Ces deux premiers Grands Prix n’ont pas été tendres avec la seule équipe française du plateau MotoGP : Tech3 est antépénultième du classement équipes, alors que sont employés deux pilotes emblématiques de ces dernières années. Il s’agit, sur le papier, de l’un des meilleurs équipages de l’histoire de l’écurie, et pourtant, la sauce ne prend pas. Pas de quoi s’inquiéter, car deux courses seulement ont été disputées, mais il faut garder un œil sur les performances de Vinales et Bastianini.
« Top Gun » bien discret
À vrai dire, des deux, la situation de Maverick Vinales est la moins étonnante. Après tout, l’Espagnol a toujours été irrégulier au possible, mais n’a jamais manqué l’occasion de s’adapter à une nouvelle moto. Il a réussi avec Suzuki, Yamaha et Aprilia : pourquoi ne pourrait-il pas faire de même chez KTM, sous l’auvent de l’une des plus prestigieuses équipes du XXIe siècle ?

Vinales peut finir 17e, et deux semaines plus tard, gagner la course. Photo : Tech3
En Thaïlande, il s’est qualifié 18e, mais toujours devant son coéquipier dont nous reparlerons. À vrai dire, il n’a jamais été en mesure de jouer les points, et ce, dans aucune des deux courses. C’est d’autant plus étrange que Buriram est un bon tracé pour lui. Il y était le meilleur pilote pour Aprilia avant Ai Ogura et Marco Bezzecchi. Ce n’est pas grave : il avait fait pire pour son premier Grand Prix avec Aprilia, et cela ne l’avait pas empêché de maîtriser la RS-GP un peu plus tard.
En Argentine, il s’élançait 20e, à près d’une seconde et demie du poleman Marc Marquez. Une triste 18e place à l’arrivée du Sprint ne laissait que peu d’espoir pour la course principale, pourtant achevée 12e.
Que penser de l’état d’esprit de Maverick Vinales ? Selon moi, il est bon. Avant le début de saison, je voyais en lui un possible outsider, mais certainement pas tout de suite. Ses échanges avec la presse sont toujours convaincants, tout comme son langage corporel. Vinales, expérimenté et déterminé, ne lâche rien, demeurant pleinement investi dans sa mission. Je trouve cela assez honorable et garde un œil sur lui. Selon moi, pas besoin de s’inquiéter davantage à son sujet.
Pour « Bestia », c’est plus difficile.
Vient le tour de son coéquipier, et vous l’aurez compris, je suis moins optimiste. Certes, il a été particulièrement impressionnant pour son premier Grand Prix en orange – neuvième dans la roue de Brad Binder –, mais ce qu’il partage de son expérience au guidon de la RC16 laisse perplexe. On l’a déjà entendu dire qu’il ne trouvait aucune solution, « dévasté », et, pire, on a comme senti de l’impatience dans ses propos en Argentine. D’un côté, c’est compréhensible quand on passe de la Ducati officielle à une KTM satellite, et qu’on croyait avoir trouvé une solution lors de la première course.
So, @Bestia23, did we guess right? 🤔😂#RedBullKTMTech3 #RedBull #MotoGP #Motul #Motorsport #Racing #EB23 #Tech3Family pic.twitter.com/nBrFDXu6IH
— Tech3 Racing (@Tech3Racing) March 20, 2025
De l’autre, c’est aussi le début d’une nouvelle aventure, et il est normal que ça prenne du temps. Impossible de dire comment cela se passe dans le stand, et puis Bastianini reste un professionnel, qui a gagné des courses et même un titre mondial en Moto2. Cependant, je voulais attirer votre attention sur une déclaration d’un mécanicien anonyme de chez Ducati, qui a établi une comparaison édifiante entre « Bestia » et Marc Marquez, le tout relaté sur Crash.net : « En quelques courses, Marc nous a déjà plus souvent remerciés que son prédécesseur en une saison complète ». Affaire à suivre. Ses déclarations me font penser à ce qu’il disait lors de la saison 2023, lorsqu’il n’y arrivait pas avec la Ducati d’usine.
Côté résultat, il est difficile de se baser sur son Grand Prix d’Argentine, car il fut percuté lors de la course dominicale par Raul Fernandez. Avec un aileron en moins, il ne pouvait pas faire de miracles.

Enea a terminé 14e du Sprint en Argentine. Photo : Michelin Motorsport
Le dénominateur commun entre les deux pilotes Tech3 n’est autre que cet évident manque de vitesse en qualifications. C’était même surprenant : ils s’élançaient en 18e et 20e position en Thaïlande, puis en 20e et 21e position en Argentine. Je pense que c’est l’une des clés de la réussite, surtout pour Bastianini : chez Ducati, l’Italien avait parfois du mal à performer lorsqu’il ne se projetait pas devant rapidement. Il avait tendance à bien conserver sa gomme, oui, mais partir d’aussi loin expose à des risques quasi inévitables à l’ère actuelle – accrochages, difficultés pour doubler… -. Le GP d’Argentine donne raison à cette analyse.
Conclusion
Qu’en penser ? Étonnamment, et après avoir étudié leurs propos à la fin des épreuves, je suis davantage inquiet pour Bastianini, qui, par le passé, a déjà eu du mal à performer lorsqu’il n’avait pas toutes les cartes en main. Il reste un excellent pilote, mais j’ai peur que sa vitesse sur un tour – assurément l’un de ses points faibles en carrière – ne lui coûte beaucoup de points. Vinales, en un sens, est plus imprévisible et m’a déjà prouvé qu’il pouvait déjouer tous les pronostics le temps d’une ou deux courses.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon analyse, alors, dites-le-moi en commentaires !

Il est encore trop tôt pour s’inquiéter. Photo : Tech323
Photo de couverture : Tech3