Nous y sommes. La question du GOAT, ou
le « plus grand de tous les temps » en
version française, anime passionnément les soirées des fans de
sport. Dans la majorité des disciplines, le débat reste ouvert,
avec plusieurs candidats sérieux au trône. Depuis quelques années,
force est de constater que le choix Rossi,
qui semblait évident, est quelque peu remis en cause
par de nombreux fans, et parfois avec des arguments très
convaincants. Bien entendu, Márquez n’est jamais très loin
derrière. Aujourd’hui et demain, nous allons nous pencher
sur la question, en étudiant son cas en long, en large et en
travers, de la manière la plus objective possible, point par point.
Vous pouvez également nous dire ce que vous en pensez en
commentaires mais toujours dans le respect du pilote et des autres,
cela va de soi.
I) À quoi ça sert ?
Avant même de commencer, revenons sur une première question
existentielle. Est-ce vraiment bien utile d’en nommer un,
qui bénéficierait d’une aura plus grande que les autres ?
Pas spécialement. Cela relève plus du débat de comptoir que d’une
thèse. Mais ce genre de discussions, quand elles sont parsemées
d’arguments pertinents, sont souvent les plus intéressantes et
passionnantes, et c’est pourquoi nous écrivons
ceci.
Ensuite, les critères. Nous sommes partisans d’une
théorie un peu particulière, mais qui a porté ses fruits dans
d’autres conversations de ce genre. Nous n’allons pas comparer le
niveau, mais la grandeur, ce qui est totalement différent. Pour
être le plus grand, il faut faire de grandes choses, et non pas
seulement gagner. Cette subtile différence à son importance, car le
comportement en piste, l’impact des victoires ou la gloire émanant
d’un patronyme sont autant de paramètres pris en compte.
D’ailleurs, c’est sous ce prisme que nous avions étudié le cas de
Valentino Rossi, mais aussi effectué des classements
comme le
top 10 des pilotes français en Grands Prix. Les
statistiques pures et le succès ne sont aucunement négligés,
surtout quand ils sont remis dans leur contexte.
Dans cet épisode, nous allons nous pencher sur ce qui a
fait la grandeur de Marc Márquez, et nous reviendrons
demain, même heure, pour ce qui le dessert ainsi que notre
conclusion finale, à savoir la réponse à la question posée dans le
titre. Vous êtes prêts ? C’est
parti !
I) L’extra-terrestre
Le premier point en faveur de l’octuple champion du monde
est son côté surnaturel. Dans l’histoire, aucun pilote ne
tient la comparaison et nous n’avons pas peur des mots. Sur la
moto, Márquez est spectaculaire, il rassemble, éblouit. C’est un
passionné passionnant, ce qui n’est pas le cas de toutes les
légendes. À l’heure où le pilotage se lisse, s’uniformise et où
l’électronique prend le pas sur le reste, Márquez est le seul à
faire du Márquez. C’est absolument remarquable. Côté exemples, qui
seront distillés tout au long de cette rétrospective, nous n’en
manquons pas. Nous pourrions parler de ses sauvetages, aucun pilote
ne peut l’imiter, surtout aussi fréquemment. En 2019, soit
le probablement le meilleur de Marc, il en réussissait un
ahurissant par weekend,
jusqu’à s’en amuser avec la foule.
Nous pourrions évoquer longuement les qualifications du
Grand Prix des Amériques en 2015, édition qu’il
marque de son génie en laissant sa machine en panne contre le muret
des stands, pour s’emparer du mulet et claquer la pole. Nous
pourrions évoquer ses dépassements d’outre tombe, ses angles de
malade… Mais cela serait bien trop long. Vous l’aurez compris, il
est un spectacle à lui tout seul : Son unicité pèse lourd dans
l’étude de son cas. Nous pensons, plus subjectivement, que «
l’effet wow » relatif à Márquez est plus important qu’avec
Casey Stoner ou Mick Doohan.
II) Un palmarès digne des plus grands
Marc est aussi dans cette discussion avec les
Agostini, Rossi et autres
Hailwood car il dispose d’un palmarès fou.
Titré en 125cc, puis en Moto2, et finalement en MotoGP avec
le statut de rookie, fait qui n’avait pas été vu depuis Kenny
Roberts en 1978. En catégorie reine, c’est 59
victoires, 100 podiums, 63
poles (sans doute le meilleur de l’histoire dans cet
exercice) et 59 meilleurs tours en course, à
l’heure où ces lignes sont écrites. Inutile de passer plus de temps
sur ce point, car s’il est nécessaire, est déjà connu de
tous : Márquez valide amplement le critère du palmarès.
N’oublions pas que quatre de ses six titres mondiaux (2016-2019)
ont été acquis à l’ère de l’E.C.U
unique, et parfois, avec une machine inférieure. Il a
écrasé des saisons entières, comme en 2014 avec 10
victoires consécutives, ou en 2019, sa meilleure campagne,
exclusivement 1er ou 2e toute la saison à l’exception d’une
chute à Austin, probablement causée par une défaillance
mécanique.
III) Des moments d’histoire
Voici un argument un peu plus subtil. Dans le positif comme dans le
négatif (sur lequel nous nous pencherons demain), Márquez
fait partie de l’histoire avec un grand H. Durant la
période dominée par les pilotes d’usine, il a été au cœur de joutes
légendaires avec Jorge Lorenzo et
Valentino Rossi, avant ou après être parti au
clash (Laguna Seca 2013 pour Vale’, et toute la saison 2013
avec Jorge, puis Sepang 2015,
Argentine 2018…). Ainsi, il est toujours au cœur des
conversations, il crée la polémique. Contrairement à une pensée
largement répandue, toute publicité n’est pas bonne à prendre.
Márquez est dans un entre deux, soit on l’aime, ou soit on
le déteste, mais tout le monde doit reconnaître son
talent.
IV) Un destin à peine croyable
Pour conclure cette première partie, nous allons aborder un point
qui n’est pas si discuté. Qui a réellement parlé de son
retour gagnant ? Sa victoire au Sachsenring en 2021
est l’un des plus grands moments de l’histoire moderne. Son destin
est largement comparable à celui de Mick Doohan et
même, dans une moindre mesure, à celui de Niki Lauda en
1976, bien que sa vie n’ait jamais été mise en danger. Ses
trois victoires en 2021, dont deux sur ses tracés favoris
(Austin et Sachsenring) devraient être plus
souvent abordées. Marc a été en enfer pendant plus d’un an.
Clairement, ce comeback pourrait faire l’objet d’un
film. Tout cela contribue à sa grandeur et s’il gagne
encore en 2023, après une autre année difficile, alors il
entérinera davantage sa place dans la légende.
C’est tout pour aujourd’hui ! Quoi qu’il en
soit, il s’agit de l’un des plus grands, comme vous le savez déjà.
La deuxième partie est déjà parue !
Retrouvez-la en cliquant sur cette phrase en
surbrillance. Dites-nous ce que vous en pensez
en commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport