Marco Bezzecchi a commis une erreur à Silverstone. Ça arrive, même aux meilleurs. Mais il y a des situations dans lesquelles il vaut mieux éviter d’en faire ; certains peuvent se le permettre, d’autres non. Bez’ n’avait pas le droit, au moins pour espérer rattraper son compère Pecco Bagnaia au classement général. En d’autres termes, vient-il de mettre fin à tout suspense en 2023 ? Analyse.
Oui, Bezzecchi était candidat au titre
Tout d’abord, rien ne nous prouve qu’il visait le titre de champion du monde. Souvent, des outsiders prétendent ne pas jouer le général, comme si ça leur était interdit, mais nous sommes persuadés qu’il s’agit d’une façade. Quand un pilote gagne deux courses en huit manches, en plus d’une victoire en Sprint, deux poles, et surtout, qu’il n’est pas largué aux points, il est, de fait, dans la course au titre. Qu’il le veuille ou non. Ces compétiteurs vivent pour la victoire, et l’on imagine pas une seule seconde qu’aujourd’hui, Bezzecchi ne pense pas à la situation au championnat.
Dès lors, la gravité de son erreur dans la courbe de Stowe s’en voit décuplée. Après une très bon samedi, Marco Bezzecchi avait l’avantage sur Pecco Bagnaia. Au vu de la piètre performance du champion en titre sur le format court, il pouvait carrément espérer reprendre la tête du championnat avant l’Autriche. Mais la réalité fut bien différente. Pecco Bagnaia aborda le dimanche parfaitement, comme il le fait si souvent. Sa contre-performance du samedi était totalement oubliée. Après quelques tours de mise en jambe, il dépassa Jack Miller et consort avec une facilité déconcertante, creusa un trou en tête, comme à son habitude.
Deux frères
Marco Bezzecchi le prend en chasse, poussant jusqu’à la faute. Pecco Bagnaia était simplement trop rapide, il n’y avait rien à faire. Ceci rend la victoire d’Aleix Espargaró d’autant plus remarquable, car Pecco n’a rien à se reprocher sur l’ensemble de la course, il a piloté comme un grand champion. L’erreur du pilote Mooney VR46 Racing Team est assez commune ici, Stowe étant un virage très rapide et surtout, ouvert, ce qui signifie qu’il est possible d’emmener du frein très tard, mais pas aussi tard que ce qu’à voulu faire Bez’.
Cette chute est terrible sur deux plans. Tout d’abord, Pecco bénéficie désormais de 47 points d’avance sur Bezzecchi, ce qui représente plus d’un week-end. Jusqu’à présent, Marco avait réussi à rester sous la barre symbolique des 37 points, le total maximal qu’un pilote peut marquer sur une manche en 2023. Même sans penser à ce paramètre, le total de 47 unités est énorme à combler ; sur le meilleur pilote du monde, c’est presque impossible. C’était la première fois, lors du Sprint, que Bagnaia ne jouait pas la victoire d’une course MotoGP depuis Valence 2022, qu’il chute, ou non. Cette saison, lors des Grands Prix, soit il tombe, soit il est premier ou deuxième, exactement comme Marc Márquez en 2019.
Les abandons, parlons-en. Auparavant, Pecco Bagnaia avait la sale réputation de souvent chuter, ce qui est factuellement vrai : c’est un pilote qui peine à engranger de grosses moyennes de points en raison de ses erreurs. En 2023, il a manqué de marquer à trois reprises en seulement neuf manches. Mais à Silverstone, Bezzecchi vient de tomber pour la deuxième fois après Jerez. L’avantage de la régularité, s’il existait en premier lieu, ne tient plus, exactement comme pour Jorge Martín (deux résultats blancs le dimanche également). Cela signifie, plus simplement, qu’il devront compter sur leur propre vitesse pour battre Pecco Bagnaia, en comptant le retard qu’ils ont accumulé en Angleterre. Bonne chance à eux.
Le deuxième plan est plus profond, mais certainement pas moins pertinent. Les conditions de la chute de Marco Bezzecchi sont tout aussi cruciales que l’acte de tomber lui-même. Son avant s’est dérobé en chassant Bagnaia, qui était clairement plus vite. Cela nous rappelle exactement la chute de ce même Bagnaia derrière Enea Bastianini au Mans en 2022. Dès lors, le pilote qui voit son adversaire direct chuter possède l’avantage psychologique, c’est indéniable. Bez’ ne semble pas intimidé facilement, mais il avait déjà subi un revers le dimanche à Assen, où il partait favori après sa prestation en Sprint. Pecco l’avait largué, exactement comme ici. De toute évidence, une dynamique commence à se dessiner. Marco Bezzecchi est bon, mais pas au niveau de Bagnaia, sur la durée comme sur l’instant. Et ce paramètre, le pilote VR46 est obligé de le prendre en compte, il lui fait face. Bagnaia avait réussi à s’en remettre, d’abord parce qu’il dispose d’une force mentale rarement vue au plus haut niveau, et aussi parce qu’il avait le soutien de l’équipe officielle. Pas sûr que Marco Bezzecchi, simple sophomore (dans sa deuxième année) et sur une machine satellite puisse revenir dans le match.
Match Point
Nous avons pris la décision d’écrire cet article car nous pensons qu’il s’agit d’un tournant dans la saison. Cette simple erreur coûte trop cher à un pilote qui ne pouvait compter que sur sa régularité pour battre son vis-à-vis dans le cadre d’une course au titre.
Et vous, pensez-vous que les rêves de titres sont terminés pour Marco Bezzecchi ? Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport