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Pecco MotoGP Bagnaia

C’est fait ! Pecco Bagnaia est champion du monde MotoGP pour la deuxième fois consécutive ! Alors que cet exploit résonne autour du globe, tentons de nous pencher sur ce qu’il signifie aux yeux de l’histoire. L’Italien n’a pas seulement battu un pilote satellite pour s’adjuger son titre, il a réalisé une saison absolument fantastique. Analyse en plusieurs parties.

 

Un début d’exercice qui lui assure la couronne

 

Le premier point que je désirais mettre en avant est simple. Personne n’a été du niveau de Pecco Bagnaia cette saison, et le faible écart au championnat – finalement relativement important après la dernière manche – ne reflète pas ce phénomène. Sur le début, c’était absolument indéniable. Même s’il n’a pas été en mesure de prendre deux victoires d’affilée, seules ses nombreuses chutes le retenaient.

Par ailleurs, j’avais évoqué cela après le désastre d’Austin, mais il faut bien comprendre une chose : Pecco Bagnaia ne chute pas parce qu’il est devant, mais il chute devant parce qu’il est tout le temps devant. C’est vrai ; jusqu’à Barcelone, au moins, aucun autre pilote ne pouvait prétendre avoir une telle régularité dans la performance.

 

Pecco MotoGP Bagnaia

Sur le toit du monde. Photo : Michelin Motorsport

 

Rendez-vous compte ; de l’entame au Portugal jusqu’à sa chute en Catalogne, il n’y a qu’une seule course « ratée », où il n’était pas parmi les meilleurs, abandon ou pas, en 22 départs – Le Sprint à Silverstone. Jorge Martín, qui sera le sujet l’article de demain, ne peut pas en dire autant, et personne d’autre d’ailleurs. Personne ne pouvait s’approcher de Bagnaia. Il était le plus rapide, et le plus efficace, malgré les chutes.

 

Une fin d’année meilleure qu’il n’y paraît

 

Jusqu’ici, mon analyse n’est pas nouvelle. C’était évident. Mais sur la fin, mon avis diffère de ceux que j’ai pu lire ici et là. Partout, on voit que Jorge Martín a été meilleur après la chute de Bagnaia à Barcelone. Mais en réalité, je pense que le « Martinator » n’a jamais été meilleur que Pecco.

Jorge Martín est devenu le pilote le plus flamboyant, souvent montré en exemple dans ce domaine. Entre angles improbables en Catalogne, grosse personnalité et caractère marqué – peut être pas assez, nous le verrons demain – il prenait plus de place que Bagnaia. Dans l’absolu, je pense que l’Italien est plus rapide que Martín, mais l’officiel Ducati connut bien des difficultés à se mettre en jambe sur chaque week-end, et cela passait, parfois, par une contre-performance le samedi.

 

 

C’est ce phénomène qui a lancé la dynamique de Jorge, car lui pouvait mieux s’exprimer en qualifications ainsi qu’en Sprint. Sur ses neuf victoires sur le format court, sept sont intervenues sur la deuxième moitié de saison. Finalement, il ne prit que quatre pole position, dont la première à Misano, soit après la trêve estivale.

Bagnaia, lui, connut la dynamique inverse en perdant un peu en vitesse le vendredi et le samedi, « s’amusant » même à passer par la Q1 à de nombreuses reprises. Oui, on sait tout ça, mais cela n’a jamais fait de Jorge Martín le meilleur pilote. Pour illustrer ceci, une statistique toute simple.

Prenons le début de la période favorable à l’Espagnol, soit, son triplé à Misano. Comptons les points jusqu’au Qatar, pour ne pas prendre en compte sa chute de Valence, car elle est peu représentative ; il devait tout tenter pour s’imposer. Sur cette période qui a semblé, à nous comme à tous les observateurs, largement dominée par Jorge Martín, ce dernier a marqué 169 points. Pecco Bagnaia, parfois au bord du précipice, « à deux doigts de craquer »… 154.

 

Pecco MotoGP Bagnaia

Triplé. Photo : Michelin Motorsport

 

La clé de la saison

 

Comment s’explique cette saison ? J’ai longtemps planché sur le sujet. Je n’arrivais pas à déceler le moment qui fit de Jorge Martín un candidat au titre. Mais en fait, après réflexion, je pense qu’il n’y en a jamais eu.

Aucun pilote, ou presque, ne peut connaître un temps fort qui dure un an. En général, sur une période de temps aussi longue, le momentum a le temps de changer de camp. Ceci dit, on peut rester le plus fort tout en étant dans un moment de faiblesse, et c’est justement ce qu’a fait Bagnaia. Jamais l’impression de vitesse et d’explosivité de Jorge Martín ne s’est traduite par un gain significatif de points au championnat. Même sur la période Catalogne-Inde, soit la plus unilatérale de toutes avec deux abandons de l’Italien.

Jamais l’impression de vitesse et d’explosivité de Jorge Martín ne s’est traduite par un gain significatif de points au championnat.

Comment Bagnaia a-t-il remporté son deuxième titre ? En gérant mieux son temps faible. Voilà ce qui a décidé cette campagne 2023. Jorge Martín n’a pas vraiment perdu le titre au Qatar avec un problème de pneu, ni même, en Indonésie, quand il chuta depuis la tête. Car dans cette ère rapide, focalisée sur la vitesse et l’explosion, il n’est pas rare de chuter. Et ce n’est pas grave tant que l’on joue devant.

 

Gagner un titre en gagnant la course n’est pas si commun. Seul lui et Jorge Lorenzo l’ont fait à Valence au XXIe siècle. Photo : Michelin Motorsport

 

Non, Martín a perdu le titre quand on ne le voyait pas à l’écran, et c’est exactement pour ça qu’on s’en souvient moins. En Argentine, largué dès le Sprint et anecdotique pendant le Grand Prix. Au Pays-Bas, loin derrière les leaders sur les deux courses. En Autriche, étrangement peu compétitif sur un circuit qui lui convient parfaitement.

Bagnaia a toujours été devant, pas Martín. Quand il ne chute pas, « Go Free » compte 15 podiums en 15 GP, en ne jouant pas aux avant-postes à seulement quatre reprises sur 39 courses disputées (Sprints en Grande-Bretagne, en Indonésie, au Qatar et à Valence). Mon analyse paraît étrange, mais elle n’est pas inédite ; il ne faut pas vous laisser avoir par une finale à Valence. Exemple tout bête : en 2017, le titre s’est aussi disputé sur le circuit Ricardo Tormo entre Andrea Dovizioso et Marc Márquez, mais pour autant, le pilote Honda Repsol était largement supérieur en tous points.

 

Conclusion

 

Malgré l’impression visuelle laissée par Jorge Martín, je pense qu’il n’a jamais été un meilleur pilote que Bagnaia sur une assez longue période de temps. Alors, oui, le pilote Pramac Racing eut l’avantage ponctuellement, comme en Allemagne, où il vint à bout de son vis-à-vis au terme d’une somptueuse bataille, ou encore, au Japon, plus brillant sur un week-end. Mais à la simple lecture des résultats, finalement ce qui compte, on ne pourra jamais dire que Martín a été au-dessus. Proche au points, mais loin du titre.

Et vous, comment analysez-vous cette saison 2023 ? Dites-le moi en commentaires !

 

Back-to-back, comme au basket. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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