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MotoGP titre mondial

Quand ce n’est pas Pecco Bagnaia, c’est Jorge Martin. Effectivement, il est vrai qu’à la lecture des statistiques de cette saison 2024, personne ne semble résolu à prendre une option sur le titre mondial MotoGP. Mais pourquoi cette impression ? Est-ce que c’est vrai ? Et si quelqu’un d’autre raflait la mise ? Ensemble, tentons de répondre à cette épineuse question.

 

Comment expliquer ce phénomène ?

 

Je pense à cette question depuis un petit moment maintenant, et il faut reconnaître qu’elle est assez difficile. Pourquoi ? Car elle mélange la réalité mathématique et le ressenti. On peut parfaitement trouver Bagnaia et Martin dominants, car ils gagnent la majorité des épreuves – comme nous le verrons demain, mais aussi, qu’aucun n’est assez fort pour s’imposer durablement. Les deux lectures sont justes et légitimes.

 

Le facteur Bagnaia

 

Comme vous, je constate que le championnat semble échapper constamment aux deux protagonistes de cette saison 2024, je ne suis pas aveugle. Il est vrai qu’ils ont leur lot de défauts, et que leurs moyennes sont assez faibles. Jorge Martin, actuellement leader du mondial, a marqué 64 % des points disponibles. Mais cette statistique n’est pas étrange. Il faut rappeler que Martin ne s’est imposé que deux fois en Grands Prix, et cinq fois en Sprint, sur treize manches.

Pour moi, ce qui tronque considérablement la lecture que nous faisons de cette saison, c’est la position de Pecco Bagnaia. Car même si Martin a eu des « trous », notamment le Sprint au Mugello et, pire encore, cette course au Sachsenring, il est très régulier dans la performance. Cette 15e place à Misano représente la seule épreuve qu’il n’a pas terminé dans le top 4 de l’année, lorsqu’il ne tombait pas, bien sûr.

 

MotoGP titre mondial

Bagnaia est un pilote des plus spéciaux. Photo : Michelin Motorsport

 

Bagnaia, en revanche, n’a amassé que 63,4 % des points disponibles, mais a déjà gagné à sept reprises le dimanche, et trois fois en Sprint. C’est colossal, il devrait largement être devant. Lui aussi est assez régulier le dimanche, mais peine à construire une dynamique le samedi, voilà la raison de son retard par rapport à son potentiel maximal.

Certaines de ses contre-performances sont circonstancielles ; c’est un fait objectif. Et il y en a eu beaucoup cette saison. Au Portugal, tout d’abord, lui et Marc Marquez se sont éliminés lors du Grand Prix. Ensuite, sur le format court à Jerez, il s’est fait percuter par Brad Binder dans le virage n°1. En France comme à Aragon, un problème mécanique a eu raison de ses efforts du samedi. Puis, le dimanche sur le MotorLand, ce désormais fameux accrochage avec Alex Marquez lui a coûté la troisième place. Je ne dis pas qu’il était innocent à chaque fois qu’il n’a pas marqué de points car il y a toujours moyen de faire mieux. Après sa touchette avec le petit frère Marquez, je n’avais pas hésité à le mentionner. Mais ces péripéties sont ponctuelles, elles découlent d’un contexte parfois étrangement défavorable.

Il a aussi eu des torts (en Catalogne et à Silverstone en Sprint, notamment, ainsi que sur tout le week-end aux USA), mais on ne peut pas dire que le sort soit avec lui depuis le début de la saison. Il semble se battre ardemment contre un momentum défavorable, qu’il entretien indirectement en commettant des bourdes. Que vous condamniez lesdites erreurs ou non, vous devez reconnaître que la dynamique de son exercice est peu propice à un écrasement total. Surtout quand son style va à l’encontre de la domination à l’échelle d’une saison.

 

MotoGP titre mondial

Martin, pourtant très mature et lui aussi champion du monde, peine à se saisir de ce titre qui paraît à sa portée. Photo : Michelin Motorsport

 

Deux frères dans le même bateau

 

Un jour, j’écrirai sur les ressemblances entre Martin et Bagnaia. Je me le suis promis, car j’ai l’impression que les gens ne font que les mettre en opposition, peut-être parce qu’un est plus vocal que l’autre. Mais si l’on dézoome, ce sont les deux mêmes, ou presque. Ils ont la même approche du sport, le même fair-play, la même vitesse (léger avantage Martin, mais pas tant que ça), la même philosophie en ce qui concerne les dépassements. Et tous deux sont des attaquants. Ils ne relâchent jamais leur garde, l’un comme l’autre. Ils ne font qu’aller de l’avant, jusqu’au bout, et parfois – souvent – à tort. Cette saison 2024 et l’existence de cet article justifient cette prise de position, vous en conviendrez.

 

 

Cette approche assez extrême de la course entraîne deux phénomènes. Premièrement, ils ne peuvent pas être titrés avec un grand nombre de points. Bagnaia a toujours eu des moyennes plutôt faibles et ce n’est pas prêt de s’arrêter. C’est pour cette raison que les batailles pour la couronne sont serrées depuis 2022. Deuxièmement, ils sont très difficiles à battre course après course. Le fait qu’ils ne calculent rien en font des adversaires redoutables à l’échelle d’un week-end, sans doute parmi les plus forts qu’on ait vu au plus haut niveau.

Ceci entraîne une sorte de paradoxe. Par exemple, je pense que Marc Marquez peut, actuellement, recouvrer une bonne partie de son déficit de 53 points sur le « Martinator ». Il pourra profiter des erreurs de l’un ou de l’autre pour revenir sur la tête jusqu’à la fin de la saison. Mais s’il arrive à leur niveau, alors il lui sera extrêmement difficile de creuser l’écart. Un autre bon exemple est Bastianini : il est toujours là, bien placé, avec déjà six podiums et une victoire au compteur. Mais la grande majorité du temps, « Bestia » ne joue pas dans la même cour que Martin et Bagnaia.

Le fait que les deux possèdent le même style explique pourquoi l’un a bien du mal de faire de l’ombre à l’autre, malgré une grande différence au niveau du nombre de victoires.

 

Rien n’est joué, et ce dernier tiers du championnat nous réserve encore bien des surprises. Photo : Michelin Motorsport

 

Conclusion

 

Ces éléments permettent de mieux comprendre la dynamique de cette saison assez étrange. Pour résumer, Bagnaia et Martin se confondent et incarnent une sorte de pilote imbattable à l’échelle d’un week-end. Il est possible de leur reprendre des points à moyen-terme car leur approche leur fait naturellement en marquer peu à sur une saison ; ils gagnent des points de la même manière qu’ils en perdent. Si l’on ajoute à cela les circonstances défavorables qui ont frappé Pecco Bagnaia de plein fouet, on comprend mieux pourquoi ce championnat semble si indécis, comme si personne ne voulait prendre le titre mondial.

Se pose alors une question subsidiaire. Assiste-on à un championnat faible, ou fort ? La deuxième partie de cette analyse, qui répond à cette question, est désormais sortie ! Jetez-y un œil en cliquant ici.

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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