Les statistiques ont la dent dure ! Pecco Bagnaia a beau avoir remporté le Grand Prix du Qatar MotoGP, en plus de mener le championnat du monde, et pourtant, il n’est pas favori selon l’histoire. En effet, deux chiffres intéressants montrent que le destin pourrait ne pas être de son côté. Attention à la superstition !
Du jamais vu en dix ans
Pecco Bagnaia a réalisé un exploit sous les spotlights de Lusail. Le dimanche, il a mené tous les tours de la course pour aller chercher sa première victoire de la saison. C’est le premier à faire ceci depuis Jorge Lorenzo en 2013, lorsqu’il s’était envolé depuis la tête pour ne plus jamais regarder en arrière. Il avait gagné avec six secondes d’avance sur Valentino Rossi de retour chez Yamaha. Rappelez-vous, cette même année, Marc Marquez avait battu Lorenzo dans la quête du titre mondial, grâce à une saison pleine d’audace même si sans doute moins impressionnante que celle de « Por Fuera ». C’est fort, car Jorge s’élançait de la pole position, là où Bagnaia ne partait que depuis le cinquième rang sur la grille.
C’est peu fréquent, car historiquement, il est très difficile de creuser l’écart à Lusail. Pourquoi ? En raison de la longue ligne droite qui permet l’aspiration, d’une part, mais aussi, du peu de virages arrêtés – les freinages créent des écarts, ainsi que du nombre de chutes toujours très faible ici. Lors du Grand Prix, seul Jack Miller est passé au travers et encore, les larges dégagements lui ont permis de se relever et de repartir. Les nombreuses batailles pour la tête entre Andrea Dovizioso et Marc Marquez ne font que souligner la grandeur de l’effort de Bagnaia.
Lorenzo, en 2013, connut des problèmes de santé – notamment à la clavicule suite à une mauvaise chute à Assen. Espérons pour Pecco que la prophétie ne se réalise pas.
Un premier tour qui ne porte pas chance
👌🏼 The World Champion reaction just after his first win of the season! Vittoria = Felicità. 😎 #QatarGP#ForzaDucati #DucatiLenovoTeam pic.twitter.com/KMqMd0HHgI
— Ducati Corse (@ducaticorse) March 12, 2024
Comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, Pecco Bagnaia a mené tous les tours, et donc, le premier. Croyez-le ou non, mais statistiquement, de nos jours, ceux qui font de même n’arrivent simplement pas à remporter le Graal !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Marc Marquez, en 2018, est le dernier à avoir conclu la première boucle devant puis est allé s’adjuger le titre mondial ! C’est quand même dingue que cela ne se produise pas plus souvent, étant donné que ceux qui réalisent le holeshot comptent souvent parmi les meilleurs.
Pire encore ! Il est le premier depuis Andrea Dovizioso en 2019 à mener le premier tour de la saison, puis terminer sur la plus haute marche du podium. En 2020, à Jerez, lors de l’année de la pandémie, Maverick Vinales avait été le plus rapide au départ, une fois n’est pas coutume, mais Fabio Quartararo en avait profité pour glaner son premier succès au plus haut niveau. À Losail, en 2021, c’est Pecco Bagnaia qui pointait en tête à l’issue du premier tour mais c’est Vinales qui remporta le gros lot. En 2022, rappelez-vous, c’est à Pol Espargaro que revenait le mérite au bout d’une boucle, mais Enea Bastianini imposa finalement sa loi. Puis, en 2023, au Portugal cette fois, c’est Miguel Oliveira qui fit la plus forte impression dès l’entame, mais se fit harponner par Marc Marquez un peu plus tard. Finalement, Bagnaia remporta la course et compléta le premier doublé sprint/Grand Prix.
Qu’est ce que cela veut dire ?
Rien, ou quasiment rien. En effet, les statistiques sont un outil puissant, à n’en pas douter, mais sont à utiliser avec parcimonie. Aux États-Unis s’est installé une véritable « culture de la stat’ » qui ne colle pas vraiment avec l’imprévisibilité et la magie du MotoGP ; c’est loin d’être une discipline mathématique. En revanche, c’est toujours amusant d’étudier ces chiffres, car à défaut d’être significatifs, ils sont souvent indicatifs de tendances. En l’occurrence, la domination de Bagnaia au Qatar montre qu’il est particulièrement fort, sans doute plus qu’on veut bien le croire si aucun pilote n’a mené tous les tours sur cette piste depuis 2013. En revanche, cela compliquera-t-il son championnat ? Sans doute pas. Mais cela peut toujours faire rire vos convives passionnés à un dîner entre amis.
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Photo de couverture : Michelin Motorsport