Márquez, Rossi, Lorenzo, Agostini, Hailwood,
nous avons tous en tête un petit groupe de pilotes, qui sont, sans
conteste, les plus grands de tous les temps. Mais qui est
le n°1, s’il y en a un ? C’est la question à laquelle
nous essayons de répondre, après avoir traité en détail le cas de
Valentino Rossi. Dans cette deuxième partie, nous allons étudier
les quelques points noirs de la carrière de Marc
Márquez. Hier, nous sommes revenus en longueur sur ce qui
faisait sa grandeur, et c’est pourquoi la lecture de cet article
est primordiale.
Vous retrouverez tous les tenants et aboutissants – dont les
critères – pour comprendre au mieux la situation en cliquant sur
cette phrase en surbrillance.
I) La gestion de son image
Vous l’aurez compris, il est finalement assez difficile de trouver
des défauts à la carrière de Marc Márquez. Gardez
bien en tête que les quelques points que nous allons explorer ne
sont, en aucun cas, équivalents à ceux évoqués hier :
c’est pourquoi il est l’un des plus grands.
Mais tout de même, revenons sur ce qui ne va pas, ou ce qui aurait
pu aller mieux. Un, en particulier, saute aux yeux, à
savoir la gestion de son image. Márquez est tout sourire
la plupart du temps, ce qui est sans doute sincère, là n’est pas la
question. Avant 2015, il incarnait le golden boy, celui à
qui tout sourit, adoubé par Valentino Rossi et
aimé de tous les fans. Son image très positive s’en
ressentait. Mais après 2015, le ciel s’assombrit. En
effet, la bataille de Sepang laissa des traces. Márquez n’est pas
irréprochable quant à sa relation avec Rossi, même si les deux ont
des torts.
Bien que cela soit facile à dire, la meilleure chose à
faire, à ce moment-là, était de confronter Rossi, publiquement s’il
le fallait. C’est ce qu’a toujours fait Jorge
Lorenzo qui a parfaitement géré son image depuis ses
débuts en 125cc. Dans « le récit », Márquez est devenu le
méchant, mais il n’a aucunement embrassé ce statut. Au contraire,
il tenta de se réconcilier à plusieurs reprises avec Vale’, se
prenant même un vent légendaire en conférence de presse. Puis,
après le Grand Prix d’Argentine en 2018, en allant
directement dans le box Yamaha pour s’excuser une nouvelle fois
avant de se faire rejeter. Mais après tout ce qui s’était passé,
Rossi n’allait jamais sortir et lui tendre la main, c’était
prévisible. Marc donne l’impression qu’il court derrière l’image
qu’il renvoyait en
2013, sans succès.
D’ailleurs, même dans le positif, cela pêche. Il
n’a jamais développé un univers aussi poussé que Rossi et Lorenzo –
les maîtres dans cet exercice – et sa victoire au Sachsenring en
2021, soit l’un des plus grand retours de l’histoire du sport, a
été fêté… avec une feuille A4 sur le carénage.
C’est trop peu, et bien que cela ne soit pas dans sa nature, il
faut parfois en vouloir davantage, car l’histoire ne retient pas
que la piste seule. L’image est primordiale dans le
souvenir que vous laissez aux gens.
II) L’intelligence de course
C’est la première fois que nous parlons d’un aspect de son
pilotage quasi-parfait. Quasi, car son intelligence de
course pêche, et lui a trop souvent fait défaut. En 2015, elle lui
coûte le titre avec une erreur à Barcelone,
largement évitable. Puis, lors des batailles à un contre un, il est
plus souvent perdant que gagnant, ce qui est un paradoxe pour un
pilote du calibre de Márquez. Ainsi quand le finish est légendaire,
c’est souvent Marc qui est à la mauvaise position, battu. Lorenzo
lui a fait la leçon à Silverstone en 2013 ou au
Mugello en 2016, mais ce fut aussi le cas de
Rossi, à Assen en 2015, comme
Rins (Silverstone 2019) ou encore
Dovizioso (Spielberg 2019, Motegi
2017). Ensuite, sa volonté de toujours vouloir pousser à
fond ne lui profite clairement pas, et il est retombé dans ses
travers à Valence en 2022 alors qu’il semblait avoir trouvé la clé
sur les courses précédentes.
III) Trop d’engagement
La direction de course est quelque peu responsable de ce point de
vue, car trop souvent, elle a laissé faire. Márquez a beaucoup de
casseroles avec différents pilotes. Jorge Lorenzo à Jerez
en 2013, qui aurait dû résulter en une pénalité. Nous
n’allons pas toutes les citer, mais la plus évidente d’entre elles
est sans conteste le GP d’Argentine en 2018,
course sur laquelle nous sommes revenus en longueur il y a quelques
jours. Des pilotes affirmaient que Márquez avait un
lien avec l’excès d’engagement lié aux accidents en Moto3,
et il est difficile de leur donner tort en toute
objectivité.
IV) Marc Márquez, le nouveau Héctor Barberá ?
Longtemps, le titre de suiveur n°1 en qualifs fut attribué à
Héctor Barberá. Mais depuis son retour, Márquez
est incontestablement le champion dans ce domaine. Ceci a le don
d’agacer les pilotes, car il le fait de manière assez provocante,
sortant dans les échappements de ceux qu’il a décidé de suivre. À
vrai dire, et bien que nous comprenons l’avantage liée à cette
position, cela fait assez tâche pour un champion de la sorte. Même
à l’écran, c’est assez bizarre à observer, car cela ne reflète pas
sa grandeur. Il s’agit là d’un détail, mais qui méritait
d’être mentionné.
Conclusion :
Marc Márquez est-il le GOAT ? Pas selon nous, ou tout
du moins l’auteur de cet article. Tant qu’il ne va pas
chercher les dix titres auxquels Rossi n’a pas eu accès, il lui
sera difficile de réclamer cette position, qui est justement, selon
nous, celle de « The Doctor ». Si l’on
met de côté le palmarès, impossible d’oublier ses – trop – nombreux
moments douteux, en piste ou non d’ailleurs. Rassurez-vous,
dans un classement, il graviterait aux alentours de la 3e ou 4e
place. Mais sa carrière n’est pas finie, et qui sait ce
que l’avenir nous réserve.
Selon vous, peut-il prétendre au titre de plus grand pilote de tous
les temps ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Box Repsol