La saison 2021 d’Ai Ogura, rookie, a quelque
peu été éclipsée par la bataille entre les deux pilotes du team KTM
Ajo. À Lusail, le Japonais s’est illustré en disputant les
premières places face à des adversaires plus coriaces, jouant le
tout pour le tout. Toujours chez Honda Asia, mais
sous la houlette de Lucio Cecchinello cette fois,
Nakagami a terminé la course 10e et s’estimait
plutôt heureux. Face au talent de son compatriote, Takaaki a-t-il
de quoi s’inquiéter ? Analyse.
Commençons par rappeler qu’il ne s’agit ici que de la
première course de la saison. Tout peut arriver et l’un
comme l’autre ne vont pas nécessairement marcher dans les pas de
cette manche d’ouverture. Cependant, une certaine dynamique s’est
dessinée ces dernières années.
I) Ai Ogura, star montante
8e au général l’an dernier, Ai Ogura a fait forte impression, même
si au niveau des débutants, Raúl Fernández lui a
volé la vedette. Pourtant, le Nippon a connu une évolution
spectaculaire, très rapide : Sa première saison à temps
complet ne remonte qu’à 2019, en Moto3. Une année après, il
terminait déjà 3e du championnat et passait en Moto2.
L’an dernier, il s’est de nouveau illustré lors de la deuxième
manche au Qatar en terminant en cinquième position. Si l’on omet
ses résultats blancs (six au total en 18 manches, dont Valencia
qu’il n’a pas pu disputer à cause d’une vilaine blessure au pied
gauche), Ogura, quand il franchit le damier, est constamment dans
les neufs premiers. Dans une catégorie aussi fournie que la Moto2,
cette performance est notable.
Sans oublier le meilleur tour en course, obtenu au Grand Prix de
Styrie, ainsi qu’une belle deuxième place dans la roue de
Raúl Fernández réalisée une semaine plus tard,
toujours à Spielberg. Ai apprend diablement vite et a bien roulé au
Qatar malgré une touchette sur Augusto Fernández dans le dernier
virage. Seulement sixième à l’arrivée, cet accident de parcours
pourrait rapidement se transformer en une première place, à
condition que Celestino Vietti n’écrase pas toutes
les manches.
II) Takaaki Nakagami, quelle
trajectoire ?
Arrivé chez LCR Honda en 2018, la carrière de Nakagami n’a
pas encore décollée. Sa saison rookie, très difficile, à
fait place à une année 2019 à peine meilleure, sans jamais parvenir
à briller. De plus, il fut lourdement touché à l’épaule lors de
l’épreuve néerlandaise. Cette blessure qu’il traîna sur la fin
d’année sans le dire à personne le contraignit à manquer les trois
dernières courses.
Ce n’est pas le contexte rêvé pour se faire une place au plus haut
niveau mondial. Pourtant, en 2020, le Japonais s’était montré plus
féroce, plus saignant, et prit même le soin de se hisser en pole
position sur le tracé d’Aragón, qu’il ne convertit pas en
course.
Une saison conclue en 10e place au général, première Honda loin
devant Cal Crutchlow. Les espoirs étaient haut
pour 2021, d’autant plus qu’un nouveau contrat venait d’être
ficelé. Malheureusement, « Taka » rétrograda en 15e
position, subissant la loi d’une Honda réputée difficile.
Álex Márquez, juste derrière, a marqué six points
de moins mais a plus abandonné (six résultats blanc contre
trois) ; cela signifie que Takaaki manquait cruellement de
vitesse. De 8,28 points par course en 2020, le
nippon retombe à 4,47 en 2021, soit presque moitié
moins.
Une situation inquiétante, d’autant plus qu’il entame sa
cinquième saison en MotoGP, toujours sous les mêmes couleurs,
sans certitude contractuelle pour les années à
venir.
Ai Ogura, seulement 21 ans, ne pourrait-il pas
hériter des couleurs Idemistu en 2023 ? Si
cela peut paraître dingue, Nakagami, à 30 ans, est le
cinquième plus vieux pilote sur la grille, à
l’heure où les stars sont de plus en plus précoces. Une dimension à
ne pas oublier au moment de faire les comptes.
Que pensez-vous de la situation ? La Honda
2022 sera-t-elle assez polyvalente pour permettre à
« Taka » d’enfin monter sur la boîte ? Quel avenir
pour Ogura ? La parole est à vous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport