bagnaia. Ses chances de remporter le titre n’ont jamais été plus faibles depuis la mi-saison 2022, mais la vitesse est avec lui, c’est généralement bon signe à l’échelle de l’histoire.

Selon moi, il peut encore aller décrocher ce titre parce que même si Martin est toujours très rapide, il a montré à de multiples reprises qu’il n’était pas infaillible, autant mentalement que sur la piste. Rien n’est perdu pour l’instant, cette chute à Misano ne ressemblait pas à celle qui met fin à tous les espoirs. C’est difficile à expliquer, mais ma théorie repose aussi sur une impression.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez. Alors, dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Bagnaia est plus souvent devant Martin que l’inverse. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : MotoGP

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