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Honda Marc Márquez

C’est désormais officiel : Marc Márquez quittera Honda pour Gresini Racing la saison prochaine, comme attendu. À vrai dire, ce transfert est assez simple à comprendre ; il s’agit juste d’un pilote extrêmement talentueux qui désire un meilleur matériel. Cependant, il est intéressant de voir ce qu’il advient aux trois parties, à commencer par Honda Repsol. Car selon moi, c’est un énorme coup dur que subit ici la marque ailée.

 

Honda, c’est Marc Márquez

 

En effet, je pense que la situation est catastrophique pour les Japonais. Et encore, je pèse mes mots. Car on a beau retourner le problème dans tous les sens, essayer de se conforter en se disant que cela laissera plus de place aux ingénieurs, que la direction sera moins concentrée sur un seul pilote. Oui, cela pourrait profiter à Johann Zarco par exemple, typiquement, mais aussi à Joan Mir. Tout cela est vrai, mais ne pèse pas lourd face à l’éléphant au milieu de la pièce, que l’on fait semblant de ne pas voir.

Marc Márquez quitte l’équipe d’usine Honda pour une formation familiale. Relisez simplement cette phrase, ou attendez, je vous en propose une deuxième. L’un des cinq plus grands pilotes de tous les temps préfère une petite équipe, dernière de la hiérarchie Ducati, à la plus grande marque de moto du monde, accessoirement meilleur team de l’histoire des Grands Prix. Forcément, qu’on veuille l’accepter ou non, c’est terrible.

 

Honda Marc Márquez

Le fameux « podium romantique ». Photo : Michelin Motorsport

 

Car Marc était Honda. Qui a fait la firme japonaise sur ces dix dernières années, si ce n’est lui ? Qui est seulement le deuxième meilleur pilote Honda sur cette même période ? Un vieux Dani Pedrosa, ou un Cal Crutchlow efficace mais irrégulier ? Il faut se rendre compte de la taille du trou que laisse Márquez.

 

Honda n’est plus

 

Quitter la firme à l’aile dorée pour une équipe aussi confidentielle relève de l’inédit. Ce n’est pas faire affront à la légende de Fausto Gresini et sa création que d’affirmer ceci. L’usine Honda, comme le disait Jorge Lorenzo, c’était le rêve de tout pilote, le nec plus ultra, ce qui se faisait de mieux, la pointe. L’équipe qui avait fait gagner Mick Doohan, Valentino Rossi, Dani Pedrosa, Nicky Hayden, sans oublier les Casey Stoner et bien d’autres. C’est l’écurie reine, la Scuderia Ferrari du MotoGP.

Et pourtant, Márquez, en capacité de gagner des courses, part. Pour moi, il s’agit du deuxième énorme coup dur subi par Honda après la délégation de la confection du châssis à Kalex, même s’il s’agissait de plans d’usine. La défection du pilote phare, celui qui porte le MotoGP à bien des égards, le seul survivant de la période dorée, a suivi. À vrai dire, Honda n’avait plus que Márquez pour exister. Désormais, sans bonne moto, sans bonne direction et sans légende, Repsol ne sponsorise plus qu’une très mauvaise formation sur la grille, rien de plus.

L’image renvoyée est terrible, car malgré les efforts fournis récemment, malgré le podium de Motegi et le bon week-end en Inde, malgré l’attachement de Márquez à son employeur, malgré le lien fort entre l’octuple champion du monde et l’accent espagnol de l’équipe incarné par Repsol, malgré les victoires, les six titres, les podiums, les poles, le support de 2020 à 2022, il s’en va quand même. Tout le monde accuse donc Honda de ne pas avoir pu conserver son prodige, celui dont elle accoucha. Je n’ose imaginer le revers dans les bureaux de l’archipel.

 

Honda Marc Márquez

Finalement, sur onze saisons, quatre ont été vraiment frustrantes. Photo : Michelin Motorsport

 

Reconstruire

 

Maintenant, que faire ? Pas grand-chose, à part prendre son mal en patience et reconstruire. Avec quoi ? Les ingénieurs semblent pousser, avec peut-être l’introduction d’un nouveau concept en 2024. Avec qui ? Là est la question. Si Márquez, l’un des plus hargneux de l’histoire, s’est tiré tant il en avait marre – l’épisode du Sachsenring est criant, alors imaginez seulement l’état d’esprit des autres ! Une place se libère, et les prétendants sont assez bien identifiés. Pourquoi pas Jack Miller pour appuyer notre théorie d’hier. Ou alors, moduler avec le contrat de Johann Zarco pour le faire monter chez Repsol et retrouver un Miller ou Di Giannantonio chez LCR.

Donc si je résume, il y a un monde où Honda doit reconstruire une équipe capable de gagner le titre mondial à moyen-terme (la durée privilégiée par les hommes en costard) avec un quatuor Miller/Mir/Zarco/Nakagami dans le meilleur des cas ?

Marc Márquez n’incarnait pas seulement l’héritage de Honda sur la dernière décennie hors des circuits. Certes, je l’avais critiqué il y a quelques mois mais justement car je le pensais capable du meilleur. Et il suffit de regarder les résultats pour constater son importance. Avant la victoire d’Álex Rins à Austin, il fallait remonter au Grand Prix d’Argentine 2018 pour un autre succès avec un autre pilote Honda. On a beau critiquer le poids pris par Marc dans sa « famille », aussi parce que cette prise de masse arrangeait bien la firme, mais il reste celui qui porte l’équipe, qu’on le veuille ou non. Et ce n’est pas Joan Mir qui nous convaincra du contraire.

 

Quand votre projet repose sur Joan Mir, ce n’est pas bon signe. Photo : Michelin Motorsport

 

Conclusion

 

Sur les plans politiques et sportifs, Honda perd gros. La vraie question est la suivante ; pourront-ils se relever ? Je me penche sur cette interrogation depuis un moment déjà, mais il faudra attendre la fin de saison pour avoir un avis argumenté et construit. Tout de suite, à chaud, ma réponse tend davantage vers le « non », ce qui paraît totalement fou à dire. Une deuxième partie est parue, et qui répond peut-être à vos interrogations. Cliquez sur cette phrase pour la retrouver. 

Et vous, que pensez-vous de la situation chez Honda ? Dites-le nous en commentaires ! 

Photo de couverture : Box Repsol

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