Joyeux Noël ! En ce jour de fête, c’est l’heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, aujourd’hui, au tour de Marco Bezzecchi. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Fabio Quartararo ; cliquez ici pour retrouver l’article correspondant.
La déception
Il y a quelques temps, j’assurais que Marco Bezzecchi était objectivement – j’ai essayé ! – la plus grosse déception de cette saison. Il existe de nombreux arguments que je vais détailler, mais finalement, tout se résume assez facilement : il ne s’est jamais accommodé à sa Ducati Desmosedici GP23.
Forcément, c’est la comparaison avec 2023 qui interpelle. Sur GP22, il était brillant, détenteur de certaines des victoires les plus impressionnantes de ces dernières années. Je pense à l’Inde, où il s’était imposé avec sept secondes d’avance sur le sec, au Mans, mais encore à l’Argentine. Le Bez’, extrêmement fort sous la pluie et doté d’un charisme indéniable était une véritable révélation qui n’attendait qu’une confirmation.
Toujours chez Ducati VR46, on pouvait s’attendre à une tornade mais le soufflé est retombé. Contre toute attente, il n’est jamais rentré dans sa saison. On croyait qu’il était en train de se relancer après son podium à Jerez, mais finalement, il s’agit de son unique apparition dans le top 3 cette saison. C’est triste, surtout que ce pilote est l’un de rares qui soit doté d’une personnalité marquée.
De troisième au championnat, il glisse à la 12e place, soit dernier des pilotes sur Ducati. Pire, il s’est fait battre par son coéquipier Fabio Di Giannantonio, qui découvrait l’environnement VR46, et qui dut s’absenter trois courses durant. C’est assez terrible, mais ceci lui permit de se dégoter un guidon dans l’équipe d’usine Aprilia pour l’année qui arrive.
La raison de sa traversée du désert fut longtemps difficile à comprendre, mais lors de la tournée outre-mer, Bezzecchi se livra plus longuement sur les difficultés qu’il éprouvait avec la GP23. À vrai dire, quand un pilote de son calibre n’y arrive pas, il ne lui est pas nécessaire de se justifier davantage, car tous les spectateurs dépourvus de mauvaise foi savent qu’il reste exceptionnel.
La perte d’un personnage
J’ai toujours trouvé les gens assez durs avec Bezzecchi, sans doute trop, d’ailleurs. Effectivement, il vient de faire une très mauvaise saison, notamment en comparaison avec ce qu’il avait proposé une année auparavant. Cependant, j’ai l’impression que beaucoup de détracteurs de Valentino Rossi, en partie bloqués dans le passé, sont incapable de faire la distinction entre tous les pilotes qui passent par l’académie et « The Doctor » en personne. Tout comme certains fans de Rossi ont vu leur vie s’arrêter en 2015, d’ailleurs – je n’ai pas de préférence pour untel ou untel, je n’aime pas le fanatisme.
Ceci dit, je trouve dommage de ne plus voir Bezzecchi aux avant-postes. J’aime bien son caractère, son arrogance bien placée, son look provocateur à la Simoncelli. Un peu comme Aleix Espargaro, ces personnages sont essentiels à l’écosystème MotoGP, d’autant plus que celui-ci devrait se lisser à mesure que Liberty Media reprendra les commandes de notre sport préféré.
Tout est fini ?
N’accordons pas trop d’importance à la culture de l’instant. Beaucoup l’enterrent déjà, alors que sa saison, même si elle reste alarmante pour un pilote Ducati, a quand même été ponctuée de moments intéressants. Je fais référence à son podium, bien sûr, mais aussi à ses deux week-ends à Misano ou son Grand Prix d’Indonésie, par exemple. C’est trop peu au vu de la qualité de son matériel, et surtout par rapport à la concurrence, mais ça reste décent. De plus, il était assez régulier, avec seulement quatre résultats blancs le dimanche.
Et puis, je n’arrive pas à croire qu’un pilote, quel qu’il soit d’ailleurs, puisse perdre toute sa maestria en si peu de temps. Si l’année 2025 commence demain – presque, quelle coïncidence –, alors, 2023, c’était hier.
Conclusion
Bezzecchi a raté sa campagne 2024, c’est indéniable. Les chiffres et la piste donnent le même verdict, on ne peut aller contre. Il s’agit indéniablement de la plus grosse régression par rapport à l’exercice précédent, mais étrangement, je ne pense que ça relève davantage du faux pas que d’une réelle descente aux enfers. Je peux me tromper mais j’espère avoir raison, car les pilotes francs, bruts, rock’n’roll ou/et « à l’ancienne » manquent au paysage actuel. Il s’est perdu, mais je pense qu’il connaît le chemin.
Suis-je trop gentil avec Bezzecchi ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport