Ils n’ont pas chômé durant cette saison 2023. Pendant l’hiver, « Parlons MotoGP » va se pencher sur chacun des engagés de cet exercice, et dresser le bilan ; aujourd’hui, au tour de Johann Zarco, bon parmi les bons. A-t-il réussi ? A-t-il échoué ? Pouvait-on en attendre davantage ? L’heure est à l’analyse. Bien sûr, vous êtes invités à donner votre avis en commentaires, car celui-ci compte énormément. Hier, nous sommes revenus sur Aleix Espargaró, dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici.
Une victoire ne résout pas tout
Johann Zarco est sans doute le pilote avec le bilan le plus trompeur en catégorie reine. On pourrait croire qu’il réalise là une très grande saison, marquée par une victoire en Australie. Loin de moi l’idée de diminuer l’aura de son succès, mais je pense qu’il ne suffit pas à rattraper une année loin d’être mauvaise, mais correcte, tout au plus.
Je m’explique en différents points distincts.
L’éléphant au milieu de la pièce
Déjà, force est de constater que Johann Zarco a subi la domination de son coéquipier. Jorge Martin, en très grande forme, a réussi à tenir la dragée haute à Pecco Bagnaia tandis que notre Français a davantage peiné dans le peloton. La Ducati Desmosedici 2023 est, de fait, l’une des meilleures MotoGP de l’histoire de la catégorie et Johann Zarco n’a pas réussi à s’y accommoder comme le « Martinator ». Il l’avait pourtant battu au classement général en 2022. Au final, il se prend tout de même 203 points dans la vue à matériel similaire, et avec le même nombre de résultats blancs le dimanche.
Un bilan trompeur
D’accord, il a accroché la cinquième place au classement général, et égale donc son meilleur résultat en catégorie reine (2021). Mais attention, car les points ne traduisent pas une progression importante par rapport à 2022, exercice qu’il avait pourtant conclu en 8e place. Avec 225 unités, il amassa 30,9 % des points disponibles contre 33,2 % la saison précédente. C’est à peine plus que Luca Marini, classé 8e. Par honnêteté intellectuelle, mentionnons que ce total est quelque peu revu à la baisse à cause de l’imbroglio au Japon, où le pilote Prima Pramac Racing fut injustement non-classé, même s’il est tombé.
Comment a-t-il pu rafler, proportionnellement, moins de points en 2023 qu’en 2022 alors qu’il compte cinq podiums et une victoire ?
Le samedi pose problème
Les Sprints. Voici ce qui a retenu Johann toute la saison durant, et plus globalement, le samedi. D’abord, aucune pole pour la première fois depuis 2019, sa saison coupée en deux. Plus généralement, aucune performance mémorable en qualifications l’ont empêché de corriger son éternel problème ; les débuts de course. Et ça, sur le format court, ça ne pardonne pas. Johann Zarco ne compte aucune victoire, aucun top 3, et seulement quatre top 5 en Sprints sur 19 manches. Pour un pilote de son rang, c’est juste trop peu. Ainsi, j’en profite pour pointer le fait qu’il n’a pas progressé sur son explosivité et sa projection vers l’avant même si ses départs ont été plus réussis.
Une victoire si salvatrice que ça ?
Bien sûr, je ne vais pas ignorer sa victoire à Phillip Island, qui fit couler beaucoup d’encre. Cela reste un succès en MotoGP, le gratin du motocyclisme mondial. Mais comme je l’avais écrit le lendemain de son triomphe, je maintiens que Jorge Martin a perdu cette course plus que Zarco ne l’a gagnée, et que la physionomie de sa victoire ne laisse en rien présager une sorte de déclic qu’on nous a tant vendu. D’ailleurs, sa fin de saison me donne raison. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici pour retrouver le papier en question.
Moins régulier que jamais
Johann Zarco a toujours eu du mal à se maintenir constamment dans le top 5 depuis son arrivée en MotoGP. Mais en 2021 et 2022, il avait réussi à améliorer sa régularité dans la performance, notamment grâce à la polyvalence du package Ducati. Ici, il compte quelques résultats… décevants à côté de ses podiums. Je fais référence à ses trois finish hors du top 10 (13e en Autriche sur un circuit qui sied sa machine à merveille) plus qu’à ses chutes ; il n’a pas trop touché terre cette année, mais c’est un critère beaucoup moins déterminant à notre époque.
Pas que du négatif
Ceci dit, une campagne achevée en cinquième place ne peut être ratée, et sa victoire en Australie fait gonfler sa note. Dans les points positifs, je ne peux que féliciter sa résilience en piste, illustrée par des remontées d’outre-tombe (j’ai encore le Portugal et l’Argentine en tête), trop peu souvent récompensées d’ailleurs. Clairement, à 33 ans, il reste encore un top pilote et j’ai l’impression qu’il n’y croît pas ; sa signature chez LCR Honda est une sorte d’aveu de faiblesse, et assurément, pas un moment fort de 2023 car cela reste une relégation brutale. Pour davantage de lecture concernant ce transfert, cliquez ici.
Conclusion
Que penser de sa campagne ? C’est assez difficile à dire. D’un côté, et malgré sa victoire, il n’a pas été surprenant pour un sou. Il a fait du Johann Zarco dans le texte, parfois en moins bien. C’est ce qui me pousse à dire que ce n’était pas sa meilleure saison en MotoGP au vu du contexte. J’ai préféré 2018 ou 2021, quand il incarnait ce danger permanent, cet outsider peu orthodoxe détenteur d’une vitesse foudroyante. Mais d’un autre, il vieillit, et je dois aussi en tenir compte comme je l’ai fait pour Aleix Espargaro. Il signe aussi son nouveau record de podiums en une campagne, et n’a pas dégringolé au classement en deuxième partie d’année comme c’était souvent le cas.
J’avais attribué 15/20 à Aleix, et 15,5/20 à Luca Marini. Il fait une saison à peu près équivalente à celle du pilote VR46, mais la progression en moins. C’est pourquoi je lui donne un beau 14/20. Qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport