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Pecco MotoGP Bagnaia

Depuis hier, nous tentons de répondre à une épineuse question. Pourquoi Pecco Bagnaia, double champion MotoGP, n’est pas aimé, ou au moins, pourquoi a-t-il autant de mal à fédérer ? Il fait un magnifique pilote, et pourtant, il est très loin de faire l’unanimité. Hier, nous nous concentrions sur les fausses raisons de son aversion, dans un article que je vous invite à lire en cliquant ici. Sa lecture est fortement conseillée avant d’entame ce volet de « Parlons MotoGP ». Passons aujourd’hui à ma théorie sur la question.

 

La vraie raison

 

Une se détache, et elle va – de nouveau – faire appel à une notion venue des USA. Outre-Atlantique, les system players, ces athlètes qui « dépendent » d’une équipe pour gagner, ne sont pas aimés. Et je pense que c’est exactement l’impression renvoyée par Pecco. Je parle de sportifs discrets mais très forts qui excellent dans la meilleure organisation. Ceux-là, les gens ne les apprécient guère. Il y a plein d’exemples, le plus évident se trouvant en football américain. Tom Brady, légendaire quarterback des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, était détesté pour cette même raison ; toute l’équipe était bâtie autour de lui, et il gagnait. Le public se prenait de passion pour cet autre joueur tout aussi fort mais dans une équipe moins construite, qui se différenciait plus de par ses qualités individuelles, qui donnait le sentiment de porter la franchise ; en la personne de Peyton Manning chez les Colts d’Indianapolis.

 

L’idée du « contexte défavorable » mériterait d’être approfondie, car certains avancent l’argument d’un « contexte défavorable » pour justifier leur amour d’un club, ou d’un athlète. Ils n’aiment que les perdants, ou prétendent qu’ils sont perdants. Photo : Michelin Motorsport

 

Dans le football, je pourrais prendre l’exemple de Lionel Messi, largement critiqué durant la majorité de sa carrière pour ne pas avoir osé quitter le FC Barcelone, une équipe faite pour lui. Il était le meilleur, mais dans un contexte favorable. Et la masse préférera toujours un aussi bon athlète dans un contexte défavorable, c’est ainsi. Il y a des dizaines d’autres exemples dans les sports, et je suis sûr que vous en connaissez aussi.

Revenons au MotoGP. La plupart des critiques envers Bagnaia ne concernent pas son talent indéniable, mais le fait d’être soit-disant « protégé » par Ducati, ce qui n’est absolument pas vérifié. La firme de Borgo Panigale est la première, à l’ère moderne, à laisser une équipe satellite devenir aussi dangereuse que ne l’était Pramac cette saison. Demandez à Hervé Poncharal et Cal Crutchlow comment Yamaha craignait Tech3 en 2013 lorsque le Britannique commençait à briller.

 

Sans le bon vouloir de Ducati, pas de spectacle en 2023

 

 

Ici, Ducati entretient le spectacle en donnant des chances plus ou moins équivalentes à quatre équipes, sans consignes de course cette saison. Sauf que pour certains, les huit motos, aussi performantes et équivalentes soient-elles, jouent pour celle de l’usine, en l’occurrence celle de Pecco. Dans les faits, c’est l’exact inverse. Du coup, les exploits du pilote s’en voient minimisés, avec le fameux : « Ah, mais s’ils avaient tous la même ».

C’est le premier à subir cette critique dans l’histoire récente. Personne n’a jamais dit de Jorge Lorenzo qu’il avait un matériel moins performant que la Honda de Casey Stoner, alors que sa Yamaha était pourtant inférieure, notamment en ligne droite (bien plus que la différence entre la Desmosedici et la YZR-M1 actuellement, allez regarder le dernier tour du Grand Prix de Valence 2011 pour vous en convaincre). Mais là, puisqu’il est le meilleur avec la meilleure machine et qu’il ne joue pas de son talent pour s’enorgueillir, alors certains le rabaissent. Et vu que certains le rabaissent, ils se demandent pourquoi lui gagne tout, alors que Fabio Quartararo, champion et désormais dans un contexte défavorable, galère. Injustice !

 

Disons que l’équipe Ducati dessert la popularité de Pecco Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport

 

J’ai conscience que Pecco Bagnaia n’est pas détesté comme Max Verstappen, ou même, Marc Márquez. Mais le traitement de son cas par des fans – pas tous – et même, certains médias français dont je tairai le nom, me fascine. C’est aussi et surtout ce qui fait la richesse des échanges en ligne, quand ils sont cordiaux, bien entendu.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez, alors, dites-le moi en commentaires !

 

Pecco MotoGP Bagnaia

À l’attaque. Photo : Pecco Bagnaia

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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