Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de chaque
pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison du rookie
Fabio Di Giannantonio qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) La disparition
Le 2 mai 2021, Franco Morbidelli, vice-champion du
monde en titre, franchit la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Espagne
en troisième position. Une belle performance, certes aidée par le
syndrome des loges qui dans le même temps, frappait Quartararo. En
2020, « Franky » s’était démarqué par son grand sens de
la course et montait régulièrement sur la boîte. Puis plus
rien. Morbidelli a disparu des radars, purement et
simplement.
La raison principale ? Une vilaine blessure au
genou. Déjà touché au ranch, le mal s’amplifia lors de la
troisième séance d’essais libres du Grand Prix de France. Lors d’un
entraînement de changement de moto, son articulation lâcha purement
et simplement. C’était le début des ennuis. Quatre
courses horribles s’en suivirent, puis, l’arrêt, pour soulager ce
problème.
Après l’éviction de Maverick Viñales, il fut promu
pilote d’usine aux côtés de Fabio Quartararo, dans
la forme de sa vie. Mais dès la fin de saison, l’on se rendait
compte que ce n’était plus pareil. Aucun top 10 en cinq courses, et
un Franky toujours physiquement diminué.
II) « À 100% »
Puis vient la saison 2022. Tôt dans l’année, le champion du monde
Moto2 2017 signale à la presse qu’il revient « à
100 % ». D’ailleurs, en Indonésie, il coupe la
ligne en septième position, un résultat plus qu’encourageant.
Malheureusement, il ne terminera jamais plus haut.
Sur le plan comptable, le bilan est abyssal.
Morbidelli pointe à 206 points de son coéquipier (plus grande
différence dans le même team cette saison), avec 2,1 points par
course de moyenne et s’est même fait battre plusieurs fois par
Darryn Binder, pilote satellite. Il s’agit de la pire
saison complète – sans manquer une seule manche – d’un pilote
« officiel » depuis le rookie Sam Lowes chez Aprilia en
2017 (cinq points en 18 manches). Et encore, l’équipe Aprilia était
chapeautée par la formation Gresini Racing. Aussi;,non,
c’est du jamais vu dans l’ère moderne.
En piste, Franco Morbidelli commit de nombreuses erreurs, et
abandonna à cinq reprises. Il a souvent été averti et la course de
Sepang symbolise son calvaire : Alors qu’il devait effectuer deux
long-laps pour un incident dont il était responsable plus tôt dans
le weekend, il trouva encore le moyen de s’accrocher avec Aleix
Espargaró dans les derniers instants, impliquant une nouvelle
pénalité de temps. Ce fait de course lui vaudra des mots acerbes de
la part de l’Espagnol, un habitué des sorties dans la presse :
« Je ne sais pas s’il est d’ici ou d’une autre
planète ».
III) Rebondir
Il s’agit d’un excellent pilote qui n’a plus le mental, d’après les
dires de son équipe. Il existe tout de même un motif d’espoir, à
savoir la fin de saison correcte et paradoxalement, Sepang, sans
doute sa meilleure épreuve cette année. Il n’a jamais été en mesure
d’aider « El Diablo » dans la course au
titre, et doit d’ores et déjà réfléchir à une porte de
sortie pour 2024.
La Yamaha YZR-M1 est l’une des deux pires machines pour engranger
de la confiance. Pourtant, c’est le tour de force que devra
réaliser Morbidelli cet hiver. Se reposer, d’une part, et essayer
de se raccrocher à son progrès tardif mais réel. Nous pensons qu’il
peut revenir dans une forme correcte en 2023, même si nous doutons
sérieusement de sa capacité à retrouver une vitesse suffisante pour
rivaliser avec les meilleurs. En revanche, il peut parfaitement
éviter de forcer jusqu’à commettre des erreurs évitables, tout seul
ou avec des autres pilotes. Dans le même temps, Fabio a
légitimement pris la tête des opérations chez Yamaha. Avec
une machine plus orientée pour Quarta’, l’Italien a le talent brut
pour s’en sortir et accrocher plus régulièrement le top
10.
Conclusion :
Sa saison, l’une des pires pour un pilote d’usine en 73
années de Grands Prix, est plus que décevante. Une
blessure physique peut engendrer un blocage profond, c’est un fait
étudié depuis des décennies par les chercheurs et psychologues.
Mais la petite amélioration de fin de saison est néanmoins
encourageante. Ceci dit, nous pensons tout de même que
Franky peinera en 2023, et sera déjà heureux de jouer des top 10
plus régulièrement, pour espérer rebondir dans une équipe satellite
de milieu de grille en 2024. Nous espérons de tout cœur
qu’il nous fasse mentir et qu’il retrouve son dynamisme de 2020,
mais deux saisons, à l’échelle du très haut niveau, représentent
une période immense.
Qu’avez-vous pensé de sa campagne et surtout, que prévoyez-vous
pour lui dans les années à venir ? Dites-le nous en
commentaires.
Photo de couverture : Michelin Motorsport