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où est passé

Récemment, je me baladais sur la page Wikipédia qui traite des principaux records de l’histoire des Grands Prix. Et je suis tombé sur le nom d’un pilote qui m’était totalement sorti de la tête : où est-il passé ? Il est temps de se pencher sur son cas, car son histoire est assez incompréhensible.

 

Un record, et pas des moindres

 

Je vous parle du plus jeune vainqueur de l’histoire des Grands Prix moto, rien de moins. Qui est-ce, selon vous ? Marc Marquez ? Jorge Lorenzo ? Scott Redding ? Et bien non, il s’agit de Can Öncü, à 15 ans et 115 jours. Étant donné que l’âge minimum est aujourd’hui fixé à 17 ans, il pourrait bien garder ce record pour toujours.

 

où est passé

Je le trouve très charismatique avec ses cheveux longs.

 

Sélectionné par Red Bull KTM Ajo pour faire une wild-card à Valence fin 2018, Can Öncü surprit tout le monde en s’imposant, collant quatre secondes au champion du monde Moto3 Jorge Martin sous la pluie ! Fabio Di Giannantonio était à 13 secondes, Enea Bastianini à 14. Il était loin d’être un inconnu, puisque le Turc avait été très bon en 2017 dans le championnat d’Espagne CEV, avant de remporter la MotoGP Red Bull Rookies Cup en 2018. Nous avions là un futur crack… et pourtant, rien ne s’est passé comme prévu.

Cette victoire en wild-card sans jamais avoir roulé dans la catégorie auparavant est un fait inégalé dans l’histoire récente. Même Pedro Acosta n’a pas remporté son premier Grand Prix, et encore moins Marc Marquez. Forcément, Aki Ajo l’engagea en tant que pilote titulaire pour la saison 2019. Et puis, plus rien.

Il ne termina dans les points qu’à trois reprises sur l’année, sans jamais se démarquer, même sur le mouillé. Pire, il se blessa en cours de saison, ce qui précipita son départ du Championnat du monde. Je trouve ça assez incroyable qu’une performance historique n’ait rien donné, pas même un autre podium. Et le pire, c’est que la suite n’est guère plus joyeuse.

Cet unique triomphe lui permettra de figurer dans les livres d’histoire pendant un bon moment. Par ailleurs, il devint également le deuxième plus jeune pilote à figurer sur le podium d’un Grand Prix, derrière Ivan Palazzese.

 

Direction le Supersport

 

Il se dirigea ensuite vers le Supersport, qui est l’une des portes de sortie pour ceux qui échouent en Moto3 et Moto2. Sur la grille, vous retrouvez Jaume Masia, Niccolo Antonelli, Stefano Manzi, Kaito Toba, Jeremy Alcoba… que des noms que vous connaissez. Pour la saison 2020, Can s’est trouvé un guidon Kawasaki. Il mit longtemps à s’y adapter, et dut attendre 2023 pour sa première victoire, qui s’accompagna d’une nouvelle blessure beaucoup plus grave suite à un énorme accident à Assen. Il revint de nouveau en 2024, mais, là encore, fit un détour par l’infirmerie.

Puis, il débuta l’année 2025 avec l’équipe Yamaha Blu Cru Evan Bros Racing. Et le Turc s’est imposé récemment, à Portimao, avec la pole et le meilleur tour en course ! Il est pour l’instant bien classé et restera peut-être dans la course au titre. Finalement, il ne s’en sort pas si mal malgré sa santé fragile, mais c’est clair que, si l’on met son palmarès en Supersport à côté de sa victoire en Moto3 et en Red Bull Rookies Cup, la comparaison est douloureuse. Entre-temps, nous avons découvert son frère Deniz, animateur de la catégorie Moto3 désormais passé en Moto2 – sans grand succès à l’heure où j’écris ces lignes.

 

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Deniz, son frère, est très spectaculaire. Photo : Red Bull KTM Ajo

Pourquoi ?

 

Effectivement, sa saison 2019 n’était pas très bonne. Mais pourquoi un pilote comme ça s’est-il retrouvé sans guidon aussi rapidement, à seulement 16 ans ? Loin de moi l’idée de vouloir émettre des théories complotistes, mais je pense sincèrement qu’un Espagnol ou un Italien n’aurait pas été snobé de la sorte, même après un mauvais exercice. Prenez Stefano Nepa, par exemple. Il n’a marqué que quatre points lors de sa première saison, et n’est encore jamais monté sur le podium depuis son accession en mondial début 2018. Aujourd’hui, même s’il n’est pas une menace pour les leaders, c’est un pilote respectable, car il a eu le temps de s’y faire. Pour information, Can Öncü est bien plus jeune que Nepa. Regardez les résultats de Riccardo Rossi au début de sa carrière ; j’ai beaucoup d’exemples. Ce cas illustre parfaitement la cruauté du très haut niveau.

Je ne cite pas ces pilotes pour dire qu’ils ne méritent pas, que cela soit bien clair. Simplement, j’ai l’impression que Can Öncü avait beaucoup de potentiel, mais qu’on devait lui laisser le temps de se perfectionner. On sait que le management KTM est dur avec ses pilotes, cela n’a sans doute pas aidé.

Cependant, j’aimerais beaucoup savoir comment les frères Öncü sont managés. Il a déclaré, dans une interview récente, que Kenan Sofuoğlu s’occupait de tout, décidait de tout. On peut y voir une faille, mais je ne vois pas pourquoi Kenan, ancienne gloire turque, mettrait des bâtons dans les roues de ses protégés. Apparemment, Sofuoğlu « le terrible » n’est pas un tendre. Il n’a pas hésité à rappeler son poulain à l’ordre quand ce dernier sortait trop faire la fête.

Can n’a que 21 ans : peut-être espère-t-il un retour en Moto2 sous peu. Après tout, on voit de plus en plus d’excellents pilotes Moto2 qui n’ont pas suivi le parcours classique, tant il est devenu difficile pour les prodiges de passer du Moto3 à la catégorie au-dessus.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de lui. Suivez-vous ses exploits en Supersport ? Pensez-vous qu’il puisse revenir au plus haut niveau vu son âge ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Ça fait du bien de le revoir sur la plus haute marche du podium. Photo : Evan Bros Racing

Photo de couverture : KTM Red Bull Ajo

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