C’est officiel : Maverick Vinales rejoindra KTM Tech3 en 2025. L’arrivée de Jorge Martin au sein de la firme de Noale rebat les cartes, c’est une certitude. Mais pour autant, personne n’avait vu venir ce coup fameux réalisé par le management KTM et les troupes d’Hervé Poncharal. Est-ce un bon coup ? Qui est gagnant dans cette affaire ? Une analyse s’impose.
L’attraction de Pedro Acosta
Premièrement, intéressons-nous au rôle de Pedro Acosta. Comme je le disais dans un précédent papier, son passage par la case Tech3 n’aura pas été sans valeur ajoutée. Grâce à son talent, il est parvenu à redonner du poids à l’équipe, qui en avait perdu quelque peu lors des années précédentes. Tech3 est attractif, et la signature de Vinales (ainsi que celle d’Enea Bastianini sur lequel nous reviendrons ultérieurement) montre à quel point cette formation a un grand rôle à jouer dans l’échiquier.
Vinales a dit stop. Photo : Michelin Motorpsort
Un transfert étrange
Avant de se pencher sur le point de vue de Tech3, regardons du coté de Maverick Vinales. Et pour être tout à fait honnête, je peine à comprendre ce choix. Cela me pousse à affirmer que nous sommes loin d’être au courant de tout. De ce que nous en savons, « Top Gun » n’a pas été informé de l’arrivée de Jorge Martin dans son équipe. Est-ce la cause d’une discorde ? Si l’on présente la situation comme ça, c’est maigre. Et c’est justement ce qui interroge.
Maverick Vinales s’éloigne du projet alors qu’il vient de remporter son premier Grand Prix avec la RS-GP, et de quelle manière. Son début de saison est bon, voire, très bon, largement meilleur que celui d’Aleix Espargaro (qui n’a jamais été battu sur une année par un coéquipier chez Aprilia, soit depuis 2017), ainsi que tous les autres pilotes sur les machines italiennes. À l’heure où ces lignes sont écrites, il figure en sixième place du championnat, à un point seulement de Pedro Acosta et à 15 unités d’Enea Bastianini, son futur voisin de box.
La KTM est une bonne machine, et il est vrai que la marque de Mattighofen était également sur une très belle dynamique ces dernières années. Mais au vu des résultats, je ne pense vraiment pas que l’Autrichienne soit meilleure que l’Aprilia. Cette saison, c’est particulièrement criant. Seul le génie Pedro Acosta parvient à la faire fonctionner, et encore, il est plus discret le dimanche ces derniers temps. Brad Binder, pilote d’élite, a bien du mal à se rappeler au bon souvenir de 2023. On connaît la résilience de KTM et leur détermination sans faille, tout comme l’institution Tech3. Mais je ne le voyais pas quitter le poste de pilote d’usine chez Aprilia pour se mesurer à ce nouveau challenge en MotoGP.
Vinales regarde vers d’autres horizons. Photo : Michelin Motorsport
Ces arguments me font dire, une fois de plus, qu’il y a sans doute un élément dont nous n’avons pas connaissance. Ça me paraît trop rapide, trop surprenant pour que ça soit naturel.
J’aurai l’occasion de revenir dessus, mais cela ne signifie pas, dans mon esprit, qu’il va rater son coup. Tech3 représente une belle opportunité, c’est une équipe sûre, valeureuse. La KTM s’améliorera sans doute, et même si j’imagine qu’il aura du mal à s’adapter de nouveau (il avait mis du temps à dompter l’Aprilia), je trouve que son profil colle bien au statut de pilote satellite.
Tech3 doit se méfier
Il n’y a pas à chercher plus loin. Pour l’écurie française, Maverick Vinales représente un profil de pilote assez peu connu, c’est vrai, mais qui reste intrinsèquement très rapide. C’est un beau coup. Son irrégularité dans la performance ne peut être que pardonnée chez un privé, même si KTM considère sans doute Tech3 comme une sorte de deuxième équipe officielle. Je ne pense pas qu’il va casser la baraque, car il se fait vieux lui aussi – il aura 30 ans l’an prochain, et ses plus belles années sont sans doute derrière lui. Il a démontré, malheureusement, son incapacité à incarner un projet, à insuffler une dynamique positive au sein d’une marque, notamment chez Yamaha et Aprilia, dans une moindre mesure.
Aussi bon qu’il puisse être dans un jour qui lui sourit, Maverick Vinales reste (et restera, selon moi) cette ultime interrogation, l’un des plus grands « et si » de l’histoire motocycliste. Depuis sa victoire à Austin, le roi de l’uchronie est bien plus discret, totalement absent des débats depuis deux courses. Il a déjà performé sur trois machines différentes, alors, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le faire sur quatre. C’est un bon choix de KTM et Tech3, assurément, car il a beaucoup d’expérience et cette capacité à faire la différence quelques fois par an. Mais je pense que même les acteurs de ce transfert ne le voient pas comme un pilote vétéran de référence qui va venir chatouiller les officiels régulièrement.
En l’espace de quelques mois, tout le monde a oublié Augusto Fernandez. Et c’est bien dommage. Photo : Michelin Motorsport
Conclusion
Si l’on se tient uniquement aux résultats, Maverick Vinales est perdant, de fait. La KTM a régressé sur ce début de saison 2024, alors qu’un vent nouveau souffle chez Aprilia, qui pourra s’enorgueillir d’avoir l’un des meilleurs pilotes du monde sous son auvent l’an prochain. Mais compte tenu des éléments manquants, il serait injuste de critiquer sa décision.
Tech3 représente une belle porte de sortie, oui, sans doute pas la meilleure, mais qui s’inscrit dans une certaine logique sportive. L’écurie française troque donc Augusto Fernandez pour Vinales (ou Bastianini pour Acosta, comme vous voudrez). Elle est donc gagnante. Changera-t-il le destin de KTM ? Sans doute pas, mais il pourra au moins viser quelques beaux résultats ; il a le talent pour ça.
Qu’avez-vous pensé de cette signature surprise ? Dites-le nous en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorpsort
