Après cinq Grand Prix, nous avons une vision plus claire
de la hiérarchie en MotoGP. De toute évidence, la « surprise » de
ce début de saison n’est autre que Marco Bezzecchi, déjà vainqueur
de deux courses au nez et à la barbe des favoris. Désormais, il
pointe deuxième du classement général à seulement un petit point de
Pecco Bagnaia. Peut-il – vraiment – prétendre à la couronne
mondiale ? Analyse en plusieurs points.
I) Un problème qui n’en est pas un
La conjonction de coordination « mais » revient souvent à
l’évocation de son cas. Oui, assurément, Marco
Bezzecchi est fantastique, capable de réellement dynamiter
un weekend de Grand Prix de par son explosivité, sa combativité et
son engagement.
Mais il y a beaucoup de « mais », au moins en ce mois de
mai. Tout d’abord, il performe mais sa moto est datée et surtout,
il n’est pas à la bonne place. Ainsi, il risque de connaître le
même sort qu’Enea Bastianini l’an passé.
D’ailleurs, les deux pilotes sont comparables sur plusieurs
points même si « Bestia » était sans doute un cran au
dessus.
WHAT A SUNDAY! And what a family! 💛@Marco12_B #FrenchGP #MooneyVR46racingteam #MotoGP #MB72 #VR46 #internationalDayofFamilies #15May pic.twitter.com/9zT2kHOiSy
— Mooney VR46 Racing Team (@VR46RacingTeam) May 15, 2023
Lorsque la Ducati Desmosedici GP23 réservée à Pecco
Bagnaia sera enfin totalement comprise et maîtrisée, soit
à la mi-saison, il y a de fortes chances que ce dernier soit encore
plus redoutable à partir de ce moment-là, comme en 2022. Au vu du
niveau actuel du bonhomme, ça fait peur. La moto rouge frappée du
n°1 va s’améliorer, c’est un premier élément, tandis que la
Ducati du Mooney VR46 Racing Team va stagner, ce
qui est un deuxième élément distinct.
À la fin de la saison, l’écart entre les deux machines sera
conséquent, c’est une certitude. En un sens, c’est tout à fait
normal et Marco peut s’estimer heureux car il y a dix ans,
les pilotes satellites rêvaient seulement de finir dans le
top 4 trois ou quatre fois dans l’année.
Plus largement, nous peinons à comprendre les critiques quant à la
possible différence de matériel entre les deux hommes. Ducati
investit massivement dans son équipe d’usine, et il est tout à fait
normal que la Desmosedici utilisée par les officiels soit meilleure
que celle des clients. Nous rejoignons totalement Luca Marini sur
ce point : Un pilote satellite ne pourra jamais être
champion du monde MotoGP,
sauf s’il se bat contre une moto d’une autre marque. Rien
de choquant là-dedans, c’est la pure logique sportive.
II) Un problème qui, cette fois, en est vraiment
un
Marco Bezzecchi est sensationnel, mais il se bat
contre – bien – plus fort que lui. C’est notre sentiment depuis le
début de saison, Pecco Bagnaia est absolument injouable sur
20 courses et cette entame en demi-teinte – de fait – ne gâche pas
notre argumentaire pour autant.
Bagnaia est un meilleur pilote en tous points. Il
peut faire tout ce que fait Bezzecchi sur la moto, mais en mieux.
En revanche, l’inverse n’est pas avéré. Depuis le début de saison,
Pecco est toujours devant, dans le bon groupe à chaque sortie et
même en qualifications. « Bez » ne peut pas en dire autant.
Le sophomore (dans sa deuxième année) a connu un
weekend difficile à Jerez, sans possibilité de trouver du rythme.
Situation similaire aux États-Unis, où il termine 6e du
Grand Prix après une autre 6e place lors du Sprint.
Le format court, parlons-en. Depuis le début de
saison, Bagnaia en a remporté deux avec la manière, soit autant que
Brad Binder qui est, selon-nous, celui qui a le mieux
appréhendé les particularités de cette nouveauté.
Nous imaginions Marco Bezzecchi plus explosif sur une petite
distance, mais force est de constater que les Sprint ne lui
réussissent pas tant que cela. Hormis une 2e place en
Argentine, il n’a jamais fait mieux que 6e dans cet
exercice. Pourtant, les points à aller chercher sont
importants, surtout face à un adversaire de la trempe de Pecco.
Rendez-vous compte : Le champion du monde en titre a marqué trois
résultats blancs en cinq Grands Prix mais reste toujours premier du
classement général ! C’est dire à quel point cette
composante pèse lourd dans le bilan comptable.
III) Mais il reste extrêmement fort
Au Mans, sa performance était magistrale. Dans un style
« à la Pecco », il a semé ses
adversaires sans commettre la moindre erreur. Oui, s’il continue
ainsi, Marco Bezzecchi sera bien placé au championnat du monde.
On peut imaginer une deuxième ou une troisième place avec
une saison similaire à celle d’Enea Bastianini l’an
passé.
Mais jouer le titre sera difficile, voire
impossible. Nous devons au moins attendre qu’il batte
Pecco Bagnaia en duel. Une petite statistique illustre ce phénomène
: Quand les deux franchissent la ligne (ce qui est arrivé huit fois
en comptant les Sprints), Bagnaia était devant à six reprises et
n’a été battu qu’en Argentine, deux fois, un weekend toujours
compliqué pour lui avec une chute que nous comptabilisons tout de
même pour deux raisons. Il n’aurait jamais pu rattraper Bezzecchi
s’il était resté sur ses roues, et il a tout de même terminé en 16e
place.
Bagnaia tombe souvent, c’est la vérité. Mais
Bezzecchi a déjà chuté une fois lui aussi, et son style de pilotage
implique de souvent finir par terre comme nous l’analysions en
détail avant le début de saison.
IV) Conclusion
Même s’il a marqué ce début de saison de son empreinte, nous ne
voyons pas Marco Bezzecchi rivaliser avec Pecco Bagnaia sur le long
terme et de facto jouer le titre. Cela n’enlève rien à son
talent et peut-être nous trompons-nous, c’est le jeu d’afficher
publiquement son avis argumenté. En tout cas, comme
d’habitude, nous lui souhaitons le meilleur et pourquoi pas, de
nous faire mentir !
Pensez-vous qu’il peut aller remporter le titre mondial ?
Dites-le nous en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport