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MotoGP ailerons

C’est un sujet brûlant qui divise notre communauté. Quoique, diviser n’est peut-être pas le bon terme, étant donné que le public semble s’accorder sur cette question. Les ailerons sont plus présents que jamais en MotoGP, et cela ne plaît pas. Il y a juste à faire un tour sur les réseaux sociaux – un outil un peu futile mais qui, mine de rien, met en lumière des tendances significatives – pour s’en apercevoir. À chaque présentation d’un nouveau modèle, les commentaires ne peuvent s’empêcher de remarquer les appendices aérodynamiques imposants des machines. Mais alors, cette aversion envers les ailerons est-elle justifiée ? Selon moi, pas du tout, et je vais essayer de vous convaincre.

Bien sûr, comme tous les articles de cette rubrique, il s’agit ici d’une analyse subjective, avec des arguments choisis afin d’exprimer une opinion. Vous êtes libre d’être en désaccord, et c’est pourquoi la section commentaire existe. Je me ferai un plaisir de lire vos avis concernant cette question, dans le respect et le calme, bien entendu.

 

La vitrine technologique

 

Avant d’expliquer, selon moi, pourquoi certains arguments contre les ailerons ne sont pas recevables, je vais commencer par les défendre en tentant d’expliquer pourquoi ils sont nécessaires. Depuis toujours, et a fortiori depuis la professionnalisation de la discipline, les Grands Prix moto incarnent le nec plus ultra de la compétition motocycliste. Encore aujourd’hui, les meilleurs pilotes du monde se partagent 22 guidons en MotoGP, pas un de plus. Pour les constructeurs, c’est la même chose. Il s’agit du nec plus ultra, de la crème technologique.

 

MotoGP ailerons

Le MotoGP se distingue aussi par cette dimension. Photo : Michelin Motorsport

 

Quel est le but d’une marque ? Faire une moto plus rapide que les autres tout en respectant le règlement. Les ailerons ne sont qu’une conséquence de l’évolution technologique, c’est un moyen d’aller plus vite, pas une fin en soi. Tant que le règlement le permettra, les ailerons seront là car ils permettent d’être plus performant. D’ailleurs, nous sommes en présence des machines les plus rapides jamais conçues. Les records battus lors de la pré-saison 2024 laissent penser que nos héros iront encore plus vite cette année.

En allumant ma télé, je veux voir deux choses. Du spectacle, et ce qu’il se fait de mieux en matière de technologie. Dans cet ordre. Tant que les instances font concorder ces deux principes – ce qui est le cas actuellement, nous allons y revenir – ça me va. Pour la cohérence philosophique inhérente aux prototypes, les ailerons doivent exister.

 

 

Plus de spectacle

 

C’est l’un des points qui revient le plus souvent. J’entends, fréquemment, que « les ailerons empêchent les pilotes de se suivre », ou d’une manière plus générale, qu’ils restreignent les dépassements. Je me demande si ceux qui avancent ces propos ont regardé les Grands Prix de ces dernières années. Le MotoGP est plus disputé que jamais, l’équilibre entre les forces en présence sur la grille est quasi-parfait. Même Yamaha et Honda, à la traîne, ne sont physiquement pas loin de Ducati. Juste, beaucoup s’intercalent. Nous avons assisté à des courses absolument sensationnelles lors de ces deux dernières saisons, prises en exemple en raison du développement aérodynamique accru réalisé par Ducati et Aprilia sur la période. Le Mans 2022, Misano 2022, Aragon 2022, Phillip Island 2022 & 2023, Jerez 2023, Pays-Bas 2023, Allemagne 2023, Indonésie 2023, Thaïlande 2023, Valence 2023 ; je n’ai cité ici que des GP où la victoire s’est disputée à coups de joutes intense, de celles qui empêchent de respirer. Pas des duels pour la deuxième ou troisième place. Et oui, j’ai connu le MotoGP sans ailerons. Laissez-moi vous dire que c’était loin d’être aussi fou.

 

MotoGP ailerons

Marc Marquez n’aurait pas pu s’imposer en tant que rookie s’il n’avait pas été sélectionné par Honda Repsol. Seuls les officiels Honda et Yamaha se sont imposés pendant des années. Photo : Michelin Motorsport

 

Comme tout le monde, je suis nostalgique de l’époque des quatre fantastiques, et de cette ère 800cc qui voyait s’affronter de réelles personnalités, bien plus affirmées que celles qui se disputent le titre actuellement. Il y a eu de grandes courses, c’est vrai, mais combien de purges. Combien de victoires en solitaire de Jorge Lorenzo, combien de démonstrations de Casey Stoner en 2011. Allez revoir les courses et vous vous apercevrez que l’on y gagne au change. Les triomphes avec plus de dix secondes d’avance ont disparu, et c’est tant mieux. D’autant qu’à l’époque, seulement deux équipes se disputaient toutes les victoires, soit quatre pilotes. En 2012, sept hommes différents sont montés sur le podium. En 2023, ils étaient quinze.

Non seulement les courses sont plus disputées aujourd’hui, mais une plus large majorité peut bénéficier des avantages de la technologie aérodynamique.

 

La beauté est subjective

 

Vient un autre point plus sensible, à savoir, la beauté des motos. Sur ce point, je suis d’accord. Les ailerons ne sont pas des plus gracieux, et je préférais largement quand elles n’en avaient pas esthétiquement parlant. Mais cet argument ne tient pas la route, car les MotoGP ne sont pas faites pour êtres belles. Aussi, la sensibilité à la beauté technologique est un point qui divise. La complexité des designs récents a aussi quelque chose de magnifique, mais à chacun sa vision.

En aucun cas, cela ne peut être retenu contre les ailerons ou les constructeurs, qui font de leur possible pour gagner une course, et pas un concours d’élégance.

 

D’accord, ça n’est pas très joli. Et alors ? Photo : Michelin Motorsport

 

Le MotoGP n’est pas le Superbike

 

Je comprends cet argument. En tant que possesseur d’une Yamaha, d’une Honda ou d’une Aprilia, on aimerait pouvoir reconnaître à la ligne une MotoGP pour s’y identifier, comme si l’on faisait partie de l’équipe. Et force est de constater que les ailerons se ressemblent sur toutes les machines ; au vu de la place qu’ils prennent, elles en deviennent cachées derrière ces grosses proéminences en carbone. Tout cela est vrai, mais encore une fois, ces motos n’ont pas vocation à représenter l’utilisateur. Il s’agit de prototypes exclusivement conçus pour la course. Pour cela, il faudra vous tourner vers le Superbike. Mais si vous voulez voir ce qu’il se fait de mieux, alors, pas d’autres choix que de vous coltiner les appendices.

Depuis quelques années d’ailleurs, les constructeurs collent des ailerons à leurs hypersportives. Regardez la dernière Honda CBR1000RR-R ou la toute nouvelle Aprilia RSV4 Factory 1100. Et soyons honnêtes, même il y a dix ans, il aurait été difficile de trouver des points communs, visuellement, entre une Yamaha YZR-M1 officielle et une YZF-R1 de la même année, ailerons ou pas.

 

Conclusion

 

Vous n’êtes pas obligé d’aimer les ailerons. Vous pouvez même vous désintéresser de la catégorie à cause de la direction qu’elle emprunte. Mais factuellement, ils ne représentent pas un danger pour la dimension spectaculaire de notre discipline, et n’ont pas à servir d’autre intérêt que d’aider le pilote à aller plus vite. Le MotoGP doit rester un sport de prototypes, qu’ils soient beaux, moches, larges ou minces. Tant qu’il y a de la bagarre, de la tension, et de nouvelles avancées technologiques, la charte philosophique de la discipline est respectée.

C’est l’heure de vous exprimer ! Que pensez-vous de cette question cruciale ? Dites-le nous en commentaires !

 

D’après-moi, la Honda RC213V est la plus difforme de toutes. Mais est-ce que cela sera bien efficace ? Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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