Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Joan Mir qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Un pilote convaincant
Après quelques jours à traiter de saisons aussi déprimantes
les unes que les autres, parler de Marco Bezzecchi fait du
bien. Sans même évoquer les statistiques, ce pilote amène
un vent de fraîcheur très appréciable. Dans le plus pur style
italien, Bezzecchi a rayonné de par sa personnalité et son
charisme. Mine de rien, c’est un bon point et c’est une
qualité qui n’est plus partagée par beaucoup à l’heure
actuelle.
Cependant, cela ne doit pas biaiser l’analyse. En
réalité, la saison du rookie de l’année est convaincante, mais
crier au génie est osé. C’est le seul débutant, qui, au sein de
cette cuvée pourtant formidable sur le papier, s’est démarqué.
Attention à ne pas se faire avoir par la comparaison. Doté d’une
Desmosedici GP21 très performante, il n’a pas ébloui la planète
moto mais a réalisé quelques performances de grande qualité.
Avec une pole position, un podium et trois autres top 5,
son année est réussie.
II) Luca Marini ou Marco Bezzecchi ?
Ce qui est intéressant dans son cas, c’est la comparaison avec
Luca Marini, disposant d’une GP22. Le demi-frère
de Valentino Rossi, auteur d’une très bonne
saison, a remporté le duel entre coéquipiers (9-6 sur les courses
où les deux franchissent la ligne), mais Bezzecchi n’a pas démérité
pour autant. Rappelons tout de même que la GP22 était sensiblement
moins bonne que la GP21 sur les premiers rendez-vous, ce qui
explique le départ poussif de Marini.
Marco s’est illustré par son sens du combat et son explosivité, à
coup sûr son atout n°1. Les courses en paquet ne lui font pas peur
et il n’hésite pas à se battre pour sa position. Sa vitesse est
plutôt bonne, assez bien retranscrite par sa position au général.
A contrario des précédents « rookies de
l’année », Bezzecchi a quand même son lot de points
faibles. Tout d’abord, les courses sous la pluie. Il a
terminé 20e en Indonésie (l’équipe invoqua un
problème technique) et 16e en Thaïlande alors
qu’il partait de la pole position. Avec Marco, seuls Fabio
Di Giannantonio et Remy Gardner n’ont pas
marqué de points lors des deux manches.
Ensuite, et sans aucun doute le plus important, la régularité dans
la performance, premier critère pour bien figurer au classement
général et s’assurer un avenir radieux en Grands Prix. Marco peut
réaliser un très bon weekend, solide dans toutes les séances, mais
rater complètement le suivant. On note ainsi des pertes et
gains immenses, allant de + 12 à – 8 positions sur deux GP
successifs. Certes, il vient d’arriver en MotoGP, mais son
package était performant sur toutes les pistes, dans toutes les
conditions, en plus d’être parfaitement connu pour sa deuxième
année d’exploitation. C’est un détail à surveiller pour
2023.
Conclusion :
Le rookie de l’année a réalisé une campagne honnête et
convaincante, mais nous ne pouvons pas passer outre certaines
lacunes. Oui, un jeune loup devrait avoir le temps de faire des
erreurs ou de perfectionner son art et de gommer ses imperfections
(la régularité dans le cas de Bezzecchi), mais le marché actuel
forme des rookies toujours plus forts, rapides et parfaits. Alors,
certes, il a devancé les autres inexpérimentés, mais la comparaison
est biaisée au vu de la pauvreté de leurs campagnes respectives. Si
l’on rapporte au nombre de points par course (5,5 ppc pour
l’Italien sur l’exercice 2022), il est loin du rookie de
l’année 2019 (Quartararo, 10,1 ppc), 2020
(Brad Binder, 6,2 ppc), et 2021 (Martín,
7,9 ppc). Cela ne veut pas dire qu’il n’atteindra jamais
leur niveau, Bagnaia avait peiné lors de sa première saison
en 2019, malgré une machine plutôt compétitive.
En 2023, le sympathique Italien devra montrer des progrès, car les
places coûtent de plus en plus cher. Imaginez un instant qu’il
stagne malgré une pole et un podium, et que dans le même temps,
Celestino Vietti soit dans une saison de feu en Moto2
? La question du remplacement se poserait légitimement au
vu de la physionomie du championnat, malheureusement pour Marco.
D’ailleurs, Luca Marini n’est pas à l’abri mais il semble avoir
l’avantage, disposant d’un style plus
« MotoGP » dans l’esprit (posé, très
régulier dans la performance mais moins étincelant). En
tout cas, nous lui souhaitons la meilleure saison
possible.
Qu’avez-vous pensé de sa campagne ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport