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Marco Bezzecchi ombre

Alors qu’il comptait parmi les protagonistes il y a un an à peine, Marco Bezzecchi peine à sortir de l’ombre de ses collègues chez Ducati. En grande difficulté sur des tracés qui lui correspondent, il est loin, trop loin pour espérer jouer quoi que ce soit. Où en est-il vraiment ? Peut-il revenir à Assen, où il avait brillé la saison passée ? Penchons-nous sur son cas.

 

Méconnaissable

 

Au moment de l’annonce de Marc Marquez chez Gresini Racing en 2023, Marco Bezzecchi avait fait une sortie médiatique controversée. Il se plaçait devant lui dans la hiérarchie Ducati, et le pire, de mon humble avis, c’est qu’il avait raison. Il faut se souvenir du pilote qu’il était il y a peu. Trois victoires mémorables en Argentine, au Mans, et en Inde. Cela s’accompagnait d’une très belle vitesse en qualification, mais aussi, d’une excellente capacité de projection lors des Sprints, comme il l’a démontré à Assen. En spécialiste de la pluie, il se jouait des éléments, et commençait à solidement s’ancrer dans le paysage MotoGP. On osa même la comparaison avec Marco Simoncelli – évidence visuelle –, mais qui se comprenait au vu des personnages. Bref, il était l’un des hommes du moment, l’un des sujets les plus chauds.

Et puis, plus rien. Depuis le début de saison, il est inexistant, au premier sens du terme. On ne l’entend plus, et hormis le podium acquis à Jerez – ce qui ne représente pas un exploit compte tenu du nombre de pilotes qui font de même depuis 2016, son talent et sa moto – il n’a aucun grand moment à son actif. Il est assez bon pour se maintenir aux alentours de la 11e place sans chuter dans les tréfonds du classement.

 

Il passionne moins. Photo : Michelin Motorsport

 

Il a été l’auteur d’un week-end cauchemardesque au Mans, là où il avait fait la leçon à Jorge Martin et Johann Zarco lors du Grand Prix précédent. Il ne compte qu’une seule apparition dans les points en Sprint alors que nous en sommes à sept manches ; et encore, il s’agit d’une neuvième place. Aucune pole, aucun meilleur tour en course. Le « Bez » est 11e du classement général, 29 points derrière son coéquipier Fabio Di Giannantonio, qui lui découvre l’environnement VR46 en MotoGP.

« Diggia » est meilleur dans tous les compartiments, et si lui non plus ne s’est pas réellement démarqué comme sur la fin de saison dernière, il montre des progrès, s’adapte à cette Desmosedici GP23 qui ne semble réussir qu’à Marc Marquez. De fait, Bezzecchi ne devient pas mauvais, non, mais juste, anecdotique. C’est le pire qui pouvait arriver à un pilote comme lui, qui a besoin d’être devant pour faire exister son personnage.

D’après moi, il s’agit de la plus importante régression entre 2023 et 2024. Sa cote n’est plus la même, c’est une évidence.

 

La chute

 

Des rumeurs l'envoient chez Aprilia, une signature qui serait pour le moins intéressantes. Photos : Michelin Motorsport

 

En début d’année, j’avais jugé sa décision de rester chez VR46 Ducati plutôt osée, car cela voulait dire, avec une offre Pramac Racing sur la table, qu’il pensait pouvoir faire mieux avec ce matériel, pour toujours rester dans les conversations juteuses. Une demi-saison plus tard, il n’en est rien.

Qui parle de Marco Bezzecchi dans cette dense période des transferts ? Personne. Qui évoque son cas par rapport à celui de Marc Marquez, Enea Bastianini et Jorge Martin, alors qu’il avait le talent pour les battre ? Pas plus de monde. Même Di Giannantonio s’est manifesté quelques fois, c’est dire. Son cas est l’illustration même que la vitesse est la clé. Peu importe sa place au général, il faut gagner, jouer devant. Sinon, c’est l’oubli. La réalisation internationale se focalise plus que jamais sur les premiers – et Pedro Acosta. On ne voit plus Bezzecchi, tout simplement. Ne plus le voir, c’est ne plus y penser. C’est pareil pour les équipes. Combien de pilotes solides mais absents des avant-postes n’ont pas eu la carrière qu’ils méritaient ? Et encore, Marco n’est même plus si régulier dans la performance.

Je pense qu’il avait choisi un renouvellement chez les siens pour essayer, plus tard, d’accéder à l’équipe officielle. Mais désormais, il ne peut prétendre qu’à sa propre succession, et pire, il pourrait s’estimer heureux si c’est le cas au vu du monde qui pousse à la porte. Fermin Aldeguer (sous contrat avec Ducati mais sans aucune équipe attribuée) est un candidat sérieux, par ailleurs déjà évoqué fin 2023, tout comme d’autres qui souhaiteraient se relancer avec une formation Ducati. Il n’est pas à l’abri. Au moment où ces lignes sont écrites, quelques rumeurs l’envoient chez Aprilia, mais rien de concret.

 

Se relever

 

J’avais dit, dans une précédente analyse le concernant, que le talent ne se perdait pas en si peu de temps. Je reste convaincu que s’il parvient à maîtriser son package, et surtout, qu’il ne se blesse pas en essayant de le faire fonctionner, il peut retrouver son rang, ou presque. Le bilan de sa saison 2023 était peut-être trop bien payé, mais il n’est certainement pas au-delà de la 10e place dans la hiérarchie en MotoGP.

 

Marco Bezzecchi ombre

Je suis convaincu qu’il peut revenir. Photo : Michelin Motorsport

 

Pour autant, j’ai du mal à voir une amélioration de son côté. L’écart avec la GP24 ne va faire que s’accroître ; celui avec Marc Marquez également. La dynamique est bien meilleure pour Di Giannantonio, qui lui progresse réellement. Mine de rien, nous approchons de la mi-saison. Il ne faudra pas tarder à se réveiller, et je compte sur lui pour le faire à Assen : un circuit qui correspond parfaitement à son style de pilotage, qui s’exprime au mieux dans les grandes courbes et autres freinages à plat.

Qu’avez-vous pensé de son début de saison, et croyez-vous qu’il vaut toujours autant sur le marché ? Dites-le moi en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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