L’Asie du Sud-Est n’est autre que le plus gros marché du
monde en ce qui concerne les motos. Bien sûr, la pratique
est différente par rapport à chez nous, mais les Sud-Asiatiques
n’en restent pas moins des grands fans de MotoGP, malgré qu’ils
soient plus portés sur les deux-roues légers, peu coûteux et
pratiques. D’ailleurs, DORNA et les équipes ne s’y
trompent pas : présentations en Indonésie, ouverture de
l’Asia Talent Cup en 2014, Grands Prix organisés
en Inde, en Thaïlande, mais aussi
en Malaisie et sur l’archipel
Indonésien. Bref, les plus hautes instances ne
négligent pas cette zone du monde en plein développement, et dont
les fans répondent présent même sous la pluie battante.
Pourtant, du côté des pilotes affirmés issus de cette fabuleuse
région du monde, le Thaïlandais Somkiat Chantra
est bien seul. Il y a quelques années en arrière, de nombreux
jeunes loups issus de ces pays jonchaient les grilles, notamment
dans les plus petites catégories. Que sont-ils
devenus ? Ensemble, nous allons nous pencher sur les carrières
de quelques uns de ces talents.
Avant tout, essayons de comprendre pourquoi ils sont moins nombreux
aujourd’hui qu’auparavant. La réponse est loin d’être évidente mais
le retrait progressif de Petronas, compagnie pétrolière
malaisienne, n’a pas aidé. De nombreux engagements étaient soutenus
par des entreprises de ce secteur, principalement
PTT (Thaïlande) et, plus récemment,
Pertamina (Indonésie). On dénombre seulement deux
équipes issus de l’Asie du Sud-Est, toutes catégories confondues. À
savoir CryptoData RNF Aprilia en MotoGP, et
Pertamina Mandalika SAG Team en Moto2. Aucune de
ces deux structures n’engage ne serait-ce qu’un seul pilote de
cette région du monde. C’est un élément de réponse. Maintenant que
les bases sont posées, concentrons nous sur les profils
sélectionnés.
I) Hafizh Syahrin
Comment ne pas débuter par le porte étendard de cette génération,
le seul à avoir accédé au MotoGP. Il est l’exemple typique de
l’aide qu’apportait Petronas aux pilotes du pays, via son team
Raceline Malaysia en Moto2. Le Malaisien se fit
remarquer avec une 3e place surprise à Sepang en 2012, en tant que
wildcard. Il progressa de nombreuses années durant pour devenir un
concurrent plus régulier au podium, et ce jusqu’à son passage en
MotoGP acté en 2017. L’adaptation chez Tech3 fut difficile,
et l’année 2018, cette fois sur KTM, n’arrangea rien.
Puis, un retour en Moto2 infructueux scella le destin de ce
sympathique et touchant pilote. En 2022, il a été aperçu en
Superbike, sans grand succès malheureusement, mais a été reconduit
pour 2023. Malgré un seul top 10 acquis en Argentine,
« El Pescao » laisse un bon souvenir à
tous les spectateurs.
II) Khairul Idham Pawi
Nous restons en Malaisie, cette fois avec celui dont personne n’a
oublié la victoire sensationnelle lors du Grand Prix
d’Argentine 2016 en catégorie Moto3. Pour son troisième
départ en mondial, Pawi avait ébloui la planète moto et s’était
imposé avec près de 26 secondes d’avance sur Jorge
Navarro. Il avait même réitéré avec un autre succès au
Sachsenring, dans des conditions similaires ! Un vrai
spécialiste de la pluie, comme on en fait plus. Malheureusement, un
passage peut-être trop hâtif en Moto2 un an plus tard ne l’a pas
aidé, même au sein de la prestigieuse écurie Idemitsu Honda
Team Asia, qui, comme Petronas, aide les jeunes talents
issus des pays émergents en plus des japonais. Après quatre années
de galère et un retour raté en Moto3, le voilà en Asia Road
Racing Championship catégorie Supersport, et il n’est pas
ridicule, avec deux podiums à son actif sur la campagne 2022.
III) Adam Norrodin
Lors du Grand Prix d’Argentine 2016, c’était lui qui
suivait Pawi, avant de chuter dans le dernier
enchaînement ! Entré en Moto3 grâce au Sepang Racing
Team, le Malaisien n’a jamais converti les attentes. Adam ne dégota
plus que quelques piges ici et là au sein de la formation Petronas
Sprinta Racing. Nous l’avons aperçu pour la dernière fois du côté
de Silverstone en 2021, en remplacement de Jake
Dixon. Son passage fructueux en Asia Superbike lui permit
de signer en WSSP pour 2023, chez Honda MIE.
IV) Zulfahmi Khairuddin
Cette fois, nous revenons quelques années en arrière pour parler de
l’un des pères de cette génération. Rappelez-vous ; il était
arrivé en 125cc pour la saison 2009 par le biais de l’équipe
Air Asia Malaysia. Ses quelques saisons passées
dans la plus petite des catégories étaient loin d’être ridicules,
notamment en 2012, où, fort de deux podiums chez Air
Asia-SIC-Ajo, il se classait 7e du général. Passé par le
championnat du monde Supersport en 2016 et 2017, il effectua un
retour raté en Moto2 pour le début de saison 2018 au sein du
SIC Racing Team, rapidement remplacé par
Niki Tuuli. Sa carrière prit fin à ce moment là et
depuis, il gère le développement de nouveaux pilotes
malaisiens.
V) Ratthapark Wilairot
Pour ce dernier profil, nous effectuons quelques centaines de
kilomètres et nous rendons en Thaïlande. Wilairot est l’un des
Sud-Asiatiques avec la meilleure longévité, même si les succès
n’ont pas suivi. Ses débuts au plus haut niveau remontent à 2006,
catégorie 250cc. Sponsorisé par le pétrolier PTT, il réalisa des
saisons correctes mais marquées par les absences jusqu’en 2016.
Entre temps, il avait participé au mondial Supersport, et
s’était même imposé chez lui, à Buriram, lors de la saison
2015.
S’ils sont moins souvent aux avant-postes à l’heure où ces lignes
sont écrites, on trouve encore quelques pépites, sans même parler
de Somkiat Chantra. En Moto3, il faudra surveiller
Syarifuddin Azman, l’un des principaux espoirs
malaisiens chez MT Helmets – MSI. Honda Team Asia
abrite un jeune indonésien de 18 ans, en la personne de
Mario Aji. Gardez un œil sur lui.
Avez-vous un bon souvenir de ces pilotes ? En attendez vous
d’autres ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport